Liber censualis a écrit :
Si tôt ? J'avais plutôt le sentiment que les États-Unis n'éprouvaient guère d'intérêt pour l'Amérique latine
Un des premiers grands traités commerciaux des Etats-Unis avec la "
Gran Colombia"(Vénézuela, Colombie et Equateur) date de 1824, afin de bénéficier de la clause de la nation la plus favorisée. L'idée étant d'empêcher les britanniques d'en bénéficier, mais également d'empêcher la création d'une union économique et politique entre les pays latino-américains.
Lorsque les Etats-Unis ne peuvent empêcher les britanniques de s'introduire dans ces économies latines devenues indépendantes (du moins politiquement), ils s'entendent avec eux, comme, par exemple, à l'occasion du traité de Clayton-Bulwer de 1850 (celui-ci dépasse largement l'unique question de la construction d'un canal en Amérique centrale, mais bien d'un partage de zones d'influences économiques et commerciales).
Je n'ai pas de chiffres sous la main qui mesurent avec précision les échanges commerciaux des Etats-Unis avec les pays situés en climat tropical et/ou équatorial (visiblement les pays situés en climat tempéré sont plus proches des Européens et surtout des Anglais), mais il y a un fort intérêt des Etats-Unis pour les pays latins d'Amérique avant 1850.
Bien entendu, comme vous le rappelez, la guerre de Sécession modèrera quelque peu leurs ardeurs à ce sujet, tout comme la défense d'une politique protectionniste après ce conflit (mais je crois qu'il ne s'agit que d'une parenthèse sur une plus longue période), qui s'opposait au libre-échangisme pratiqué dans les années 1820-1850.
Cela dit, le "trou" était bien fait en Amérique latine afin que les Etats-Unis y acquièrent une domination conséquente et empêchent les Européens de conserver la leur.
Les événements militaires de 1898 que vous citez semblent être une conséquence de la politique économique et diplomatique entreprise par les Etats-Unis dans ces régions depuis le début des années 1820 (en dehors de la parenthèse 1860-1880), un approfondissement/extension de la doctrine Monroe en quelque sorte. D'autant plus que ce pays avait alors une armée digne de ce nom, ce qui n'était pas le cas en 1820...