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Message Publié : 17 Jan 2024 18:18 
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Pierma a écrit :
Si je pense qu'il a pu y avoir quelques nostalgiques du Reich parmi les anciens combattants, pour moi il ne peut s'agir que d'engagés volontaires - il y en a eu - et pas des véritables malgré-nous, intégrés à la Wehrmacht sous la menace.

Effectivement et comme dans toutes les régions de France (et d'Europe) il y a eu ce type de personnes, nazies dans l'âme ou simples exaltées. Mais pas davantage en Alsace-Moselle qu'ailleurs.
D'ailleurs il faut faire très attention à ces "engagés volontaires" d'Alsace-Moselle, car dans le grand coup de balai réalisé par les autorités allemandes à l'été 1940, tout ce qui était considéré comme trop "Français" avait été expulsé (les juifs également au passage) et des "Allemands", qui avaient dû partir en 1919 d'Alsace-Lorraine, avaient été réinstallés. Beaucoup parmi ces derniers occupèrent des fonctions politiques, policières et administratives dans l'Alsace-Moselle annexée. Ils étaient considérés comme plus "surs" que les autres qui avaient été à nouveau "francisés" pendant l'Entre-deux-Guerres et s'ils s'étaient vraiment sentis "Allemands" ils seraient partis en 1919.
Ces Alsaciens-Mosellans étaient considérés par les autorités allemandes comme des "sous-Allemands" qu'il fallait rééduquer, elles les méprisaient et les humiliaient en permanence. Ces populations annexées leur rendaient bien.
Il y avait à ce qu'il parait un concours qui était opéré entre des alsacienne incorporées de force dans le RAD en 1942 pour raconter n'importe quoi au moment de prêter serment de fidélité à Hitler. Les autorités n'étant pas dupes, elles obligeaient les "meneuses" à formuler ce serment seules devant tout le monde. Il n'y avait plus de place laissée à ce que la langue fourche...
Des anecdotes également du quotidien : le salut hitlérien étant obligatoire lorsqu'on se rencontrait dans la rue (surtout à la campagne) et les autorités allemandes y veillaient. Certains Alsaciens levaient le bras devant leurs voisins en disant des âneries du type :"regarde comme l'herbe est haute !". Là aussi des formules humoristiques étaient recherchées pour éviter de complaire au nouveau maître qui voulait nazifier la région.
Encore une fois, il n'y a que des extrémistes ou des ignares pour penser que ces populations regrettèrent le temps de l'annexion.

Pierma a écrit :
En 70 précisément, ma mère m'a inscrite dans la classe de 6ème où on enseignait l'allemand première langue.

Cela est normal, l'allemand étant considéré par l'élite française - jusqu'à ce que l'anglais s'impose dans les années 1990 - comme la langue vivante par excellence à étudier (avec le latin et le grec du côté des "mortes").
Cela était également le cas en Alsace mais pour des raisons culturelles et surtout politiques. Les élites alsaciennes, dans l'optique d'insérer la population active alsacienne sur le marché du travail allemand, ont toujours poussé la population à apprendre cette langue. C'est pour la même raison que l'enseignement de la "langue régionale" enseignée dès la maternelle est l'allemand et non l'alsacien (les explications linguistiques sont bien trop alambiquées pour faire croire que cela était impossible).

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Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 17 Jan 2024 18:35 
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Attention tout de même avec l'interprétation des sentiments "patriotiques" en Alsace ...
Il est certain que les nazis ont réussi le tour de force, en quelques mois de 1940, de vacciner 80% des Alsaciens contre le nazisme et de montrer clairement la différence entre le IIe et le IIIe Reich. Pour autant les valeurs d'ordre, d'une certaine discipline sont toujours associés à un germanisme bon teint dont la réputation dépasse les propos de comptoirs. Les emplois bien payés de l'autre côté de la frontière vont dans le même sens, sans que ce soit vu comme une atteinte à l'honneur national.

A noter aussi que les autonomistes et régionalistes de 1940 ont été abusés (pas tous !) en s'appuyant sur les services allemands. Ces contacts et généreux financements sont d'ailleurs antérieurs à 1933. Mais après juin 1940, il devint compliqué de concilier autonomisme alsacien en défense des valeurs chrétiennes et athéisme (sans parler des autres références) nazi. Voir le cas de J ROSSE par ex.

