Concernant l'approche plasticienne en apparence inutile, donc potentiellement artistique des premiers hommes, on relève dès 1,4 à 1,2 million d'années une série de lignes parallèles gravées dans un os de bovidé en Bulgarie (2004, S&A 687, 15).
L'ocre broyé est utilisé en 300.000 av. J.-C. (2000, Histoire de l’humanité – « De la préhistoire aux débuts de la civilisation ») et, de manière tout aussi intéressante, l'homme ramasse en Angleterre, vers 200.000 av. J.-C., des fossiles (1982, À la recherche du passé) pour les exploiter de manière délibérément esthétique :
- hache biface acheuléenne en silex décorée d’une valve de bivalve Spondylus spinosus du crétacé supérieur, taillé de façon que la coquille soit juste au milieu ;
- biface acheuléen en silex décoré d’un oursin Conulus ;
- outils faits de coraux fossiles inclus dans du chert, dont l’affleurement le plus proche était à 200 km)
Le plus vieil art pariétal se trouverait en Australie et daterait de 76.000 av. J.-C. (1997, S&A 605, 10).
Des motifs géométriques ornent deux blocs d'ocre rouge en Afrique du sud vers 73.000 av. J.-C. (2002, S&A 660, 23 ; 2002, S&V 1014, 28), associés à 41 coquillages de grande taille (relativement difficiles à collecter) appartenant à l’espèce de gastéropode Nassarius kraussianus, présentant des perforations et des usures semblables indiquant qu’ils auraient été portés peut-être à la manière d’un collier de perles (2004, S&A 687, 15).
Le plus vieil instrument de musique retrouvé est une flûte en fémur d’ours percé, datant de 65.000 à 41 000 av. J.-C. et pouvant jouer 4 notes (1997, S&A 605, 18).
Autant dire que, pour ce que nous en savons, et devant la possibilité de destruction de très nombreuses productions artistiques (supports ou pigments détruits, l'art pariétal retrouvé étant préservé des dégradations mécaniques et de la lumière solaire qui efface les pigments), les artistes de Chauvet avaient de nombreux prédécesseurs et des centaines ou des dizaines de milliers d'années de pratique derrière eux.
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