mitra13 a écrit :
Par contre j'ai encore besoin d'eclaircissement par rapport à ces exemples. Au final qui etait le plus proche (ou le moins divergeant) d'erectus. sapiens ou neanderthal ?
Phénotypiquement, il faudrait un logiciel pour calculer quels squelettes s'éloignent le plus des
erectus, et encore, de quels
erectus.
mitra13 a écrit :
A t on trouvé des fossiles "africain" de transition entre erectus et sapiens et sous quel nom sont ils classifiés ?
*
Homo sapiens archaïque (au début des années 1990) en Chine (dès - 500.000), Ethiopie, Tanzanie (-400.000), Afrique du Sud (- 350.000), Grèce (- 300.000).
=> Cette appellation couvre probablement un effet d'annonce (" Nous avons trouvé notre ancêtre presapiens le plus ancien !").
=> En Chine, son affirmation entre - 500.000 et - 100.000 dénonce une affirmation nationaliste, voire xénophobe, que la Chine est le berceau du type
sapiens ou sinon qu'un type
sapiens-ancêtre-des-Han s'y est développé indépendamment de souches non chinoises.
(Il ne faut pas omettre les arguments paléontologiques des Chinois : leurs
erectus, sous-type sinanthrope, développe des caractéristiques osseuses locales qu'on retrouve ensuite chez les sapiens débarquant dans la région... La raison en est que les Chinois partisans d'une "évolution régionale" séparée
et les généticiens partisans d'un lignage sapiens se répandant depuis l'Afrique sans mélange avec les
erectus autochtones se trompent ensemble. La transmission de caractères d'
erectus locaux aux
sapiens ultérieurs semblent bien attester d'unions mixtes entre les différents types.)
=> En fait, cette appellation témoigne aussi d'une évolution convergente de la plupart des erectus de la planète : ils grandissent et leur face s'applatit tandis que leur volume cérébral augmente.
* La transition progressives des formes erectus vers les formes sapiens (un trait par-ci, un caractère par-là) fait même qu'on désigne ces formes encore intermédiaires d'
Homo sapiens par opposition à
Homo sapiens sapiens, notre forme actuelle.
***
Toutes ces précautions me paraissent attester de la volonté des paléontologues du XXe siècle d'éloigner de notre type la parenté
erectus, de la reculer à des temps les plus lointains possibles et de la minimiser aux premières apparitions du type
sapiens. D'où ces mythes d'Adam et Eve génétiques, qui auraient engendré seuls toute l'humanité moderne, ou ces spéciations sans preuve de non interfécondabilité, alors que nous ne serions que des
Homo sapiens sapiens descendant tous d'
Homo sapiens habilis,
sapiens ergaster et
sapiens erectus, voir
sapiens heidelbergensis et
sapiens neanderthalensis interféconds, et j'en oublie.
***
Vous me faites penser en passant que les prénéandertaliens étaient encore baptisés homme de Tautavel,
Homo erectus tautavelensis,
Homo heidelbergensis,
Homo sapiens archaïque pré-néandertalien.
mitra13 a écrit :
Tres juste. la difficulté est alors d'identifier quel(s) avantage(s) culturel(s) a permis a sapiens a s'imposer sur un biotope ou à la base neandertal etait physiologiquement mieu adapté.
On peut faire l'hypothèse d'outillage (taille des lames) plus efficace, plus productif.
De manière générale, les populations humaines supplantant les autres semblent dotées de lames plus dures et plus durables.
Attention aussi à ne pas se leurrer sur le type Neandertal : par finalisme, on attribue peut-être ses caractéristiques à une adaptation à son milieu quand elles pourraient n'en être pas, ou pas toutes. Voyez d'ailleurs comme notre propre type s'adapte bien du pôle à l'Equateur et du désert aux archipels. Imaginez nos futurs paléontologues narrer combien notre type était adapté au climat dans 200.000 ans...
Enfin, ce n'est pas parce que l'évolution physiologique n'est pas la seule réponse qu'elle n'est pas la réponse ou une partie de la réponse. Personnellement, je pense même que les types non
sapiens ont disparu par délit de faciès parce que les humains, depuis le début auraient préféré se croiser avec des humains présentant les traits les plus juvéniles possibles, parce que plus "mignons", ce qui expliquerait la néoténisation (juvénilisation phénotypique) des humains partout dans le monde, y compris au sein de populations séparées comme les prénéandertaliens (ce qui a donné l'illusion d'une "sapienisation" des
erectus isolés en Europe ou de l'ensemble des erectus répartis dans le monde, comme en Chine, en l'absence de souches et de caractères
sapiens proprement dits).
Peut-être que tout ce qui reste des types
habilis,
erectus, Neandertal et
sapiens, c'est le type
sapiens parce qu'il est celui qui ressemble le plus à un bébé humain, celui qui mobilise statistiquement le plus nos instincts de protection, de tendresse, d'amour.
mitra13 a écrit :
Sur la selection sexuelle ça signifie qu'une partie des neandertal aurait considéré sapiens comme meilleur porteur de genes (et /ou vice et versa) alors ?
Je fais l'hypothèse de "gènes mignons", des gènes sélectionnés parce qu'ils nous donnent un aspect le plus juvénile possible.
Dans le développement anatomique des primates, les hommes ont même un aspect foetal (pieds, nudité, grosse tête ronde à la face aplatie, angle visage/colonne vertébrale, sexe féminin orienté sous le nombril...).
mitra13 a écrit :
ou bien la petite partie d' ADN commun ne peut il pas s'expliquer par un ancetre commun sans forcement passer par l'hybridation ?
Oui, c'est bien le défi posé aux paléogénéticiens.
Mais leur plus grosse limite est qu'un gène est comme un patronyme qui cache la forêt de patronymes et d'anonymes qui vous ont engendré. Et ce n'est pas parce qu'un patronyme disparaît qu'il n'a rien engendré d'actuel ! On peut très bien imaginer que des Neandertal comptent parmi nos ancêtres mais que tous leurs gènes décrétés comme spécifiques aient disparu parmi leurs descendants.
Je ne parle même pas de notre lignage nécessairement (statistiquement, parce que la faiblesse des populations préhistoriques ou même historiques ne permettent pas de séparer indéfiniment nos 2 milliards 147 millions 483 mille 648 ancêtres théoriques au-delà de 31 générations, soit 800 ans) incestueux qui fait que nos ancêtres paternels sont également nos ancêtres maternels, et qu'encore ils remplissent plusieurs titres (à la fois pères, frères, oncles, cousins...) sur plusieurs générations dans nos lointains arbres généalogiques à jamais inconnus.