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Message Publié : 29 Mai 2022 0:28 
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Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942 les combats de Bir Hakeim se concluaient par le repli de la 1ère Brigade française libre (BFL) à travers les positions germano-italiennes, dernier exploit d’une série commencée le 27 mai. Dans les faits, l’engagement de ces 3 700 soldats français n’est qu’un combat mineur par son volume. La France a connu des milliers de combats et batailles de plus grande ampleur, et pourtant on connaît tous le nom de Bir Hakeim.

Ceux là en voulaient. La rareté des engagements avait amené à la France Libre une élite de combattants motivés. Ils ont tenu 2 semaines dans un désert plat comme la main, face aux attaques de chars, aux bombardements d'artillerie et aux stukas.

Leur recette ? la démerde, l'imagination, l'innovation sur place... et le courage.

De Gaulle, dans ses mémoires, avoue s'être enfermé dans son bureau pour cacher ses larmes de joie et de fierté, après qu'un officier anglais soit venu lui annoncer qu'ils s'étaient sortis - de nuit - de l'encerclement qui s'était refermé sur eux.

Merci à eux, qui ont ouvert la voie vers la revanche de nos armées vaincues dans la plus terrible raclée qu'ait jamais pris la France.

Les qualités qu'ils ont démontrées méritent bien un sujet sur ce fait d'arme.

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Message Publié : 29 Mai 2022 0:32 
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La Légion prend position. (J'ai un faible pour Dimitri Amilakvari, de la 13e DBLE.)
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Position aménagée en plein désert :
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Message Publié : 29 Mai 2022 8:59 
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Cette "petite" bataille, témoin de la haute résistance de ces soldats face aux armées de l'Axe, volant alors de victoires en victoires sous le commandement de Rommel, a eu des conséquences visiblement importantes sur les autres fronts de la guerre.
Les dirigeants militaires et politiques allemands ont également mesuré ce fait d'armes à la hauteur de l'événement.
Ainsi, le Maréchal Rommel note à plusieurs reprises dans ses carnets, l'admiration qu'il a ressentie devant l'attitude des soldats français combattants dans un enfer, sous des bombardements plus intenses que ceux de Verdun.
Le Maréchal Kesserling écrit dans un rapport, d'abord que les avions, utilisés sur Bir-Hakeim, ont sévèrement manqué en U.R.S.S, et, ensuite que le ''deuxième front'', constitué par la résistance imprévue des Français Libres à Bir-Hakeim, a contribué à la défaite allemande de Stalingrad, les pertes subies sur la position française représentent en effet une diminution de 20 % du potentiel de la Luftwaffe, qui déjà n'avait pu obtenir la supériorité aérienne en Russie.
Enfin Hitler, lui-même, se serait fendu d'un : ''Vous entendez, Messieurs, ce que raconte Koch, c'est une nouvelle preuve de la thèse que j'ai toujours soutenue selon laquelle les Français sont, après nous, les meilleurs soldats d'Europe.''

Voici le récit de la bataille, vécue par Pierre Messmer, alors capitaine à Bir-Hakeim :
https://www.birhakeim-association.org/pierre-messmer-raconte.html

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
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Message Publié : 29 Mai 2022 9:21 
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Le point clé, qui apparait sur la carte de Pierre Messmer, est la position plein sud de Bir-Hakeim dans le dispositif anglais, alors en pleine retraite sur le nord du front.
Rommel est en train d'avancer au sud un mouvement tournant, destiné à envelopper les unités anglaise en retraite. Sur son chemin, il y a Bir-Hakeim. Il le lui faut, sinon sa manoeuvre tombe à l'eau. D'où l'importance stratégique du point tenu par les Français : de leur résistance dépend le sort de toute l'armée anglaise (disons du Commonwealth) sur ce théâtre d'opérations.

Intéressante aussi, sa remarque sur le facteur "distance" dans cette partie de la guerre. Un peu comme dans le Pacifique, il faut vaincre la distance avant de vaincre l'ennemi : le facteur logistique va jouer à plein.

@Duc de Raguse : j'étais loin de me douter de l'importance décisive de Bir Hakeim dans l'ensemble de la guerre, et spécialement d'un impact possible sur la situation de Stalingrad. (C'est à ce stade que joue à nouveau, comme pour Barbarossa, la vision faussée de Hitler : il en veut trop.)

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Message Publié : 29 Mai 2022 18:15 
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Inscription : 04 Déc 2011 22:26
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On oublie souvent de l'évoquer et pourtant un personnage méconnu de Bir Hakeim fut Susan Travers, "La Miss" de la Légion étrangère, infirmière anglaise qui avait servi en Finlande, en Syrie et au Liban. Elle fut la maîtresse du général Koenig et a publié ses mémoires au début des années 2000.

