"Le mot al-Qur'an (traditionnellement transcrit "Coran"), qui procède d'une racine attestée dans les plus anciens éléments de la prédication de Mahomet, semble exprimer l'idée d'une "communication orale", d'un "message" transmis sous forme de "récitatiion à voix haute". Cette triple notion, par sa complexité même, caractérise l'état premier d'une "révélation" verbale, qui ne reçut que lentement la sanction de l'écriture et ne fut fixée en un "livre" que près d'un demi-siècle après la mort du prophète de l'islam. Dans la forme qui se trouva dès lors reconnue et qui est demeurée immuable depuis treize siècles [et non pas depuis 200 ans], le Coran est composé de 114 hcapitres, ou sourates (de l'arabe al-sura), subdivisés en versets (ayat) et classés selon un ordre de longueur décroissante, mode de classement qu'on retrouve en plusieurs types de recueils poétiques ou philologiques constitués dans le monde sémitique [le même ordre est adopté dans la classification des épitres dans le Nouveau Testament]. Cette ordonnance purement formelle a posé dès l'origine des problèmes délicats aux musulmans soucieux de commenter et d'interpréter le texte "révélé" : elle ne correspond, en effet, ni à un classement par matières, ni à un classement chronologique.[...] Abu Bakr, beau-père du prophète et son premier successeur sous le titre de khalife (lieutenant), fit procéder, pendant les deux années de son pouvoir (632-634), à des recensions qui permirent la formation de collections plus vastes, sinon plus cohérentes, que les premiers recueils individuels. Toutefois, la fixation d'un texte unique, tenu pour seul recevable, ne fut opérée que sous le troisième khalife, 'Utman, entre 644 et 656 de l'ère chrétienne, soit un quart de siècle après la disparition de Mahomet. Selon la tradition, tous les exemplaires connus de recensions divergentes furent alors détruits. [...] La vulgate établie par 'Utman représente, pour tous les musulmans, le texte de la "Révélatiion" dans son originale authenticité". (éléments glanés dans le Dictionnaire de l'Islam, religion et civilisation, Encyclopaedia Universalis, Albin Michel, 1997).
Toute version différente de cette versiion "officielle" est considérée comme erronée et fallacieuse et, comme telle, susceptible d'être interdite, voire détruite. En outre, c'est le seul texte en ARABE qu'il est légitime d'utiliser. Les différentes traductions en langues vulgaires ne peuvent en aucun cas servir à l'usage religieux. Tous les musulmans doivent prier en ARABE et lire ou citer le Coran en ARABE (même les Indonésiens, qui représentent la communauté musulmane la plus nombreuse à l'heure actuelle, sont tenus de prier en ARABE, en dépit du fait que l'ARABE N'EST PAS LEUR LANGUE VERNACULAIRE et que la plupart sont incapables de le parler... C'est comme si, dans l'Eglise, une seule langue (GREC ou LATIN) pouvait être utilisée dans les offices liturgiques ou même dans les formes de dévotions privées... (alors que, même à l'époque de la prédominance du latin dans la liturgie romaine, d'autres langues [grec, copte, arabe, syriaque, arménien, chaldéen, slavon, etc.] étaient officiellement utilisées dans diverses liturgies orientales).
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