Vézère a écrit :
Je pense que les scouts d'Europe sont "traditionnels" en leur pratique en ceci qu'il doivent peu ou prou reproduire... l'expérience que vous avez vécue et décrite, tout simplement! à la différence près des changements législatifs, évidemment. J'imagine par exemple que le nombre d'adultes obligatoire à été augmenté.
Non les Scouts d'Europe sont restés fidèles à la pratique traditionnelle du scoutisme. Tout d'abord une forte insistance sur la pratique religieuse, les prières le soir, l'aspect patriotique, le drapeau national, etc... (Vous avez pu comparer les textes respectifs de la "loi scoute" donnés par Jérôme, l'écart est flagrant : on est là dans la vieille France.)
Concrètement il y a deux différences essentielles : l'uniforme tout d'abord, des pieds à la tête chez eux, en beige, avec - de mémoire - un chapeau digne de Baden Powell, mais surtout ils sont organisés à l'ancienne en "patrouilles" comprenant toutes les tranches d'âge : des plus jeunes aux plus âgés - disons de 10 à 16 ans.
Aux Scouts de France on nous les désignait comme des fachos, qu'on étiquetterait aujourd'hui "la manif pour tous", en tous cas très traditionnels sur ce plan aussi. Et peut-être une certaine sélection sociale, le prix d'un uniforme complet, avec des rechanges, n'est pas à la portée de toutes les bourses.
En pratique le culte de l'autorité et le fait de mêler tous les âges peut mener à une dérive que j'ai constatée : au cours d'une rando près de Thones, pour aller grimper la Tournette (et sa vue superbe sur le lac d'Annecy) nous sommes tombés tôt le matin sur un camp de Scouts d'Europe. Intéressé je me suis arrêté à bavarder. Cette patrouille était en train de nettoyer les gamelles de la veille et du matin. Et c'était très clair : il y avait quatre petits menés à la baguette par un plus grand, qui lui ne branlait rien, et donnait des ordres en leur criant dessus, genre :"C'est pas assez propre, recommence !"
J'en ai tiré deux conclusions : comme d'habitude, l'accent mis sur l'autorité et la discipline pousse en avant les chieurs. Et ensuite, c'est moins fatigant de faire la Tournette depuis le col de la Forclaz et le chalet de l'Aulp : en partant du niveau zéro on s'est appuyés 8h de rando, j'étais fracassé en redescendant. Mais ça n'a aucun rapport.
Citer :
Les scouts de France, au tournant des années 60, comme bien d'autres secteurs de la société, ont souhaité explorer de nouvelles pistes, si je comprends bien. Ce serait intéressant 50 ans après de regarder les effectifs des différents mouvements, pour voir ce qui a le mieux marché.
L'expérience que j'ai vécu aux Scouts de France a été très différente des Scouts d'Europe, je pense.
Encore que la première année, petit louveteau, nous étions encore en uniformes complets et nos cheftaines, filles de militaires, nous mettaient en rangs par sizaine pour la cérémonie du lever des couleurs, avec
le chant des couleurs. Mais comme par ailleurs c'était des filles géniales, qui maintenaient une ambiance super sympa avec des activités passionnantes, on n'en faisait pas une histoire.
ça valait bien une messe en plein air, d'autant que l'aumônier faisait très bien le cri du dahut dans les chasses nocturnes !
Je crois que la rupture, outre un accent moins prononcé sur la religion et la patrie, c'était le fait de grouper les Scouts par tranches d'âge : les petits Louveteaux, puis les Rangers, les Pionniers, et les Routiers pour les jeunes adultes. (Et l'équivalent chez les filles.) Une fois Pionniers nous ne sommes jamais devenus Routiers, parce que d'accord avec les filles nous avions demandé que la troupe soit mixte. Refus très net. C'est ainsi que j'ai quitté les Scouts...
(J'ai le fils d'un copain, à Belfort, qui est dans un troupe mixte au même âge : "times they are a'changing" !)
Pour ma seconde année de louveteaux, révolution culturelle : un groupe d'adulte a repris toute la troupe, supprimé le drapeau au mat et le lever aux couleurs, réduit les uniformes à la chemise et au foulard, et supprimé la prière quotidienne, ce dont personne ne s'est plaint. (Nos cheftaines ulcérées ont claqué la porte, ce que j'ai regretté.)
Il m'arrive en ville de croiser des Scouts en grand uniforme, avec la jupette pour les filles, sauf erreur, et je pense qu'il y a un certain retour à cette pratique originelle. Perso je suis contre, si nos chefs l'avaient réduit à la chemise et au foulard c'était aussi à cause de son coût, qui représente une charge pour certaines familles. Or il n'est écrit nul part que les Scouts sont réservés aux fils de bourges...
Sur les contraintes réglementaires, je ne suis pas persuadé que nous étions sous encadrés, en revanche aujourd'hui il est interdit - et de toute façon les parents hurleraient - de faire des marches de nuit ou de lâcher un groupe de Scouts 3 jours en autonomie. (Surtout en pleine Autriche !) Bref, nous vivons une époque formidable...
Un de mes plus beaux souvenirs est une chasse au dahut (nocturne, donc) où je faisais le dahut - avec 3 copains - en bramant comme un âne tous les cent mètres dans la forêt. Ce serait donc interdit aujourd'hui ? Le progrès fait rage !