Vézère a écrit :
Je ne comprends pas comment la loi de 1905 peut être vue comme une loi de pacification.
> Elle est dans le continuum des expulsions de religieux de 1903, qui ne sont pas précisément des lois destinées à mettre de l'huile dans les rouages.
La future loi de séparation est issue de travaux préparatoires, conduits par des modérés et non anticléricaux féroces ( Francis de Pressensé, Briand, Jaurès etc...). Aristide Briand en juin 1903, en a été nommé le rapporteur et il lui est revenu, en s'inspirant du texte de son collègue de Pressensé, d'élaborer la proposition de loi soumise au vote du Parlement.
Briand était soucieux d'aboutir à une loi qui ne blesse inutilement ni le sentiment religieux en général ni l'Église catholique en particulier.
De fait, c'est cette préoccupation qui a prévalu. En témoigne la disposition sur les « associations cultuelles » reprise dans l'article 4 du texte définitif. Cette disposition pouvait receler une bombe à retardement. Si les associations se formaient sans contrôle de l'évêque, comme le voulaient les plus radicaux, c'était les offrir aux laïques qui auraient pu les transformer à leur guise. Le schisme guettait. A l'inverse, les soumettre à l'évêque, c'était sauvegarder l'organisation catholique traditionnelle.
Ainsi l'a pourtant voulu le législateur, en spécifiant que les associations seraient formées « en se conformant aux règles d'organisation générale du culte dont elles se proposent d'assurer l'exercice » . L'extrême gauche libre-penseuse renâcle, déçue par la modération de cette mesure.
Certains catholiques français, jusque dans la hiérarchie, ont compris d'emblée ce qu'offrait la loi : rien de moins que la liberté, puisque l'État renonçait à contrôler le clergé, en commençant par la nomination des évêques.
Vézère a écrit :
> La nationalisation des biens du clergé refait surgir le spectre de la Révolution.
L'article 13 stipule que les édifices servant à l'exercice du culte, et propriétés de l'État, des départements ou des communes, sont « laissés gratuitement à la disposition » des futures associations. Jean Baubérot, à ce propos, n'hésite pas à parler d'une « subvention indirecte initiale », même si ces bâtiments ont été payés - en partie seulement - par les fidèles. La révolte des inventaires en février et mars 1906 n'a pas mis la France à feu et à sang. Dans les mois qui suivent, le 2 janvier 1907 et le 13 avril 1908, deux lois règlent de manière satisfaisante pour les deux parties les questions sensibles relatives à la propriété des bâtiments du culte et à l'utilisation des églises par les curés. Tout se trouve en place pour que l'Église catholique finisse par accepter une loi que les protestants et les Juifs, de leur côté, avaient immédiatement approuvée.
Vézère a écrit :
> Une loi est une loi, mais elle s'entend aussi avec ses décrets d'application. Les décrets prescrivant l'usage de la force publique, ou l'ouverture des tarbernacles... ne sont pas de nature à pacifier.
Préserver par exemple le rôle et l'autorité de l'évêque dans son diocèse, c'était envoyer à l'Église un signal sans équivoque.
Vézère a écrit :
> Tout cela dans un contexte explosif, où dans un pays catholique à 95% il n'y a pas eu un seul catholique membre d'un seul gouvernement de 1877 à 1915.
Là j'ai quand même des doutes (ne serait-ce que pour la pelleté de généraux ou amiraux qui ont siégé au gouvernement)... D'autant que depuis le 16 février 1892 et l'encyclique "Au milieu des sollicitudes"du pape Léon XIII qui appelle les catholiques à accepter les institutions républicaines française , rien de leur interdisait de participer...
Vézère a écrit :
Bref, en histoire on ne se préocupera pas de savoir si c'était bien ou mal, mais ce qui est certain c'est que les protagonistes de part et d'autre étaient dans une lutte à mort.
Il n'y a pas eu de guerre civile pour autant !
Vézère a écrit :
D'ailleurs, dès 1924 le Cartel des Gauches voulait supprimer le Concordat en Alsace-Moselle, et c'est une demande constante de certains partis de gauche jusqu'à nos jours.
Certains partis de gauche ont aussi appelé à généraliser les lois sociales en vigueur dans ces territoires à l'ensemble du pays !