Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 16:30

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 7 message(s) ] 
Auteur Message
Message Publié : 22 Fév 2023 10:06 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Suite à un "procès" de trois heures, sous l'autorité de Roland Freisler, président du Volksgerichtshof, réuni exceptionnellement en Bavière, ce 22 février 1943, la guillotine de la prison Stadelheim met fin aux jours de Hans et Sophie Scholl, ainsi que leur camarade Christoph Probst.
Hans, étudiant en médecine, avec certains de ses camarades, avait rédigé un certain nombre de tracts, hostiles au régime nazi et à la guerre, qui avaient été distribués dans de nombreux lieux à Munich à l'automne 1942.
Si cette entreprise collective débuta dès l'été 1942 - Hans avait alors passé un certain temps sur le front russe comme infirmier -, ce n'est qu'au moment du 6ème tract - la propagation des trois derniers dépassa largement l'espace munichois - que les étudiants furent arrêtés par la Gestapo, moment où la défaite de Stalingrad ne fut pas cachée à l'opinion publique allemande par le régime hitlérien.

Ces tracts, outre la condamnation du régime national-socialiste, tentèrent de persuader les civils de se révolter contre ce régime aux conséquences délétères et funestes pour le peuple allemand.

Le dernier tract :
Citer :
Etudiantes! Etudiants!
La défaite de Stalingrad a jeté notre peuple dans la stupeur. La vie de trois cent mille
Allemands, voilà ce qu'a coûté la stratégie géniale de ce soldat de deuxième classe promu
général des armées. Führer, nous te remercions!
La peuple allemand s'inquiète: allons-nous continuer de confier le sort de nos troupes
à un dilettante? Allons-nous sacrifier les dernières forces vives du pays aux plus bas
instincts d'hégémonie d'une clique d'hommes de parti? Jamais plus!
Le jour est venu de demander des comptes à la plus exécrable tyrannie que ce peuple
ait jamais endurée. Au nom de la jeunesse allemande, nous exigeons de l'Etat d'Adolf Hitler
le retour à la liberté personnelle; nous voulons reprendre possession de ce qui est à nous;
notre pays, prétexte pour nous tromper si honteusement, nous appartient.
Nous avons grandi dans un Etat où toute expression de ses opinions personnelles
était impossible. On a essayé, dans ces années si importantes pour notre formation, de nous
ôter toute personnalité, de nous troubler, de nous empoisonner. Dans un brouillard de
phrases vides, on voulait étouffer en nous la pensée individuelle, et on appelait cette
méthode: "formation pour une conception sain du monde". Par le choix du Führer, un choix
comme on n'en pouvait faie de plus diabolique et de plus borné à la fois, des hommes sont
devenus des criminels sans dieu, sans honte, sans conscience; il en a fait sa suite aveugle,
stupide. Ce serait à nous, "travailleurs intellectuels" de régler son compte à cette nouvelle
clique de Seigneurs. Des combattants du front sont traités comme des écoliers par des
Chefs de groupe, ou des aspirants Gauleiter.
Il n'est pour nous qu'un impératif: lutter contre la dictature! Quittons les rangs de ce
parti nazi, où l'on veut empêcher toute expression de notre pensée politique. Désertons les
amphithéâtres où paradent les chefs et les sous-chefs S.S., les flagorneurs et les arrivistes.
Nous réclamons une science non truquée, et la liberté authentique de l'esprit. Aucune
menace ne peut nous faire peur, et certes pas la fermeture de nos Ecoles Supérieurs. Le
combat de chacun d'entre nous a pour enjeu notre liberté, et notre honneur de citoyen
conscient de sa responsabilité sociale.
Liberté et Honneur! Pendant dix longues années, Hitler et ses partisans nous ont
rebattu les oreilles de ces deux mots, comme seuls savent le faire les dilettantes, qui jettent
aux cochons les valeurs les plus hautes d'une nation. Ce qu'ils entendent par ces mots, ils
l'ont montré suffisamment au cours de ces années où toute liberté, matérielle aussi bien
qu'intellectuelle, toute valeur morale l'Europe, au nom de l'honneur allemand, a ouvert les
yeux l'Allemagne, si la jeunesse ne s'insurge pas enfin pour écraser ses bourreaux et bâtir
une nouvelle Europe spirituelle.
Etudiantes! Etudiants! Le peuple allemand a les yeux fixés sur nous! Il attend de nous,
comme en 1813, le renversement de Napoléon, en 1943, celui de la terreur nazie.
Béresina et Stalingrad flambent à l'Est, les morts de Stalingrad nous implorent!
Nous nous dressons contre l'asservissement de l'Europe par le National-Socialisme,
dans une affirmation nouvelle de liberté et d'honneur!


Lors de l'énoncé du verdict Hans Scholl aurait répondu au président du tribunal : "Dans quelques temps, c'est vous qui serez à notre place", ce qui ne manquait pas de courage.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Fév 2023 10:45 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15844
Localisation : Alsace, Zillisheim
L'ancienne secrétaire du Fuhrer avoue avoir éclatée en larmes lorsque, bien plus tard, elle a vu le "monument" qui indique le lieu de l'arrestation des Sophie et son frère. Elle l'a raconté à la télé plus tard, car ce que de "simples" étudiants avaient pu voir, elle qui était dans les coulisses du pouvoir, elle n'a l'avait pas vu.

C'est aussi cela qui participe à la "gloire" de la Rose Blanche. Non seulement ils ont su voir dans quelle folie ce régime entrainait l'Allemagne, mais ils ont osé se lever pour le dénoncer. Au vu de l'impact réel de leurs actions, on peut se dire que les sentences furent très lourdes. Mais ce sont ceux qui ont montré que tous les allemands pouvaient savoir ce qui était réellement en train de se passer. Ils seront nombreux, après guerre à dire qu'ils ne savaient pas, qu'ils ne faisaient que suivre les ordres... L'exemple des étudiants de la Rose Blanche montre que tous ces allemands étaient au minimum complices par leur refus de regarder les réalités en face.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 23 Fév 2023 10:35 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Oui, cela fait partie de ces zones d'ombre au sein de la population allemande sous le régime hitlérien : dans quelle mesure pouvaient/voulaient-ils savoir ?
Dans cet exemple Hans Scholl a pu observer les assassinats perpétrés sur le front Est sur les civils. Cela a marqué fortement son esprit et a guidé ce dernier dans la rédaction de ces six tracts.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 26 Fév 2023 5:46 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4433
Localisation : Versailles
Merci beaucoup pour ce rappel émouvant.

J'ignorais que les opposants allemands à Hitler le comparaient à Napoléon !

Sait on pourquoi ils furent jugés publiquement et condamnés à mort et non pas déportés ? Pour faire un exemple ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 26 Fév 2023 9:52 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Jerôme a écrit :
Sait on pourquoi ils furent jugés publiquement et condamnés à mort et non pas déportés ? Pour faire un exemple ?

Je pense que le régime a saisi l'occasion de faire un exemple.

Les déportés étaient en général classés NN (Nacht und Nebel) et donc disparaissaient sans information donnée aux familles. Dans ce cas, on a des résistants allemands qui en ont appelé à l'opinion publique : la sanction ne peut être que publique.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Mars 2023 16:38 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15844
Localisation : Alsace, Zillisheim
Le 06 mars 2023 décès de Traute Lafrenz, dernière survivante du groupe de résistance allemande "la rose blanche" à l'âge de 103 ans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Traute_Lafrenz

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Mars 2023 17:53 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Merci pour cette information.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 7 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 16 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB