Liber censualis a écrit :
Hypothèse ici
https://books.openedition.org/pur/40014?lang=fr note 45 : "
Sans doute cet unique tyran est-il Louis XI, ... "
Il n'y a rien d'affirmatif et je retiens le " …
sans doute..." qui pourtant fait déjà un rallié.
Retour à l'écrivain :
[ ...
Le sang noble et doux des Capet ne se reposoit de produire des héros que pour faire des rois honnêtes hommes. … Les uns furent appelés sages, bons, justes, bien aimés ; les autres surnommés grands, augustes, pères des lettres et de la patrie. Quelques-uns eurent des passions qu'ils expièrent par des malheurs … Les Bourbons , dernière branche de cet arbre sacré...]
Après s'être donné tant de mal à nous démontrer une royauté plus blanche que blanche, il entacherait la branche d'un tel arbre ? j'hésite un peu à franchir le pas.
Le moindre écart royal -non payé content- risquait d'interpeller le lecteur et de se dire : "
Et bien, même chez ces rois, il en fut un... Alors la France pouvait se permettre un tyran et quel tyran ! On aura au moins eu la grandeur...". Chateaubriand lui-même en conviendra plus tardivement.
Le pamphlet est destiné -non pas aux philosophes donnant dans le comparatif- et pas même à ausculter les états d'âme des penseurs de tous genres et étages mais à rassembler sous une même bannière : la royauté et son représentant :
[
Les fonctions attachées à ce titre sont si connues des Français , qu'ils n'ont pas besoin de se le faire expliquer ; le Roi leur représente aussitôt l'idée de l'autorité légitime, de l'ordre , de la paix, de la liberté légale et monarchique. Les souvenirs de la vieille France , la religion , les antiques usages, les moeurs de la famille, les habitudes de notre enfance , le berceau , le tombeau , tout se rattache à ce mot sacré de roi : il n'effraie personne; au contraire , il rassure. … Le roi, le magistrat, le père ; un Français confond ces idées. Il ne sait ce que c'est qu'un empereur; il ne connoît pas la nature , la forme , la limite du pouvoir attaché à ce titre étranger.
Mais il sait ce que c'est qu'un monarque descendant de saint Louis et de Henri IV : c'est un chef dont la puissance paternelle est réglée par des institutions, tempérée parles moeurs, adoucie et rendue excellente par le temps … Le sang noble et doux des Capet ne se reposoit de produire des héros que pour faire des rois honnêtes hommes.].
Se donner tant de mal pour risquer de voir l'étayage s'effondrer à cause d'une exception. D'après Chateaubriand, les rois qui se sont -en chemin- un peu égaré, la nature ou le trépas sont venus y remédier.
Le texte présenté par vous a des analyses étranges :
«
... Soit une « parole-acte », qui rendait Chateaubriand «
indispensable aux Bourbons », comme l’écrit M. Fumaroli ».
En rien Ch. Fut indispensable aux Bourbons sinon pour ce travail. Preuve, ils s'en séparèrent. Chateaubriand n'était indispensable qu'à lui-même. Son cursus le fera éternel opposant au point de na pas hésiter à mettre bas un ministre et risquer de rompre le bel équilibre tant souhaité par lui.
J'aime cette phrase très pensée : "
… Notre questionnement s’inscrit bien dans l’opposition entre les deux « B », qui est au cœur du propos de Chateaubriand. Celui-ci le décline en deux temps, plaçant l’un essentiellement du côté de Bonaparte, l’autre du côté des Bourbons.".
Nul besoin d'aller très loin en lecture, le titre du pamphlet suffit.
Puis la définition de l'emploi du "
Nous". Je trouve que l'auteur se tort un peu l'esprit en oubliant les facilités qu'offre la rhétorique. Ce "
nous" fait passer le lecteur en acteur d'une pensée, d'un choix. Le lecteur se range d'autorité au même niveau que l'auteur sans avoir à travailler bien fort ou bien profondément sa pensée. Là est le but de Chateaubriand : qu'importe la qualité, il faut le nombre.
Autre analyse percutante :
"
Mais Chateaubriand ne refuse pas d’instruire le dossier. Et, comme on s’y attend, il le fait plutôt à charge qu’à décharge."
J'arrête ici car l'auteur, aux jeux des "
Métamorphoses", est loin d'égaler Ovide.
Je reste sur le "…
sans doute..." un peu vite oublié.
Alors Louis XI, pourquoi pas ? Après tout, il faisait partie des éventualités pour ceux qui se sont donné la peine de lire l'entièreté du pamphlet.