Comme vous le constaterez, la plupart des exemples donnés sont des gisants de la basilique de Saint-Denis qui constituent à mon sens les meilleurs modèles de l’art funéraire français pour l’époque médiévale et pour la renaissance.
L’art funéraire en France des Mérovingiens au XIIe siècle.
Les Mérovingiens (Ve-VIIIe siècles).
C’est sous l’influence des textes des pères de l’église que les choses vont peu à peu changer. En effet, suivant leurs textes, le clergé va peu à peu refuser d’encombrer les églises avec des monuments funéraires de tailles importantes.
On trouve pour cette époque de types de monuments. Le premier et le plus simple est la dalle sur laquelle on portait le nom du défunt avec un court texte. Au point de vue du décor, on trouve toujours les mêmes motifs que dans l’art paléochrétiens, porteurs du même sens.
Le second type de monument est le sarcophage. Son décor se simplifie énormément. On rencontre encore quelques exemples de sarcophages sculptés, comme dans l’enfeu des comtes de Toulouse dans la basilique Saint-Sernin de Toulouse, mais le décor ne se limite plus qu’à des rinceaux végétaux. En général, le sarcophage est nu et porte sur son couvercle une grande croix.
Les Carolingiens (VIIIe-Xe siècles).
C’est à cette époque que l’on renoue peu à peu avec la figuration humaine sur les monuments funéraires. C’est également à ce moment là qu’apparaît la figure du gisant (du verbe gésir, c'est-à-dire être allongé). On sait par les textes que les premières figures de gisants étaient en stuc. En sculpture, jusqu’au XIIIe siècle, le terme gisant désigne la représentation d’un être idéalisé, ni vivant, ni mort. Ses yeux ouverts montre qu’il attend le retour du Sauveur, qui dans les textes doit revenir tel le soleil de l’orient vers l’occident. Il peut porter les attributs de sa fonction, ainsi, un ecclésiastique portera la crosse, la mitre ou les vêtements sacerdotaux, un chevalier une épée, un roi, le sceptre, la couronne et la main de justice. Le gisant le plus ancien conservé est celui de Rodolphe de Souabe (décédé en 1080). En France, il s’agit de celui de l’abbé Isarn de Saint-Victor de Marseille qui est daté de la fin du XIe siècle.
Quant on tombe de Charlemagne, on ne sait pas du tout à quoi il ressemblait.
La sculpture funéraire sous les premiers capétiens.
C’est entre le Xe et le XIIe siècle que se mettent en place les conventions iconographique et les techniques de sculpture des gisants. Au départ, il s’agit de dalles sculptées directement, puis le relief devient peu à peu saillant.
Le deux gisants les plus anciens connus pour le nord de la France sont ceux de Childebert et de Frédégonde réalisés au milieu du XIIe siècle pour l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et transportés au XIXe siècle dans la basilique de Saint-Denis où on peut toujours les voir aujourd’hui.
Gisant de Childebert
Ce gisant a été réalisé vers 1163. Originellement placée dans l’abbaye Saint-Vincent Sainte-Croix (qui deviendra par la suite l’abbaye Saint-Germain-des-Prés), cette dalle de pierre en forme de trapèze a été taillée en cuvette, c’est-à-dire que la sculpture se contente de dégager les reliefs du corps, ce qui permet d’économiser de la matière. Le souverain semble figé dans son éternité. Dans une de ses mains, il tient le sceptre, symbole de l’autorité royale, alors que dans l’autre, il tient une édifice religieux qui est l’abbatiale de Saint-Vincent Sainte-Croix dont le roi est le fondateur et protecteur.
Frédégonde
Il s’agit ici d’une dalle figurative plus que d’un gisant. Elle a également été réalisée aux alentours de 1163 suivant une technique marginale qui rappelle à la fois le cloisonné de l’orfèvrerie et la mosaïque. Il faut y voir ici le souvenir d’une esthétique barbare. Les mains, les pieds et la tête étaient peints.
On trouve également des tombeaux en métal, que ce soit en bronze, cuivre, or ou argent. Ils sont en général émaillés.
Jean de France et Blanche de France.
Ces deux gisants, datés du second quart du XIIe siècle et représentant deux des enfants de saint Louis et de Marguerite de Provence, étaient à l’origine placés dans un enfeu de l’abbatiale de Royaumont. En effet, si Saint-Denis était la nécropole des souverains, Louis IX avait voulu faire de Royaumont la nécropole des princes de la maison de France. Ils sont en cuivre épais émaillé suivant al technique du champlevage. Le décor présente de nombreux écussons héraldiques. Jean porte un sceptre, ce qui est surprenant dans la mesure où il n’est que cadet et non par héritier du trône, alors que Blanche porte ce qui semble être une balle à jeu. Les deux gisants ont été fortement restaurés au cours du XIXe siècle.
A suivre, la suite du XIIe siècle et la fin de la période médiévale...