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Message Publié : 02 Juin 2022 12:36 
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On n'a guère parlé des innovations de ces acharnés :
Un truc qui m'avait impressionné, c'était le fait d'enterrer les véhicules : vous creuser un trou assez profond et large et contenir un camion, et vous creusez une rampe d'accès avec une pente assez légère pour qu'ils remontent. Couvrez ensuite de sacs de sable, c'est prêt ! :!:

Ils ont aussi utilisé leur canons de 75, un peu modifiés, et enterré à défilement, pour le tir direct antichar.

L'usage astucieux des mines pour canaliser les blindés attaquants.

Il y a un excellent article du blog "le fil de l'épée" qui décrit tout cela :
https://lavoiedelepee.blogspot.com/2020/06/la-bataille-de-bir-hakeim-courage-et.html

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Message Publié : 03 Juin 2022 17:26 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 16 Déc 2006 15:45
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Sur un ton beaucoup plus léger (mais bon c'est vendredi donc c'est permis), il y a cette vidéo qui résume la bataille de manière plus humoristique: https://www.youtube.com/v/yqTZ7ydZh2w. Cela n'apprendra rien aux membre de ce forum, mais cela peut servir de porte d'entrée aux plus jeunes.


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Message Publié : 03 Juin 2022 19:01 
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Walsingham a écrit :
Sur un ton beaucoup plus léger (mais bon c'est vendredi donc c'est permis), il y a cette vidéo qui résume la bataille de manière plus humoristique: https://www.youtube.com/v/yqTZ7ydZh2w. Cela n'apprendra rien aux membre de ce forum, mais cela peut servir de porte d'entrée aux plus jeunes.

J'ai adoré ! Non seulement c'est drôle ("On avait dit : pas les mamans" :mrgreen: ) mais de plus tout est là.

Il manque un détail : ce sont les Anglais en retraite qui ont demandé aux Français de tenir 5 jours de plus, à cause du danger qu'aurait causé l'irruption de Rommel dans leurs troupes en retraite. Les Français ont évité beaucoup de casse chez eux. (D'où le retentissement mondial de ce fait d'arme, suivi jour par jour par les correspondants de guerre anglais.)

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Message Publié : 07 Juin 2022 12:01 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 16 Déc 2006 15:45
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Ravi que cela vous aie plus. Je ne peux que vous recommander les autres vidéos de la chaîne. On y trouve pas mal de pépites sur des sujets connus (Kufra, Von lettow-Vorbeke, ...) ou moins (Albert Roche, Felix Von Luckner, ...)


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Message Publié : 08 Sep 2023 19:44 
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Plutarque
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Je cite wikipedia :
Le résultat le plus important de la bataille de Bir Hakeim, c’est le ralentissement de l’offensive allemande, grâce à la résistance de la garnison de Bir Hakeim, qui a bloqué pendant quatorze jours une part importante des blindés de Rommel sur la route du canal de Suez. Ce retard, qui permet à la 8e armée britannique de s'échapper vers El-Alamein et de s’y fortifier, a constitué un succès stratégique décisif.

Ce « succès stratégique décisif » aurait sans doute été impossible sans le travail du "génie".

Les opérations de la seconde guerre mondiale voient s’accroître sensiblement le rôle du génie à tel point que sur certains théâtres d’opérations, tel celui du Pacifique, les éléments génie atteignent une moyenne de 12 à 15 % des forces, allant parfois jusqu’à 20 %. À Bir Hakeim, où le volume de la BFL est estimé à 3 700 hommes, les effectifs du génie que commande le capitaine Gravier sont, selon le chiffre fourni par ce dernier, de 124 hommes, représentant 3,3 % des effectifs totaux.


Cadeau, Ivan. « Une nouvelle fois oubliée ? L’action du génie à Bir Hakeim. La sous-représentation des armes d’appui et de soutien dans la littérature militaire », Revue Historique des Armées, vol. 307, no. 4, 2022, pp. 9-18.

Citer :
[...] l’image du sapeur renvoie davantage à celle d’un travailleur que d’un soldat, un statut ne requérant, là aussi a priori, pas de grandes capacités intellectuelles. Le succès populaire des Facéties du sapeur Camember à la fin du XIXe siècle contribue sans doute à nourrir cette représentation auprès de l’opinion. La première guerre mondiale marque une rupture certaine et le génie, par la diversité des missions qu’il est mené à assurer, est désormais perçu comme une arme combattante au même titre que les autres. Organisées en bataillons, ses unités ne sont cependant la plupart du temps employées en opération qu’au sein de « détachements du génie » de taille variable, et dont les archives ne font pas toujours apparaître la compagnie ou le bataillon de rattachement. Cette dilution/absorption a pour effet une disparition certaine de l’arme dans l’écriture ultérieure de l’histoire.
Pendant des décennies, celle de la bataille de Bir Hakeim n’échappe pas à ce travers et l’historiographie relative aux combats épouse la construction mémorielle de l’événement construit principalement autour de l’action de l’infanterie. Le récit national qui se « fige » après la bataille fait ainsi la part belle à quelques figures d’officiers (général Koenig, lieutenant-colonel Amilakvari, lieutenant-colonel Broche, etc.) et met en avant une poignée d’unités, dans la veine classique de l’histoire-bataille. Dans le cas de Bir Hakeim, la place réservée à la Légion étrangère et, à un moindre titre, à celle des « coloniaux » du Bataillon du Pacifique apparaît ainsi prépondérante. Cette surreprésentation des troupes de mêlée (infanterie, cavalerie) dans ce genre littéraire relègue habituellement au second plan les autres armes (artillerie, génie, train, etc.) et services, quand ceux-ci ne sont pas simplement oubliés. Ce déséquilibre, qui peut trouver une certaine justification dans la mesure où ce sont ces armes de mêlée qui paient généralement le plus lourd tribut au combat et qui sont à l’origine des faits d’armes les plus mémorables, nuit pourtant à la compréhension de l’histoire militaire « globale », en la réduisant à quelques acteurs et entités.

