CEN_EMB a écrit :
Ce ne sont en effet pas les libertés universitaires qui sont menacées. Plutôt les libertés tout court, quand une petite faction politisée impose ses choix à la majorité (ici des étudiants). A partir du moment où l'administration de l'école ou de la faculté a invité une personnalité, quelle qu'en soit la raison et quelle que soit cette personnalité, le fait de s'opposer violemment à la venue de celle-ci est une violence à l'encontre de la liberté (de circuler, de s'exprimer, de s'informer de manière contradictoire, de débattre).
Cela aurait pu être différent si ladite administration avait consulté les étudiants par un vote secret, par exemple, pour connaître leur position sur la venue de l'ancien président ; que la réponse n'avait fait aucun doute sur l'hostilité majoritaire des étudiants ; et que l'administration avait, au mépris de sa propre consultation, bafoué ses résultats et maintenu l'invitation. Du coup, cela aurait été une provocation.
Mais en l'état, ce genre de manifestations d'autant plus violentes qu'elles sont spectaculaires et qu'elles produisent du buzz pour parler de causes groupusculaires, aucun citoyen épris de liberté ne peut réellement les cautionner.
CEN EMB
Là tu charries. Les activistes groupusculaires qui auraient déclenché la grève et les protestations de la quasi-totalité des étudiants français, c'est un fantasme.
"Ce serait différent si l'administration avait fait voter les étudiants.." : que ne l'a-t-elle fait, par précaution ?
Comment un homme comme François Hollande, sachant que la fac était en grève et occupée, a-t-il pu s'imaginer une seconde qu'il allait y être acclamé, ou simplement bien accueilli ? Il représente l'archétype des politiciens à la fois inconsistants et à l'orientation ultralibérale (au final, après un virage au cours de son mandat) qu'ils détestent.
Le résultat était couru d'avance : les étudiants en grève l'ont mis dehors.
On peut argumenter en mettant en avant les grands principes, il reste que François Hollande qui vient à télé émettre des jugements très critiques sur son successeur, c'est insupportable ! Ce type ne mesure même pas à quel point il est impopulaire, et se croit encore une des voix de la France. Finir à 15% de popularité ne lui a pas suffit. Mais qu'il se taise, bon sang ! Il peut prendre une retraite bien méritée, personne, absolument personne, ne le retient. (Ou alors il refonde son propre parti politique, nous sommes un pays démocratique, et il verra bien qui le suit. Chacun sait d'avance le résultat : le groupuscule, c'est lui ! - Je reprends involontairement un des slogans des gauchistes de Mai 68, sur la chienlit, ce qui me fait sourire.)
Quand il vient pérorer à la télé je zappe, et franchement, quand j'ai appris qu'il s'était fait sortir à Lille je me suis marré ! Les étudiants lui ont fait connaître sans faiblesse l'opinion populaire, plus que majoritaire, c'est ainsi. Enfin, il faut le lui dire comment ?
Ah si, j'ai aperçu Elise Lucet le coincer, avec son professionnalisme et sa politesse habituels, sur le CICE. (Sujet qui m'intéresse, comme m'intéressent les entreprises : j'ai longtemps travaillé comme conseil dans ce domaine.) j'ai souri, mais sans réussir à rire, en entendant notre Flamby national concéder "qu'il était possible que certaines entreprises aient trahi sa confiance en utilisant cette subvention pour distribuer davantage de dividendes."
(Elise Lucet, solidement documentée, lui a sorti des chiffres éclairant la gabegie inutile, il s'est donc lancé dans la langue de bois et j'ai zappé : ma patience envers les ânes est limitée.)
@Narduccio : ce que les Français lui ont reproché, fondamentalement, est d'avoir fait tant de promesses et d'en avoir tenu si peu. La campagne de 2012 à été effarante, et des deux côtés. Je me revois perplexe, demander à mon père :"Tu ne trouves pas que Hollande fait beaucoup de promesses ?" Et mon père de lever les bras au ciel... On n'a pas le droit d'acheter son élection ainsi, de fabriquer à l'avance tant d'espoirs déçus, surtout quand on connait l'état des finances du pays. (Ce n'est même pas une question droite/gauche : Jacques Chirac, en 95, a fait une campagne intensive sur le thème de la fracture sociale, sujet qu'il a oublié sitôt l'élection acquise, et l'a payé cher : les électeurs ne sont pas des lapereaux de 3 semaines.)
Mon fils, qui n'a pas voté pour lui, et d'ailleurs ne vote pas et n'a jamais voté - ce qui me choque bien un petit peu, je m'éprouve père indigne - rigole en disant que Hollande, lors des primaires, est arrivé premier dans un concours de circonstances. De fait, ce Strauss-Kahn...
Passons. Requiescant in pace. (Mais que par pitié ils ne reviennent pas nous expliquer quels sont les problèmes de la démocratie, et commettre des bouquins sur ce sujet, c'est impensable !)
Robert Spierre a écrit :
Pierma a écrit :
Tiens, parlons-en, de ces étudiants. Outre qu'ils ne pratiquent pas l'autodafé nazi (ce qui n'exclut pas que quelques crétins patentés - dont la bêtise peut inquiéter - aient refusé d'entendre les demandes des libraires, mais pourquoi, cher Robert Spierre, ce point Godwin qui ne vous ressemble pas ?) les étudiants, il faut peut être l'entendre, sont chagrins et soucieux.
Accordez-moi, svp, le droit au sarcasme.
Jeudi 2 février 2006, lors du débat sur la publication des caricatures du journal Charlie Hebdo, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy déclarait sur LCI : « La caricature, c'est l'excès. A tout prendre, je préfère l'excès de caricature à l'excès de censure ».
Une prise de position courageuse, vu le tollé orchestré dans les pays musulmans.
Et je vous accorde le droit à tous les sarcasmes que vous voulez, je viens d'en noircir deux pages !
Soyons clair : déjà je réprouve absolument qu'une partie de ses bouquins aient été détruits, alors que les vendeurs essayaient d'expliquer que c'était leurs livres, financièrement parlant, et donc une perte sèche. La bêtise des excités qui se sont amusés à les déchirer malgré tout me scandalise.
Pour le reste, les grèves étudiantes sont ce qu'elles sont, tout le monde ne peut pas entrer en toute tranquillité dans une fac en grève. Dans l'absolu c'est bien une censure, j'en conviens, mais autant s'attaquer aux moulins ! (Perso, je réprouve les barrages routiers, d'où qu'ils viennent, et les saccages réguliers pratiqués depuis des décennies par les agriculteurs, mais je peux toujours râler : je mourrai sans en avoir vu la fin.)
Alain Finkielkraut, venu le nez en l'air et le carnet en main observer le mouvement Nuit Debout, les traitait de petits fascistes parce qu'ils l'avaient reconduit, sans violence, hors de la place de la République. Bien avant cela, Aragon venu dire aux étudiants de Mai 68 concentrés place Denfert-Rochereau "qu'il était avec eux"
s'était vu jeter à la figure le goulag soviétique, la Guépéou dont il avait fait un poème, j'en oublie, et avait dû quitter la place sous les huées.
La jeunesse ne respecte plus rien !