Concernant les instituteurs alsaciens, j'ai remarqué dans les dossiers d'archives de fréquentes proximités avec l'autonomisme "nazi compatible", ce qui semble peu éloigné de la position de HUSSER. Une conséquence : les fils sont souvent incités à adhérer aux organisations locales et à y faire du zèle. J'en retrouve beaucoup engagés volontaires Wehrmacht, SS (Waffen), avec parfois des parcours les menant à l'épaulette. Mais ce n'est pas tendance d'en parler. Peut-être est-ce envisageable ici ?

On s'éloigne ici de G SAJER ...
JD


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Message Publié : 17 Jan 2024 18:45 
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Pierre de L'Estoile
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Pierma a écrit :
En 70 précisément, ma mère m'a inscrite dans la classe de 6ème où on enseignait l'allemand première langue. Non pas pour la langue elle-même, mais parce que ces classes-là étaient réputés regrouper les meilleurs élèves. Ce qui était le cas, modestie à part, et j'ai eu beau répéter que je voulais apprendre l'anglais, elle n'a jamais cédé. De fait la 6ème 1 était la meilleure du lycée. (Ce genre de réputation coûte cher : on a eu aussi les profs les plus exigeants.) :rool:

Votre mère a eu raison ! : les collégiens choisissant anglais en deuxième langue rattrapent leur retard sur ceux qui l'ont pris en première langue car l'anglais est familier à la jeunesse (par le rock par exemple)
Pour l'allemand, c'est une autre histoire :)
j'ai essayé de l'apprendre avec la SERP en plus de mes cours de 4eme
:arrow:

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 17 Jan 2024 19:08 
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Barbetorte a écrit :
En 1914, à l’exception d’une petite minorité restée attachée à la France, les Alsaciens, qui étaient en droit citoyens de l’empire allemand et dont la culture était germanique, se sentaient allemands.


Début 1913, votre phrase est presque juste. Fin novembre 1913, ils savaient qu'ils étaient des citoyens de seconde zone, suite à l'affaire de Saverne.

D'août 1914 à novembre 1918, l'Alsace a été gérée par un gouverneur militaire. Imaginez, est-ce qu'on délègue la gestion d'une région entière à un gouverneur militaire... Là, les alsaciens ont bien compris qu'ils étaient des allemands de seconde zone. Surtout que le gouverneur militaire a sû prendre de nombreuses mesures vexatoires envers les habitants de l'Alsace.

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Message Publié : 17 Jan 2024 19:28 
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JARDIN DAVID a écrit :
Attention tout de même avec l'interprétation des sentiments "patriotiques" en Alsace ...
Il est certain que les nazis ont réussi le tour de force, en quelques mois de 1940, de vacciner 80% des Alsaciens contre le nazisme et de montrer clairement la différence entre le IIe et le IIIe Reich. [...] Mais ce n'est pas tendance d'en parler. Peut-être est-ce envisageable ici ?

Il n'y a aucun problème, d'autant plus que vous êtes dans la nuance, qui s'approche des réalités et dépasse les clichés qu'on a pu lire plus haut.
Personne n'a prétendu qu'il n'y avait pas d'Alsaciens, souvent touchés par les dérives autonomistes de l'Entre-deux-Guerres, à ne pas avoir accueilli - au départ en tout cas - les Allemands avec une certaine bienveillance et à s'être engagés sur la ligne nazie.

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Message Publié : 17 Jan 2024 21:48 
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Pierre de L'Estoile
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Duc de Raguse a écrit :
Je le répète, car ce sont les faits : une écrasante majorité n'exprime qu'aversion par rapport à cette dernière et prétendre l'inverse est simplement mensonger en tout cas témoigne d'une méconnaissance totale de ce territoire et de sa population.
Les Allemands demeurent malaimés dans cette région également en raison du vécu de ces annexions multiples et surtout de la terreur nazie (le Français parfois aussi chez certains "autonomistes", mais il est simplement moqué, l'Allemand lui est insulté au regard des maux commis par un passé, qui n'est pas encore totalement passé).

