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 Sujet du message : 21 janvier 1793
Message Publié : 21 Jan 2023 9:14 
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Marc Bloch
Marc Bloch

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Un éclairage méconnu sur l'exécution du Roi Louis XVI : Un discours du pape Pie VI.

A lire ici

https://www.vexilla-galliae.fr/actualit ... louis-xvi/

Extrait:

« Vénérables Frères, comment Notre voix n’est-elle point étouffée dans ce moment par Nos larmes et par Nos sanglots ? N’est-ce pas plutôt par Nos gémissements que par Nos paroles, qu’il convient d’exprimer cette douleur sans bornes que Nous sommes obligés de manifester devant vous en vous retraçant le spectacle que l’on vit à Paris le 21 du mois de janvier dernier.

Le Roi très Chrétien Louis XVI a été condamné au dernier supplice par une conjuration impie et ce jugement s’est exécuté. Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de la sentence. La Convention Nationale n’avait ni droit ni autorité pour la prononcer
.


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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 21 Jan 2023 9:34 
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Merci pour cet apport Jérôme, qui illustre parfaitement l'alliance du "trône et de l'autel" de l'Ancien Régime.
L'impiété ressort dans tout le discours du pape, qui qualifie, selon lui, la nature même des révolutionnaires pour l'avoir ainsi condamné à mort.
On peut également y lire un joli plaidoyer contre la souveraineté nationale (française) et toute autre forme de gouvernement que celui de la monarchie.

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Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 21 Jan 2023 11:29 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Sur tout ce qui concerne les attaques contre les principes catholiques, que pouvait-il dire d'autre? C'est le Pape!
L'alliance du trône et de l'autel est inscrite dans la monarchie de droit divin telle que les Rois de France l'ont pratiquée.
A-t-il raison, "les révolutionnaires" qui ont condamné le Roi étaient-ils tous impies ou certains étaient-ils croyants?

Pour le reste, même républicain, et sans parler d'être opposé a la peine de mort, on peut trouver criminelle cette exécution et celle de sa famille, et surtout il marque un point juridique indéniable: Louis XIV fut "jugé par ses propres accusateurs".


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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 21 Jan 2023 14:30 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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GustavedeBeaumont a écrit :
et surtout il marque un point juridique indéniable: Louis XIV fut "jugé par ses propres accusateurs".

D'où l'idée des montagnards, Robespierre en tête, de ne pas le juger... il ne pouvait être que coupable.

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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 22 Jan 2023 18:06 
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Liber censualis a écrit :
D'où l'idée des montagnards, Robespierre en tête, de ne pas le juger... il ne pouvait être que coupable

Effectivement et c'est pour cela que selon lui Louis XVI devait être exécuté sans autre forme de procès, comme rebelle à la Révolution, allié des tyrans, représentant d'un régime déchu - mais encore présenté comme celui qui devait guider la France par Pie VI - et honni par le peuple.

