Citer :
La polygamie est naturelle.
Pas plus "naturelle" que la polyandrie, juste plus répandue.
Citer :
L'homme, à l'état de nature, convoite le maximum de femmes. "
Il n'y a pas d'état de nature de l'homme, l"homme vit en société partout, chaque société aussi primitive qu'elle nous paraisse, est organisée sur la base de règles, de normes, de croyances, de prescriptions et d'interdits complexes.
Citer :
Enfin, on peut penser que dans les temps préhistoriques, les femmes étaient plus nombreuses.
Biologiquement, la femme est plus forte. Le mâle était rare. Du moins celui qui parvenait à l'âge de procréer.
C'est une légende, le fait que la plupart des sociétés aient accordé plus de valeur aux hommes qu'aux femmes n'est pas du à leur rareté numérique, mais au fait que leur force physique supérieure les rendait plus utile à la survie de la tribu.
En fait, dans tous les groupes humains, le taux de naissance masculines excède celui des naissances féminines: hors toute pratique d'avortement sélectif, il nait 107 garçons pour 100 filles. Cette disproportion ne fait que s'aggraver dans les sociétés traditionnelles quand les femmes arrivent à l'âge adulte, du au fait que leur mortalité suite aux grossesses y est importante et qu'il est rare que la mortalité masculine due aux guerres le soit autant.
Jusque vers le milieu du XIXème siècle, les femmes mouraient nettement plus jeunes que les hommes en moyenne en Europe, cette courbe s'étant inversée récemment en fonction du développement des méthodes empiriques de contrôle des naissances et de l'encadrement médical de l'accouchement. Encore de nos jours, environ 500 000 femmes meurent chaque année suite de grossesses dans les pays en voie de développement.
La polygamie n'est donc nullement due à la rareté des hommes par rapport aux femmes, elle ne concerne d'ailleurs que les hommes riches et relativement âgés, qui "capitalisent" les femmes comme ils capitalisent les richesses, ceci au détriment des hommes plus jeunes et pauvres, qui parfois ne trouvent pas de femmes ou doivent se contenter d'esclaves.
Dans les sociétés indiennes d'Amérique du Nord que j'étudie, la polygamie ne concerne que les chefs et les dignitaires, et le désir sexuel n'est qu'un des motifs, et pas nécessairement le plus important de cette pratique:
avoir plusieurs épouses, c'est surtout avoir à sa disposition une force de travail importante pour s'occuper de la maison, cultiver la terre, tisser, cueillir, piéger, pêcher, tanner les peaux de bison, etc.
Avoir plusieurs femmes, c'est avoir plusieurs esclaves qui travaillent pour vous, comme tel c'est une source d'enrichissement.
Pour accroître le nombre de bras travaillant à leur service, et comme le nombre de femmes de leur tribu dont ils pouvaient ainsi s'approprier la force de travail en les épousant était trop limité, les leaders enlevaient systématiquement des femmes de tribus ennemies, ou des blanches; sinon, vu le nombre limité des femmes de leur propre tribu, la pratique de la polygamie n'aurait pas pu prendre beaucoup d'extension.
Cette pratique d'enlèvement des femmes a d'ailleurs contribué à la disparition de certaines tribus vassalisées et numériquement peu importantes.
La pratique de la polygamie est donc liée assez généralement à celle de l'esclavage.