J’ai vécu à Strasbourg de 1965 à 175 et j’ai fait toutes mes études secondaires au lycée Kléber.
Je n’ai pas constaté au cours de ces dix ans d’aversion particulière envers les Allemands. En revanche j’ai constaté une certaine aversion en dehors de l’Alsace de la part de personnes suffisamment âgées pour avoir connu l'Occupation. Mais il est possible que je mente ou que, malgré les dix ans que j’ai passés en Alsace, j’ai une méconnaissance totale de ce territoire et de sa population.

Je mens peut-être si je raconte qu'à Strasbourg, dans un défilé de carnaval, figuraient des gens vêtus du pyjama rayé porté par les détenus des camps de concentration nazis. L’ambiance était festive et les figurants comme les spectateurs s’amusaient bien. Bizarre et de mauvais goût c’est sûr, mais je l’ai vu.

Je mens peut-être en disant que beaucoup d’Alsaciens regardaient la télévision allemande, en particulier nos voisins du dessus, un couple d’un certain âge de confession juive qui avait certainement de très bonnes raisons de ne pas aimer les Allemands.

Je mens peut-être lorsque je mentionne que le chanteur Heintje, totalement inconnu en France en dehors de l’Alsace, avait du succès auprès des Alsaciens malgré leur aversion anti-allemande supposée.

Duc de Raguse a écrit :
Que savons-nous au juste sur lui ? [Philippe Husser]
Encore une fois s'il enseigne encore après juillet 1940, c'est qu'il est en phase avec le régime nazi.
Quant au fait qu'il représente la majorité des Alsaciens (il faudra également l'expliquer à ceux qui ont été expulsés, déportés au Struthof, en Allemagne, au camp de Schirmeck ou qui ne sont pas rentrés après l'Exode...), rien n'est moins certain.

En lisant le journal de Philippe Husser vous aurez une bonne idée de qui il était. L’ouvrage a été édité en 1989 avec un certain succès et réédité par le Livre de Poche.
Philippe Husser n’enseignait plus en 1940, il avait pris sa retraite en 1928. En 1940 il avait 78 ans.

Le caractère de Husser s’oppose à celui de Hansi. Le premier prend les évènements avec fatalisme. Lorsque la région où il est né et où il vit est annexée, il prend acte de la nouvelle nationalité qu’on lui attribue à chaque nouvelle annexion dont il a de bonnes raisons de penser qu’elle est définitive. Le second est un patriote français qui fait acte de résistance dans l’empire allemand avant l’armistice de 1918 . Il n’est pas évident que le second soit plus représentatif de la majorité des Alsaciens que le premier et penser l’inverse n’est pas faire injure à ceux qui ont été expulsés, déportés au Struthof, en Allemagne, au camp de Schirmeck ou qui ne sont pas rentrés après l'Exode. En fait la patrie du premier est l’Alsace. Pour lui le plus important n’est pas la nationalité qu’on lui impose mais la paix entre l’Allemagne et la France dans un respect mutuel. Ce n’est pas honteux. D’ailleurs on envoyait à Schirmeck ou au Sruthof tous ceux qui ne plaisaient pas au régime nazi, régionalistes alsaciens compris. Observons que l’état d’esprit des actuels indépendantistes ou régionalistes corses est très voisin de celui des indépendantistes ou régionalistes Alsaciens qui s’exprimaient dans l’entre-deux guerres. On n’est pas obligé de l’adopter mais on ne peut le condamner.

Duc de Raguse a écrit :
Quelle profonde méconnaissance des réalités...
Tout d'abord il n'y avait pas d'enseignement d'espagnol en collège dans ces années. Ensuite, les lycées qui le proposaient se comptaient sur les doigts d'une main. Politiquement l'allemand était préconisé et les professeurs d'anglais faisaient souvent défaut (ce qui n'est heureusement plus le cas aujourd'hui).

C’est vous qui manifestez une profonde méconnaissance des réalités. Je le répète, à cette époque j’étais élève dans le collège et lycée Kléber de Strasbourg. Y avait-il un manque de professeurs d’anglais à cette époque ? Peut-être. Je n’en sais rien. Ce que je sais en toute certitude est qu’à Strasbourg on pouvait opter en sixième en toute liberté ou pour l’anglais ou pour l’allemand. L’allemand était majoritaire parce que c’était le choix de la majorité des familles. Il n’y avait pas besoin de pression politique. A Strasbourg il y a une forte demande des familles pour l’apprentissage de l’Allemand comme à Perpignan il y a une demande pour l’espagnol et à Nice une demande pour l’italien. Je ne me rappelle pas si l’espagnol était proposé en sixième à Strasbourg. Mais il l’était comme deuxième langue à partir de la quatrième au collège. Mes deux frères ont commencé à apprendre l’espagnol au collège en quatrième.

Duc de Raguse a écrit :
Savez-vous que l'allemand est la "langue régionale" (comme le basque, le corse ou le breton) qui est enseignée en Alsace à partir de la maternelle ?
Bien entendu qu'il n'y a pas de choix pour une autre langue à l'école.

Oui, je sais, et alors ? Vous voudriez qu’à Montauban on ait le choix de la langue régionale occitan ou breton ? Cela n’aurait aucun sens. S’il est décidé d’enseigner les langues régionales, on enseigne évidemment la langue régionale du lieu. Cette question n’a rien à voir avec la question de l’enseignement des langues étrangères. Sur le site de l’académie de Strasbourg il est précisé que le terme « langue régionale » inclut les divers dialectes parlés en Alsace. L’explication en est qu’il n’est pas possible de distinguer une langue allemande et une langue alsacienne. Il existe diverses variantes de la langue régionale parlée en Alsace mais la forme écrite commune à toutes ces variantes, est l’allemand standard. Le même problème se pose pour toutes les langues régionales. Il faut parvenir à faire une synthèse au risque que les derniers locuteurs naturels ne reconnaissent pas leur dialecte dans ce qui est enseigné de façon académique. Le breton parlé à Morlaix n’est pas tout à fait celui de Vannes. Comment faire ?

Duc de Raguse a écrit :
Encore une fois, il n'y a que des extrémistes ou des ignares pour penser que ces populations regrettèrent le temps de l'annexion.

Personne au cours de cette discussion, certainement pas moi, n’a dit ni même insinué que la population alsacienne a regretté le temps de l’annexion. Ne faites pas de faux procès.


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Message Publié : 17 Jan 2024 23:12 
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Barbetorte a écrit :
J’ai vécu à Strasbourg de 1965 à 175 et j’ai fait toutes mes études secondaires au lycée Kléber.
Je n’ai pas constaté au cours de ces dix ans d’aversion particulière envers les Allemands. En revanche j’ai constaté une certaine aversion en dehors de l’Alsace de la part de personnes suffisamment âgées pour avoir connu l'Occupation. Mais il est possible que je mente ou que, malgré les dix ans que j’ai passés en Alsace, j’ai une méconnaissance totale de ce territoire et de sa population.

Pourriez-vous cesser de rechercher inutilement une polémique et de me faire écrire des choses que je n'ai pas écrites ?
J'ai évoqué une aversion de l'écrasante majorité des Alsaciens pour la période de l'annexion nazie de cette région - c'était le message initial autour des discussions dans les cafés alsaciens des années 1980 que vous jugiez plausibles, mais "choquantes" - et du fait que les Allemands soient le plus souvent malaimés par ceux-ci, justement en souvenir de cette époque.
Merci donc de ne pas me faire écrire ce que je n'ai pas écrit.
D'ailleurs la cuisinière de De Gaulle - votre exemple pour prouver que les "Français de l'intérieur", à la différence des Alsaciens, auraient conservé une rancoeur contre les Allemands -, qui était alsacienne et qui aurait refusé de servir le chancelier Adenauer, me semble un très bon exemple.
Pourquoi ne le citez-vous plus ?

Barbetorte a écrit :
Je mens peut-être en disant que beaucoup d’Alsaciens regardaient la télévision allemande

Personne ne dit que vous mentez, mais cette pratique culturelle très banale ne veut pas pour autant dire que la population alsacienne ne conserve pas un mauvais souvenir de cette période, de l'autorité allemande en général et se montre parfois sur la défensive devant des Allemands. Les souffrances et les humiliations vécues pendant la guerre se sont transmises dans les familles sur plusieurs générations.
C'est autre chose que de regarder des variétés ou des spectacles en langue allemande à la télévision. Le divertissement n'appelle généralement pas la méfiance : le folklore bavarois filmé ne rappelle pas les atrocités nazis.
Ne faites-vous pas la différence ?

