Citer :
Je crois, qu'au moins ses débuts, le mode de vie néolithique (ou la sédentarisation) a offert un avantage à ceux qui l'ont adopté.
La sédentarisation n'est apparemment plus synonyme de néolithique, donc précisons bien.
Le mode de vie néolithique, au minimum, ne constituait pas un inconvénient, sinon il aurait disparu. (C'est pour ça que j'ai tendance à supposer que des tentatives de production de nourriture ont pu être tentées bien plus tôt mais échouer faute d'une maîtrise suffisante pour que ça marche d'une manière significative. Mais c'est tout à fait gratuit, ce genre de chose ne laissant aucune trace). Par contre, l'avantage apporté devait être plutôt mince et surtout très variable.
Dans le pourquoi de l'adoption et de la diffusion, il ne faut pas négliger la dimension culturelle, justement parce qu'on ne parle pas d'animaux concurrents, mais aussi d'hommes, qui sont entrés en contact, se sont partagé l'espace et ont effectué des échanges. La façon dont la néolithisation rend très difficile tout retour en arrière a déjà été évoquée, c'est un premier point important. Voilà donc une population présentant sur le long terme une dynamique de population positive - en dépit d'aléas qui devaient éclaircir périodiquement les rangs - qui n'a pas d'autre choix que de perpétuer le mode de vie de ses pères, même si c'est un mode de vie de crève-la-faim aussi, et cela même implique de coloniser de nouvelles terres, car la ferme paternelle ne peut évidemment nourrir un nombre toujours croissant de descendants. Quelle a été la réaction des mésolithiques ? L'attrait de la nouveauté est certes exacerbé à notre époque de "progrès" et de marketing, mais c'est tout de même quelque chose qu'on retrouve tout au long de l'Histoire, dans de nombreuses populations. Des Mésolithiques ont très bien pu être séduits par le beau village qu'ils ont eu l'occasion de visiter à l'occasion d'un échange, le grenier bien rempli, le gibier bien au chaud dans l'enclos, et se lancer, eux aussi, sans avoir fait - les monstres ! - d'étude de faisabilité, ni d'étude d'impact, bref sans être en mesure de calculer l'ampleur de l'avantage - ou pas ! - apporté par ce nouveau mode de vie, dont ils avaient surtout vu les beaux côtés.
Qui sait, si on transpose à cette époque les conflits dont tant de sociétés antiques, médiévales et modernes nous donnent l'exemple, peut-être y a-t-il eu de nombreux palabres entre "progressistes" et "réacs" du genre de ceux que Roy Lewis imagine avec humour dans "Pourquoi j'ai mangé mon père" à propos de la révolution d'avant, celle de la maîtrise du feu ! Tant la néolithisation n'est pas un simple changement d'habitudes ou de techniques mais aussi une révolution conceptuelle, spirituelle, qui a dû faire brasser dans les têtes... Brûler la forêt pour planter des graines ? Pour celui qui vénène la forêt nourricière qui n'a jamais manqué au rendez-vous, ça ne se décide pas à la légère.
Sur ces points, nous ne pouvons pas savoir : je pense qu'il nous faut juste éviter de négliger l'existence de paramètres de ce genre et ne pas mécaniser à l'excès ce qui s'est passé.
Enfin, pour répondre à jimi qui souligne que la néolithisation "est encore là" : ce n'est pas parce qu'elle a permis ce que nous avons sous les yeux en termes de prospérité matérielle incroyablement supérieure qu'il faut postuler que d'emblée, il y avait un gain énorme. Ceux qui se lançaient là-dedans pouvaient se dire, comme le personnage de Roy Lewis : "les possibilités sont prodigieuses", et pourtant, être venu au monde beaucoup trop tôt pour voir la réalisation de ces possibilités.
Citer :
Il serait à present peut etre judicieux de s'interroger sur les facteurs qui determinent pourquoi le premier foyer du Neolithique aurait eu lieu dans le moyen-Euphrate il y a environ 10 ou 11 000 ans et non dans une autre région ou sur un autre continent.
Il y a déjà eu un certain nombre de réponses, notamment l'environnement plutôt ouvert que forestier, qui a habitué les populations à la récolte des graminées sauvages, transition vers le semis d'un champ, mais aussi plus pauvre en termes de ressources offertes à la chasse et à la cueillette qu'une forêt tempérée, ce qui devait aiguillonner les recherches de solutions nouvelles. Enfin, la présence d'espèces végétales et animales se prêtant à la domestication : herbivores grégaires, prairiaux, de taille modérée (essayez donc de domestiquer un cerf ou un aurochs. C'est faisable, mais il vaut mieux commencer par plus simple...)