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Message Publié : 10 Août 2020 12:13 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Qui pourrait m'indiquer quelques éléments chiffrés sur le public du théâtre à Paris à l'âge classique - disons grosso modo de 1630 à 1830 ( de Corneille à Hugo) ?

Combien y avait il de théâtres ? Et surtout combien de spectateurs ?

Et avec plus de précisions combien de Parisiens se rendaient ils au théâtre à cette époque ? De quel milieu social étaient ils issus ? Y a t il eu des changements sensibles avec la Révolution ?

Merci d'avance à qui voudra bien m'éclairer !


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Message Publié : 11 Août 2020 11:23 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
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Premier élément de réponse - immortelle - chez Musset :

Une soirée perdue

J'étais seul, l'autre soir, au Théâtre Français,
Ou presque seul ; l'auteur n'avait pas grand succès.
Ce n'était que Molière, et nous savons de reste
Que ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste,
Ignora le bel art de chatouiller l'esprit
Et de servir à point un dénoûment bien cuit.

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 11 Août 2020 12:33 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
On peut trouver plusieurs éléments de réponses. Aussi bien dans la presse de l'époque (cf Galica), que dans des romans, des livres d'histoires, qu'ils soient sur des styles, des musiciens, des chanteurs, des ...

Apparemment, il y avait un public populaire qui occupait les places les moins chères et les plus éloignées de la scène. Certains, aussi bien des critiques que des auteurs de romans, se plaignent du fait qu'ils se manifestaient bruyamment. Donc, on peu croire qu'ils étaient nombreux.

En ce qui concerne la musique et l'opéra, j'ai trouvé des témoignages indirect dans un livre intitulé "La musique - de la nuit des temps aux aurores nouvelles", écrit par Antoine Galéa. L'auteur se plaint qu'à de nombreuses époques on a méprisé la musique s'en servant juste d'un accompagnement à des pièces de théâtre ou à des "opéra" où le nom du librettiste était plus important que celui du compositeur et dont les œuvres servaient surtout aux démonstrations des capacités vocales des vedettes de l'époque dans leur maîtrise du "bel canto" (que l'auteur ne semble pas apprécier du tout).

Bref, il semble que la moindre petit ville possédait une ou deux salles de spectacles. Qu'on y donnait régulièrement divers spectacles, et que des impressari faisaient tourner des troupes de chanteurs, de comédiens, de musiciens à travers toute l'Europe. Mais, en fait, c'était des tournées "a-minima", dans le sens où c'était rarement des orchestres entiers qui tournaient, mais souvent les meilleurs musiciens qui jouaient donc accompagnés par des musiciens locaux. Cela semble aussi être le cas de certaines pièces de théâtre où on faisait appel à des acteurs locaux pour tenir, le temps d'une soirée, les petits rôles secondaires. Dans les grandes villes, il y avait des orchestres réputés, et où les artistes étaient parfois bien payés, ce qui explique l'acharnement de certains compositeurs pour obtenir des places de choix dans ces villes. Pour ce donner un ordre d'idée, ce n'est qu'au XIXème siècle qu'on voit apparaitre des artistes indépendants qui vont réussir à vivre sans être "Maître de chapelle" ou lié par un contrat à une ville.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 11 Août 2020 19:15 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Merci à Narduccio pour cette intéressante réponse. Pourrais je avoir en outre quelques chiffres précis ou des livres ou articles sur ce sujet ?


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Message Publié : 11 Août 2020 20:12 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Histoire du théâtre

atathéâtre

Revue d'Histoire du Théâtre

Les 5 meilleurs livres sur l'histoire du théâtre.

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Message Publié : 11 Août 2020 21:26 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2232
Je pense que l’ouvrage de référence le plus facile à trouver est l’Histoire du théâtre dessinée d’ André Degaine, Nizet, 1992. Les articles de wikipedia sur l’Hôtel de Bourgogne, sur le théâtre italien de Paris et les autres articles vers lesquels ces premiers renvoient sont riches d’informations.

Entre 1630 et 1830 il s’est passé beaucoup de choses, je dirais même que tout a changé. C’est du début du dix-neuvième siècle qu’on peut dater le théâtre tel que nous le connaissons.

Les spectacles de théâtre étaient sous l’Ancien Régime très réglementés, tant par l’Église que par le pouvoir royal et, à certains égards, très mal vus. Le métier de comédien n’était guère mieux considérée que celui de prostituée. Les comédiens n’avaient notamment droit à des obsèques religieuses que s’ils s’étaient repentis avant de mourir. Cela étant, la très dévote Madame de Maintenon a demandé à Racine d’écrire Esther et Athalie qui devait être jouées par ses protégées pensionnaires de la Maison Royale de Saint-Cyr. Difficile à comprendre. Les interdits religieux n’ont été définitivement levés que dans le milieu du dix-neuvième siècle.

Avant la Révolution, il y avait peu de salles de spectacles publiques. L’hôtel de Bourgogne, construit en 1548 est probablement le premier. Cela étant, des spectacles ont toujours été donnés à Paris dans divers bâtiments dont ce n’était pas la destination première tel le Palais Royal. A la veille de la Révolution, il y avait à Paris cinq grandes salles, l’Opéra, les Italiens, celles de la Comédie Française dans le palais des Tuileries, la Gaîté et l’Odéon (Théâtre Français) ainsi qu’une douzaine de salles plus petites. A la veille de la révolution de 1830, il y en avait plus d’une trentaine, accessibles aux petites gens à condition qu’elles se contentent du poulailler alors qu’il fallait compter au moins trois livres à la fin du siècle précédent, ce qui n’était pas à la portée de toutes les bourses. En province, les salles de spectacle permanentes sont très peu nombreuses avant la Révolution. L’une des premières à été inaugurée à Montpellier en 1755.


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