Il y a déjà plusieurs sujets sur l'Alsace-Lorraine et sur Bismarck...
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J'ai souvent lu que Bismarck était opposé à l'annexion de l'Alsace-Lorraine (comme il avait été opposé à l'annexion des territoires autrichiens après la guerre de 1866), et que c'est l'état-major prussien qui lui aurait forcé la main.
Cela paraît tout simplement stupéfiant !
Bismarck est l'auteur, sinon l'initiateur, de l'unité allemande et donc de l'annexion des territoires de culture germanique dans l'Empire.
A noter que la Prusse n'a pas annexé de territoire autrichien en 1866, mais a demandé à l'Autriche une somme de 40 millions de thälers.
Avec certains débris de principautés et certaines annexions faites en Allemagne du Nord, Bismarck forma la Confédération d'Allemagne du Nord en 1867. Une Confédération au Sud se forma aussi, mais ses membres respectaient le
Zollverein, les liant avec les autres Etats d'Allemagne, et avaient conclu avec la Prusse une alliance défensive - plus ou moins imposée - après 1866 (le Wurtemberg et la Bavière avaient soutenu l'Autriche dans son exécution fédérale contre la Prusse et avaient été battus).
Ce qu'il manquait à Bismarck pour unir les deux confédérations était une guerre contre un ennemi commun au peuple allemand. La réaction pleine d'orgueuil du gouvernement impérial français à la dépêche d'Ems et sa déclaration de guerre à la Prusse fît le reste...
Bismarck voulait l'Alsace et la Lorraine germanophone pour unir et cimenter cette unité culturelle et "historique" (cette région était prévue comme "terre de colonisation" pour les Allemands du Sud).
Reste la partie francophone de Metz... Cette cité était à la fin du XIXème siècle une des plus grosses garnisons d'Europe. Il ne fallait surtout pas la laisser aux Français pour le chancelier de Fer.
Il n'a jamais été forcé par les militaires en quelque occasion que ce soit. Au delà de l'unité de tous les "germains" à l'Ouest du Danube, il souhaitait tout d'abord remédier à une crise constitutionnelle en Prusse, qui durait depuis 1862. Guillaume Ier et son chancelier étaient en proie à une farouche opposition du
Landtag prussien, qui se servait de l'arme budgétaire contre leur gouvernement. La nouvelle Condération d'Allemagne du Nord, puis l'Empire en 1871 ont pu diluer le
Landtag dans de nouveaux cadres institutionnels, ce qui le rendait en réalité impuissant et lui retirait sa possibilité de jouer avec l'arme budgétaire.
Les objectifs de Bismarck ont été multiples, mais dès qu'ils ont été exécutés, il se montra alors très modéré, voire pacifique, en politique extérieure.
Bien à vous,
duc de Raguse.