Barbetorte a écrit :
Philippe Husser n’enseignait plus en 1940, il avait pris sa retraite en 1928. En 1940 il avait 78 ans.

Il fait tout de même partie du profil de "rallié", "compatible avec le nazisme", comme l'écrivait un autre intervenant plus haut.
Son cas n'est pas forcément représentatif de la majorité de la population de l'époque.
Lisez tous les témoignages (il n'y en a pas un, mais plusieurs dizaines) contenus dans les liens que j'ai placés plus haut pour vous faire une idée.
Je vais tout de même citer le témoignage du médiéviste Francis Rapp sur la terreur qui régnait alors à Strasbourg en 1942 et qui frappait également cette jeunesse alsacienne : "Des arrestations avaient lieu. Sur ce qui se passait rue Sellénick, dans les locaux de la Gestapo, on racontait des choses effrayantes. Des camarades de classe disparaissaient pour revenir deux ou trois mois plus tard, émaciés, tondus et muets"
Pensez-vous, même si le temps leur a fait comprendre que l'Allemagne ne rimait pas systématiquement avec l'hitlérisme (Francis Rapp l'avait également compris lorsqu'il était lycéen), que ces personnes, leur famille, leurs amis, aient pu conserver de la sympathie pour tout ce qui représentait l'Allemagne dans les vingt années qui suivirent l'annexion (voire après) ? En ce sens la réaction de la cuisinière de Charles de Gaulle est plus que symbolique, elle est représentative. Combien de Strasbourgeois ont témoigné après la guerre qu'ils avaient peur du retour des Allemands (ils ne disaient pas nazis), combien ont été terrorisés dans le nord du Bas-Rhin lorsque l'opération Nordwind avait été déclenchée, que les Allemands rencontraient des succès ponctuels et que les Américains battaient en retraite et voulaient évacuer Strasbourg, d'un retour des Allemands ?
L'être humain est primaire : il ne voit pas de prime abord l'idéologie, il voit avant tout les uniformes, les hommes qui les portent et la langue qu'ils parlent.

Barbetorte a écrit :
D’ailleurs on envoyait à Schirmeck ou au Sruthof tous ceux qui ne plaisaient pas au régime nazi, régionalistes alsaciens compris.

Lorsqu'ils n'ont plus voulu jouer le jeu des nazis, oui, mais pas au départ (encore que il y a eu tellement de cas...), la place Kléber fut débaptisée pour porter le nom de l'un d'entre eux, fusillé par les Français pour espionnage au début du conflit.

Barbetorte a écrit :
Observons que l’état d’esprit des actuels indépendantistes ou régionalistes corses est très voisin de celui des indépendantistes ou régionalistes Alsaciens qui s’exprimaient dans l’entre-deux guerres. On n’est pas obligé de l’adopter mais on ne peut le condamner.

Les pains de plastic et les assassinats en moins et puis il y avait un dégradé chez les autonomistes alsaciens dans l'Entre-deux-Guerres, ils n'allaient pas jusqu'à l'indépendance, ils demandaient seulement l'autonomie au sein de la République.

Barbetorte a écrit :
Ce que je sais en toute certitude est qu’à Strasbourg on pouvait opter en sixième en toute liberté ou pour l’anglais ou pour l’allemand.

J'ai répondu sur la question de l'espagnol que vous avanciez alors comme choix possible au collège, ce qui était impossible alors.
Et le "complexe" scolaire Kléber (qui cumule collège et lycée) n'est pas forcément représentatif du reste de l'Alsace.
Strasbourg, vous répondrons les autonomistes alsaciens, a toujours été la vitrine du conquérant : on y trouvait tout ce qu'il n'y avait pas en dehors, "comme par magie".

Barbetorte a écrit :
Oui, je sais, et alors ? Vous voudriez qu’à Montauban on ait le choix de la langue régionale occitan ou breton ? Cela n’aurait aucun sens. S’il est décidé d’enseigner les langues régionales, on enseigne évidemment la langue régionale du lieu.

