Parmi les plus éminents historiographes de l’histoire ancienne de l’Afrique, on trouve des Africains :
-
Mahmud al-Kati, un erudit Nègre de Tombouctou ayant vécu entre le XVe et le XVIe siècle, neveu, conseiller et trésorier de l'Askia Mohammed, le premier Souverain de l'Empire Nègre du Songhaï. Al-Kati commença la rédaction de son fameux
"Tarikh es-Fettash" en 1590.
-
Abderrahman es-Sâdi (1596-1656), un autre érudit Nègre de Tombouctou, qui a écrit le
"Tarikh es-Soudan". Son érudition était telle qu'il fut nommé Imam de la mosquée de Sankoré à Tombouctou. Au chapitre X de cet ouvrage, Es-Sâdi donne des éléments biographiques de « dix-sept savants de Tombouctou avec l’indication de toutes les matières qu’ils avaient assimilées. […] L’un d’entre eux, le célèbre
Ahmed BABA aurait laissé plus de 700 ouvrages. »
Lui-même Es-Sâdi eut pour maître un autre savant nègre, Mohammed Ben Mahmoud Ben Abou Bekr, dont il dit ceci :
Abderahman es-Sâdi a écrit :
Pour tout dire il fut mon professeur, mon maître et personne ne m'a été aussi utile que lui, soit par lui-même, soit par ses livres [...]. Il m'a délivré des diplômes de Licence écrits de sa main sur les matières qu'il enseignait suivant sa méthode ou suivant celle d'autrui. Je lui ai communiqué un certain nombre de mes ouvrages; il y a mis de sa main des annotations flatteuses pour moi; il a même reproduit les résultats de certaines de mes recherches et je l'ai entendu en citer quelques unes dans ses leçons, ce qui prouve son impartialité, sa modestie et son respect pour la vérité en toute circonstance.
La méconnaissance de ces faits peut contribuer à se demander (naïvement ?) si l’Afrique a une histoire ; outre d’autres motivations moins avouables…
A ce jeu là, dans quelques siècles on pourra encore se demander si l’Afrique actuelle a une histoire. Celle-ci étant écrite principalement par les Africanistes (spécialistes non-africains des études africaines), dans des langues et écritures non-africaines.
Ce serait alors faire fi des contributions si décisives des James Georges, Anta Diop, Ki-Zerbo, Van Sertima, Rashidi Runoko, Asante Molefe, Théophile Obenga, Walter Rodney, Elikia M’Bokolo, etc.
En outre, la définition d’histoire circonscrite à l’étude d’événements du passé consignés par écrit ne satisfait pas tout le monde. Elle peut être légitimement récusée par ceux dont le passé n’est pas conservé exclusivement par des documents écrits. Non seulement ceux-là sont les plus nombreux, mais encore les occurrences où les documents écrits foisonnent sont PARTOUT l’exception.
En tout cas, pour moi, l’histoire réside dans la conscience
vivace du passé. Cette vivacité pouvant être entretenue par des méthodes de conservation notamment scripturaires, orales, tégumentaires, etc.
Bref,
non seulement l’Afrique a une histoire, mais celle-ci est inaugurale ; quoiqu’elle ne soit pas toujours accessible par des documents écrits. Ceux-ci n’en existent pas moins ici qu’ailleurs, même sur des supports souvent insoupçonnés : l’os d’Ishango est le plus ancien document mathématique connu, il est daté de -20000 ans. Les manuscrits de Tombouctou se comptent en dizaines de milliers encore inexploités historiographiquement. Des documents en écriture méroïtique restent encore indéchiffrés. L'immense documentation écrite en medju ntjr est très largement sous-exploitée. Toutes choses laissant à penser que cette histoirte de l'Afrique réserve encore bien de surprises...