Oui je pense que l'identité est un des domaines où l'auto-détermination prévaut: seule la personne concernée peut vraiment désigner son appartenance à un groupe donné. S'il s'agit d'attribuer une identité arabe à une tierce personne, nous nous devons d'être précis et de qualifier les termes au maximum, par exemple de dire que dans un texte donné, par "arabes", nous signifierons simplement "arabophones", ou "habitants de la péninsule arabique", ou au moins passer un paragraphe à qualifier ce que nous entendons par "arabe".
Sur le débat au Liban, un article:
https://www.lorientlejour.com/article/658785/Arabes_ou_Pheniciens__La_question_persiste_pour_les_Libanais.htmlUn autre exemple, égyptien cette fois:
http://amazigh24.ma/mgr-merkes-legypte-nest-pas-arabe-elle-est-copte-et-amazigh-video/On comprend que le terme et la question sont éminemment politiques. Au sujet "d'appliquer la qualité d'arabe a plus de monde qu'il ne faut" (votre expression), je disais que cela peut venir de plusieurs motifs:
- le premier est l'ignorance, tout simplement: l'ignorance des nuances et de la diversité de ce "monde arabe", en réalité souvent utilisé pour "monde arabophone" (et sans différencier les langues) ou tout aussi souvent pour "monde musulman", ou encore pour "Moyen Orient", parfois indifféremment. Aux siècles passés, la licence littéraire autorisait l'emploi de termes chargés d'exotisme et d'orientalisme, presque indifféremment: "arabes", "Mahométans", "Maures", "Sarazins", "Turcs", Orientaux, etc. Un historien, surtout au XXIe siècle, peut et doit regarder de près la diversité.
- le second cas concerne les citoyens de ces pays: qui, au Liban ou en Egypte dit "les Egyptiens sont arabes" ou " les Libanais ne sont pas Arabes"? La définition devient politique. Comme le mentionne l'article ci-dessus, l'idéologie pan-arabe a été cultivée par de nombreux gouvernements successifs dans la région. C'était l'idéologie de Nasser, mais aussi de nombreux prédécesseurs et successeurs de Nasser (qui voulait que l'Egypte et la Syrie ne soient qu'un, par exemple).
- l'Arabie Saoudite, puisque elle est au centre de "l'arabité", a pris le relais, notamment avec une politique d'encouragement de l'arabisation, au-delà de ses frontières, qui passe par la langue et la religion.
- on pourrait ajouter que l'application du terme "arabe" hors de la péninsule, renvoie parfois à l'identité religieuse, notamment au Liban ou en Egypte. cf articles ci-dessus (et la vidéo, instructive sur les sentiments d'identité arabe).
Une devinette historique rigolote: l'obélisque de la Concorde, a-t-il été donné à la France par "les Arabes", "les Egyptiens", ou "les Turcs"? ça ne fait pas rire les Egyptiens, mais la plupart des gens pensent que la réponse est: les Egyptiens.