Le cas particulier de Bir Hakeim aurait dû conduire, pourtant, à un traitement autre de l’écriture de la bataille faisant davantage apparaître le rôle du génie. La physionomie de l’affrontement et les buts assignés à la 1re brigade française libre (1re BFL) — retarder l’adversaire une dizaine de jours sur un terrain valorisé par le génie —, l’y invitaient. Bataille essentiellement défensive visant à conserver l’intégrité d’un camp retranché dont l’organisation était le fait d’un sapeur polytechnicien, raconter justement Bir Hakeim aurait dû conduire nécessairement à de plus longs développements sur l’action de l’arme. Or, si mention est bien faite des dizaines de milliers de mines posées par les sapeurs-mineurs, mines qui forment l’ossature de la défense du camp retranché, la relation entre celles-ci et le génie ne semble pas toujours établie avec clarté dans les ouvrages. Il faut attendre les années 2000 et leur mise en ligne sur internet [3] pour bénéficier de quelques études visant à rendre hommage aux sapeurs pour disposer de données plus précises sur le sujet. Certes marqués par un aspect pro domo, ces travaux restent les seuls à véritablement sortir l’action du génie de l’anonymat dans lequel il est tombé.
[...]
Il revient à André Gravier, polytechnicien, d’avoir conçu le camp retranché de Bir Hakeim. Celui-ci se présente « sensiblement [comme] un triangle curviligne de 4 km de côté, appuyé sur trois points forts à consolider : au nord, les Mamelles, au sud, le fortin et, à l’est, un très discret mouvement de terrain. Une “porte” sous contrôle est implantée à proximité de chaque point fort. Gravier a pensé son dispositif en s’inspirant de la fortification bastionnée à la Vauban — ce qui apparaît clairement sur les photographies aériennes. Situé en plein désert de Cyrénaïque, « le champ de bataille se caractérise par l’absence totale d’obstacles naturels et de couverts » aussi, en lieu et place de maçonnerie, ce sont les mines antichars (AC) qui vont constituer le principal obstacle aux attaques des chars italiens, puis allemands. À leur arrivée sur la position, à la mi-février 1942, les sapeurs français prennent possession d’un champ de mines établi par les Britanniques et totalisant 11 900 engins. Ce dernier est amélioré et de nouveaux champs sont créés, épousant les plans élaborés par le capitaine Gravier. Ces champs de mines sont complétés par un marais de mines, qui fait l’originalité de Bir Hakeim, et qui en comporte plus de 60 000. S’étalant loin en profondeur — jusqu’à trois kilomètres de Bir Hakeim, ce marais, moins densément miné que les champs de mines, a pour but principal de dissocier les éventuelles attaques et de canaliser les assaillants sur des positions antichars mises en place à l’avance. Au niveau des « portes », certains champs sont doublés et des bouchons de fil de fer barbelé ont été installés en certains endroits. Au total, les sapeurs français et britanniques auront réalisé la pose de 140 000 mines AC et de 2 000 mines antipersonnel (AP). Considérant que la ligne Gazala a nécessité un demi-million de mines, Bir Hakeim en a dépensé le tiers, chiffre qui témoigne de l’importance de la position, en couverture du flanc sud de la 8e armée britannique.


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Message Publié : 08 Sep 2023 21:43 
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Plutarque
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Inscription : 25 Jan 2018 0:02
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Localisation : Huy
Walsingham a écrit :
Sur un ton beaucoup plus léger (mais bon c'est vendredi donc c'est permis), il y a cette vidéo qui résume la bataille de manière plus humoristique: https://www.youtube.com/v/yqTZ7ydZh2w. Cela n'apprendra rien aux membre de ce forum, mais cela peut servir de porte d'entrée aux plus jeunes.


Une pépite. Toute la chaine a l'air du même tonneau. :wink:

Merci pour la référence.

Belle soirée.


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Message Publié : 09 Sep 2023 20:40 
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Plutarque
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Inscription : 31 Juil 2023 20:20
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Une excellente vidéo de 12 minutes.
https://www.youtube.com/v/Uv3aDd5ME6w


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