LCL_511 a écrit :
Bonsoir,
Effectivement, les premiers de la curia regis, les pairs historiques, au moins laïcs, pouvaient difficilement apporter leur concours :
- il n'y avait pas de duc de Normandie depuis 1203 et le rattachement du duché au domaine royal par Philippe II, le titre n'étant doté qu'en 1331 (au fils aîné du nouveau monarque, Jean, d'ailleurs) ;
- il en allait de même du comte de Toulouse, titre vacant depuis la mort d'Alphonse de Poitiers sans succession en 1271 ;
- le duc de Guyenne avait des prétentions sur le trône puisqu'il était directement impliqué dans la question successorale, auquel il apportait le poids de son royaume anglais ;
- le comte de Champagne, la dévolution du titre est justement disputée à la mort de Charles IV et ne sera réglée qu'en 1336 par le traité de Villeneuve. Il s'agit en l'occurrence de la comtesse, qui n'était autre que Jeanne de Bourgogne, la fille aînée de Louis X, écartée du trône en 1316 ! Ses droits sont encore plus solides que ceux d'Edouard III - elle est fille de roi de France, et d'un rameau plus récent que le fils d'Isabelle - et ils susciteront d'ailleurs les revendications de son fils Charles le Mauvais les décennies suivantes ;
- restent le comte de Flandres et le duc de Bourgogne, mais ce dernier, Eudes IV, n'est autre que l'oncle de Jeanne, et soutient partiellement les prétentions de cette dernière.
Des six pairs laïcs initiaux, deux sont vacants et trois ont des intérêts opposés à ceux du comte de Valois...
En revanche, huit nouveaux pairs laïcs ont été institués entre 1297 et 1317 : duc de Bretagne, comtes d'Anjou et d'Artois en 1297, baron de Châteauneuf en 1314, comte de Poitiers en 1315, comtes de la Marche et d'Evreux en 1316, comte d'Angoulême en 1317.
Mais même là le bât blesse :
- le comte d'Anjou n'est autre que Philippe de Valois lui-même ;
- le comté de Poitiers est vacant depuis son rattachement au domaine royal lors de l'accession au trône de son titulaire Philippe en 1316 ;
- les comtés d'Evreux et d'Angoulême sont détenus par Philippe d'Evreux, qui est le mari de Jeanne de Bourgogne (la fille de Louis X) et qui porte donc ses droits !
Le duc de Bretagne, la comtesse d'Artois Mahaut (qui mourra en 1329) sont toutefois plus pondérés et favorables au comte de Valois, le duc de Bourbon (comte de la Marche) est un solide soutien de ce dernier, tandis que le baron de Châteauneuf est son propre frère Charles d'Alençon.
On a donc cinq catégories :
- les pairs in absentia (duc de Normandie, comtes de Toulouse, de Poitiers) ;
- les pairs hostiles qui prétendent eux-mêmes au titre royal (duc de Guyenne et roi d'Angleterre Edouard III, comtesse de Champagne Jeanne de Bourgogne) ;
- les pairs qui ont des intérêts autres que de favoriser le Valois (duc de Bourgogne, comtes d'Evreux et d'Angoulême du chef de sa femme Jeanne de Bourgogne) ;
- les pairs neutres (duc de Bretagne, comte de Flandres, comtesse d'Artois) ;
- les pairs favorables au Valois (lui-même en tant que comte d'Anjou, son frère d'Alençon, le baron de Châteauneuf, le duc de Bourbon en tant que comte de la Marche).
Un sacré sac de noeuds !
Cordialement,
LCL 511
Finalement pas grand monde pour désigner Valois comme régent puis roi !! Peut-être quelques ecclésiastiques quand même ? Abbé de Saint-Denis ou Archevêque de Reims ?