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Message Publié : 20 Jan 2023 19:58 
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Grégoire de Tours
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Pierma a écrit :
[Gamelin, suivant les indications de son 2e Bureau, transmises par le colonel Gaucher (ou Gauché ?), a fait savoir qu'on ne pouvait se lancer dans cette aventure sans mobiliser.

Il s'agit de Maurice-Henri Gauché, qui a fini général et écrit un ouvrage sur le 2e bureau au travail, 1935-1940 (1954). Apparemment, il avait des analyses très justes, mais n'était pas écouté. A l'été 1940, il prévient à nouveau Gamelin:

“le 19 août 1939, le colonel Gauché, chef du 2e bureau, rencontre Gamelin et lui donne une information capitale : l’armée allemande quitte ses casernes et se concentre à la frontière polonaise, les munitions sont distribuées, ce ne peut être un exercice. Gauché répond formellement de ses sources auprès de Gamelin, qui a encore besoin de certitudes. Au regard des événements récents, le chef du 2e bureau pronostique même une attaque imminente. « Par un raisonnement très simple, s’appuyant sur le précédent des Sudètes, [il estime] que l’invasion de la Pologne est fixée à la fin d’août. » Malgré ces renseignements de première importance et ce qu’il a dit au chef du gouvernement quant à la nécessité d’anticiper les opérations de mobilisation, Gamelin tergiverse.” (Gamelin : La tragédie de l'ambition, Max Schiavon, 2021)


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Message Publié : 20 Jan 2023 21:19 
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Le 2e Bureau se signalera quelques temps plus tard par un rapport sur les opérations de Pologne, qui décrit de façon saisissante les méthodes de la Blitzkrieg employées par la Wehrmacht. "Voila comment nous allons être battus", en somme, pour qui veut se donner le mal de le lire.
(De Gaulle en diffusera en prime les faits principaux dans un document distribué à tous les politiques et militaires qui comptent, plaidant une fois de plus vigoureusement pour les divisions blindées.)

Gamelin enterrera ce rapport au motif que ce qui s'est fait en Pologne n'est pas reproductible en France. (Arguments géographiques, ligne Maginot, etc...) Si la France a été battue, ce n'est pas la faute de ses services secrets.

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Message Publié : 31 Jan 2023 13:38 
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Finalement, en dehors d'alimenter le ressentiment allemand contre la France - travaillé par les dirigeants allemands auprès de la population pour ne surtout pas payer les réparations - qu'est ce que cette occupation de la Ruhr a entrainé à moyen terme ?

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Message Publié : 31 Jan 2023 13:48 
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Philippe de Commines
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Duc de Raguse a écrit :
Finalement, en dehors d'alimenter le ressentiment allemand contre la France - travaillé par les dirigeants allemands auprès de la population pour ne surtout pas payer les réparations - qu'est ce que cette occupation de la Ruhr a entrainé à moyen terme ?

Poincaré l'a emporté, mais sans vrai succès : les livraisons reprennent lentement à partir d'octobre 1923 ; cependant, leur niveau sera réévalué par de nouveaux accords. Comme vous dites la « guerre de la Ruhr » et l'inflation galopante tendent à créer un vide moral au sein de la population : tout semble sombrer dans le vertige, tout devient possible... L' année 1923 a fait perdre aux Allemands le sens de l'équilibre politique et moral. Cf le putsch raté de la Brasserie...

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Message Publié : 31 Jan 2023 15:12 
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Liber censualis a écrit :
Comme vous dites la « guerre de la Ruhr » et l'inflation galopante tendent à créer un vide moral au sein de la population : tout semble sombrer dans le vertige, tout devient possible... L' année 1923 a fait perdre aux Allemands le sens de l'équilibre politique et moral. Cf le putsch raté de la Brasserie...

Ajoutez à cela la crise de 29, et on ne pourra pas dire que l'orage nazi a éclaté dans un ciel serein...

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Message Publié : 31 Jan 2023 16:37 
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Philippe de Commines
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Localisation : région de Meaux
Pierma a écrit :
Ajoutez à cela la crise de 29, et on ne pourra pas dire que l'orage nazi a éclaté dans un ciel serein...


C'est certain (j'ai failli hier ouvrir un fil sur le 30 janvier 1933, mais j'imagine que les circonstances de l'arrivée d'Hitler au pouvoir ont du être largement évoquées ici), mais Duc de Raguse parlait du moyen terme...

