Carefor a écrit :
Oui mais en 1882 on comptais 3 millions d'algeriens dont 1,2 millions de berbèrophones donc 55 % arabophones pour 45 % de berbèrophones.
J'ignore d'où tenez-vous ces chiffres ? A ma connaissance le premier rescensement complet date de 1911 et il coincide avec la première étude complète sur la question éthno-linguistique chez les musulmans d'Algérie ("Enquête de Doutté et Gautier sur la répartition des populations indigènes selon les langues parlées") et qui donne, pour être prėcis, 3.141.419 arabophones et 1.305.730 berbérophones. Donc, si l'on admettait les données que vous évoquez, la population musulmane aurait augmenté d'un 1/3 en 30 ans (ce qui est déja problématique vu le niveau de croissance des années 1880) mais sans que la partie berbérophone n'ait bougé, et c'est d'autant plus étrange qu'une étude comparative sur la natalité (Demontès) affichait, en 1923, un taux de fécondité supérieur dans le département de Tizi-Ouzou (Kabylie) que celui de Médea (Titteri) ? Que s'est-il passé au juste ?
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... La colonisation ottomane a connu une arabisation poussée avec notamment l'installation d' arabophones parmis les tribus berberophones pour mieux les contrôler ...
Le rėgime ottoman comptait son makhzen dans toutes les régions de la Régence, que ce soit parmi les tribus arabes ou berbères. Le facteur éthnique ou linguistique n'avait aucun rôle dans l'équation.
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Cette arabisation a touché notamment l'Ouarsenis et le Dahra entre Alger et Motaganem, le pays Kutama entre Jijel et Skikda (Nord-Constantinois), probablement le nord Tlemcenien également.
Concrètement, pourriez-vous indiquer quelles furent ces tribus arabes "transférėes" vers ces lieux, d'où provenaient-elles et comment ont-elles pu transformer éthniquement ou linguistiquement de manière aussi brutale ?
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Donc je pourrais personellement même couper 3 pics d'arabisations (celle entre l'arrivée des Banou Hilal et les Ottomans en 1555, celle entre les Ottomans et la conquête française et finalement l'arabisation contemporaine).
On ne perçoit rien de tel. Si l'on doit parler de "pics" il y'en a deux seulement : la conquête arabo-musulmane au 7e siècle qui entama la transformation des populations citadines ; l'invasion hilalienne qui entama la transformation de l'arrière pays, d'abord chez les nomades et dans une seconde phase chez les sédentaires. Entre ces deux paroxysme, ce fut un long et inexorable processus d'assimilation et d'acculturation qui ne s'est jamais arrêté.
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Sinon pour le Maroc le bilad es siba avait une importante encore plus importante qu'en Algerie. En 1880, l'Algerie etait entièrement conquise alors qu'aucun européen n'avait encore mis les pieds en Bilad as siba, la majeure partie du Maroc reste inexplorée.
Mon observation concernait la situation précoloniale. Une fois la France établie en Algérie, et particulièrement après les années 1850 puis 1870, les anciennes structures tribales se sont pratiquement disloquées et l'emprise de l'administration sur le térritoire n'avait plus rien de comparable au système traditionnel qui était en vigueur au Maghreb. Par-contre, le Maroc continuera a fonctionner sous cet "ancien régime" jusqu'à tard dans le 19e siecle et débuts du 20e. C'est donc la situation coloniale qui a impliqué une diffirenciation notable des situations dans les deux contrées maghrėbines et non la séparation politique de l'époque précédente.