Robespierre a écrit :
« Il n’y a point ici de procès à faire. Louis n’est point un accusé, vous n’êtes point des juges ; vous êtes, vous ne pouvez être que des hommes d’Etat et les représentants de la Nation. Vous n’avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre, un acte de Providence nationale à exercer. (On applaudit).
Quel est le parti que la saine politique prescrit pour cimenter la République naissante ? c’est de graver profondément dans les cœurs le mépris de la royauté, et de frapper de stupeur tous les partisans du roi. Donc, présenter à l’univers son crime comme un problème, sa cause comme l’objet de la discussion la plus imposante, la plus religieuse, la plus difficile qui puisse occuper les représentants du peuple français, mettre une distance incommensurable entre le seul souvenir de ce qu’il fut, et la dignité d’un citoyen …
Louis fut roi, et la République est fondée. La question fameuse qui vous occupe est décidée par ces seuls mots : Louis est détrôné par ses crimes ; Louis dénonçait le peuple Français comme rebelle ; il a appelé, pour le châtier, les armes des tyrans ses confrères.
La victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle. Louis ne peut donc être jugé, il est déjà condamné ; il est condamné, ou la République n’est point absoute (Applaudissements).
Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, Louis peut être absous ; il peut être innocent ; que dis-je ! il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé. Mais si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ?
N’est-elle pas encore incertaine et douteuse ? Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la Liberté deviennent des calomniateurs et les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l’innocence opprimée ; tous les manifestes des cours étrangères ne sont que des réclamations légitimes contre une faction dominatrice ; la détention même que Louis a subi jusqu’à ce moment est une vexation injuste ; les fédérés, le peuple de Paris, tous les patriotes de l’empire français sont coupables, et le grand procès pendant au tribunal de la nature, entre le crime et la vertu, entre la liberté et la tyrannie, est enfin décidé en faveur du crime et de la tyrannie…
Les peuples ne jugent pas comme les cours judiciaires ; ils ne vendent point de sentences, ils lancent la foudre ; ils ne condamnent pas les rois, ils les replongent dans le néant, et cette justice vaut bien celle des tribunaux. Si c’est pour son salut que le peuple s’arme contre ses oppresseurs, comment serait-il tenu d’adopter un mode de les punir qui serait pour eux un nouveau danger ?
Nous nous sommes laissé induire en erreur par des exemples étrangers qui n’ont rien de commun avec nous. Que Cromwel ait fait juger Charles 1er par une commission judiciaire, dont il disposait ; qu’Elisabeth ait fait condamner Marie d’Ecosse par des juges, il est naturel que des tyrans qui immolent leurs pareils, non au peuple, mais à leur ambition, cherchent à tromper l’opinion du vulgaire par des formes illusoires ; il n’est question là ni de principes, ni de liberté, mais de fourberie et d’intrigues. Mais le peuple, quelle autre loi peut-il suivre, que la justice et la raison, appuyées de sa toute puissance ? »

Extrait du discours de Robespierre sur le procès de Louis XVI, d’après le Moniteur, n° 340 du 5 décembre 1792

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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 22 Jan 2023 19:25 
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Marc Bloch
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"Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.
Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau."

Albert Camus, L’homme révolté


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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 22 Jan 2023 20:10 
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J'ignorais que Camus avait posé ses réflexions sur Louis XVI par écrit, merci pour cet apport.
Voilà une belle description de la symbolique qui recouvre l'exécution du 21 janvier 1793, marquant définitivement les esprits de la fin de la monarchie absolue de droit divin en France - qui dans les faits avait déjà disparu à l'été 1789.

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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 24 Jan 2023 15:18 
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Grégoire de Tours
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Merci pour le partage de ce passage Jerôme. C’est donc dieu que la révolution a tué ce jour-la, en un mouvement nietzschéen avant l’heure. Très intéressante réflexion, pleine de sens.

Et qui appellent des questions:
Y avait-il des révolutionnaires croyants parmi ceux qui l’ont condamné ?
Que est cette ultime défaillance dont parle Camus?
Qui était le confesseur du roi?
Quelles sont ces scènes convulsives de suicide ou de folie? Y a-t-il eu beaucoup de suicides suite à l’exécution?


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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 24 Jan 2023 16:05 
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GustavedeBeaumont a écrit :
Y avait-il des révolutionnaires croyants parmi ceux qui l’ont condamné ?

Tous les conventionnels n'ont pas voté la mort. Et même parmi ceux qui ont voté la mort, il pouvait y avoir des croyants. Le motif principal pour voter la mort a été la fuite à Varennes, vue comme une trahison pour fuir la position de monarque constitutionnel et aller chercher le concours armé de l'ennemi.

(Cette idée de "tuer Dieu" est une analyse dans l'ordre symbolique - que je trouve intéressante - sur le moment les conventionnels régicides ont pu juger que Louis XVI avait fait une tentative pour rétablir la monarchie absolue, mais sans se poser de question théologique...)

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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 Sujet du message : Re: 21 janvier 1793
Message Publié : 24 Jan 2023 16:09 
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Pierre de L'Estoile
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et de mémoire le confesseur était Irlandais
Henri Edgeworth
ensuite Louis avait voulu élever le ton pour parler mais les tambours avaient couvert sa voix...

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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