La Ruhr fut une victoire militaire mais une défaite politique. La France en est sortie avec l'image d'un bourreau torturant une pauvre victime, Les anglo-saxons ont eu beau jeu de lui faire ce reproche,eux qui dénonçaient la voracité française vis à vis des réparations mais se refusaient à faire le moindre geste quant au remboursement des sommes qui leur étaient dues par la France au titre des dettes de guerre.

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Message Publié : 31 Jan 2023 17:49 
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Effectivement, c'est bien le sentiment qui découla de ce Verdun diplomatique des franco-belges. D'un autre côté, ils n'avaient pas le choix, mais la mollesse des anglo-saxons en disait long sur la suite...
De Gaulle déjà visionnaire lorsqu'il écrit ceci à sa mère en 1919, avant l'occupation de la Ruhr ?
Charles De Gaulle a écrit :
Voici donc la paix signée. Il reste à la faire exécuter par l’ennemi, car tel que nous le connaissons, il ne fera rien, il ne cèdera rien, qu’on ne le contraigne à faire, à céder, à payer, et non pas seulement au moyen de la force, mais bien par la dernière brutalité. C’est le seul procédé à employer à son égard. Ses engagements sont une fumée, sa signature une mauvaise plaisanterie. Heureusement, nous tenons, et il nous faut absolument garder, la rive gauche du Rhin. Les motifs d’y demeurer ne manqueront certes pas..

Le plan Dawes de 1924 fait suite à l'occupation de la Ruhr (et à l'"hyperinflation" allemande) et marque le signe d'une forme de temporisation et d'un étalement sans fin de la somme des réparations dues par les Allemands.
Selon certains auteurs, les Allemands auraient versé environ 23 milliards de marks-or (sur les 132 demandés), tandis que les autorités allemandes estiment avoir payé le triple. La France aurait reçu environ 9,6 milliards d’après Weil-Raynal (1947), soit environ 41,7 % du total des versements allemands.

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Message Publié : 31 Jan 2023 19:23 
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Il est à noter que les esprits les plus lucides ont bien vu, et très tôt, que l'application de l'armistice d'abord, puis du traité de Versailles serait très aléatoire.

Poincaré proteste contre l'armistice ("c'est couper le jarret à nos troupes") Mangin entrevoit la revanche allemande ("Nous ne sommes pas entrés en Allemagne pour y détruire le militarisme prussien, tout sera à refaire dans 20 ans") et on voit que De Gaulle pense qu'il y faudra une volonté française inflexible et même "brutale".

Benès a raconté qu'ils eurent ensemble avec Mazarik la même réaction en apprenant la démission de Clemenceau : "La France renonce !". La France avait certes de bonnes raisons de souhaiter un peu de repos et la fin du massacre, mais ce sentiment compréhensible allait coûter très cher.

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Message Publié : 31 Jan 2023 20:24 
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Oui, entrer ou pas chez les Allemands, pour leur faire comprendre qu'ils avaient bien perdu... On peut comprendre les raisons qui ont prévalu à ce choix, mais il fût funeste.

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Message Publié : 01 Fév 2023 8:26 
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Duc de Raguse a écrit :
Effectivement, c'est bien le sentiment qui découla de ce Verdun diplomatique des franco-belges. D'un autre côté, ils n'avaient pas le choix, mais la mollesse des anglo-saxons en disait long sur la suite...

Ce n'est pas de la mollesse c'est une franche hostilité envers la France qui s'affiche (spéculation contre le franc alors que les banques anglo-saxonnes accordent des crédits à l'Allemagne, financent sa prospérité et lui permettent de s'acquitter des obligations du plan DAWES !).

Duc de Raguse a écrit :
Le plan Dawes de 1924 fait suite à l'occupation de la Ruhr (et à l'"hyperinflation" allemande) et marque le signe d'une forme de temporisation et d'un étalement sans fin de la somme des réparations dues par les Allemands.
Plan qui de toute façon sera enterré par le plan Young de 1929, qui donnait aux allemands la pleine autorité sur les versements (depuis 1924 les réparations étaient directement prélevés sur des recettes fiscales diverses, s'en est fini avec le plan Young )... Et la crise de 29 emportera toute idée de réparations (et de dettes "interalliées" d'ailleurs).

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Message Publié : 01 Fév 2023 9:36 
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Liber censualis a écrit :
Ce n'est pas de la mollesse c'est une franche hostilité envers la France qui s'affiche

Vous avez bien fait de rectifier. L'emploi de mon qualificatif était trop faible par rapport aux réalités décrites.

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