L'allemand n'est pas la langue régionale, c'est l'alsacien et elle en diffère malgré la racine commune.
En Bretagne c'est le breton qui est enseigné, en Corse le corse. Allez donc dire à un Corse que sa langue régionale est l'italien (et pourtant c'est aussi proche que l'alsacien de l'allemand)...
Alors pourquoi ces différences d'après vous ?
Un Germain Muller aurait très bien pu vous expliquer, tout comme en quoi l'alsacien n'est pas l'allemand, je vous laisse chercher.

Barbetorte a écrit :
Personne au cours de cette discussion n’a dit ni même simplement insinué que la population alsacienne a regretté le temps de l’annexion. Ne faites pas de faux procès.

Vous n'en étiez pas très loin en citant votre instituteur alsacien, qui avait l'air très complaisant à l'égard des autorités nazies, en tout cas peu choqué d'être redevenu par la force "allemand" en 1940, pour en faire le représentant de la majorité de la population alsacienne :
Barbetorte a écrit :
Philippe Husser, un instituteur né en 1862 et mort en 1851, expose dans son journal (Un Instituteur alsacien. Entre la France et l'Allemagne, journal 1914-1951, 1989) une vision des évènements qui devait être partagée par de nombreux Alsaciens.

Puis dans votre tentative de présenter la population alsacienne moins rancunière à l'encontre de l'Allemagne que les autres Français suite à la Seconde Guerre mondiale, ce qui est également faux :
Barbetorte a écrit :
Les Français ont conservé depuis 1870 et pendant très longtemps une aversion envers les Allemands. Pour ceux qui ont connu la période de l’Occupation, un Allemand est resté un Boche. Un bon exemple nous en est rapporté par les biographes du général de Gaulle : la cuisinière de de Gaulle avait fait savoir qu’elle refuserait de servir le Chancelier Adenauer invité à la Boisserie. J’ai personnellement constaté la survivance de sentiments anti-allemand dans la génération de mes parents. Ayant vécu dix ans en Alsace, je n’ai pas constaté de sentiments similaires de la part des Alsaciens.

Je ne dresse donc aucun procès, je réponds simplement à vos affirmations particulièrement contestables sur certains points.
C'est vous qui êtes revenu plusieurs messages après le mien qui répondait à Pierma sur la question de ces "brèves de comptoir". Je regrette, mais il n'est pas possible de faire des analogies avec la deutsch qualitat de l'industrie automobile allemande, le french bashing et l'apologie de l'hitlérisme tout en laissant penser qu'une grande partie de la population alsacienne pouvait penser cela après 1945.

Bref, nous nous sommes expliqués, je pense qu'il n'y a plus désormais d'incompréhensions et que nous pouvons passer à autre chose.
Même si Jerôme a déjà eu sa réponse - sur laquelle nous étions d'accord -, je pense qu'il faut en revenir au sujet initial.
Si vous souhaitez ouvrir une discussion sur l'annexion de l'Alsace-Moselle et de ses conséquences (même mémorielles), n'hésitez pas.

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Message Publié : 17 Jan 2024 23:44 
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Maintenant, cela suffit. J'arrête ici cette discussion ridicule avec vous.

Mais je maintiens tout ce que j'ai dit depuis le début, TOUT. Vous en pensez ce que vous voulez, je m'en fous.


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Message Publié : 18 Jan 2024 6:38 
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Barbetorte a écrit :
Maintenant, cela suffit. J'arrête ici cette discussion ridicule avec vous.

Mais je maintiens tout ce que j'ai dit depuis le début, TOUT. Vous en pensez ce que vous voulez, je m'en fous.


Bref, vous avez raison et les autres sont des cons, belle conception du débat.

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Message Publié : 18 Jan 2024 6:56 
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Salluste
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Une idée à creuser ?
Duc de Raguse a écrit :
Si vous souhaitez ouvrir une discussion sur l'annexion de l'Alsace-Moselle et de ses conséquences (même mémorielles), n'hésitez pas.

Avec la suggestion d'aller puiser des éléments de compréhension dès 1870, ce qui peut correspondre à la première annexion, celle qui n'a finalement pas posé trop de problèmes. Puis celles de 1918, 1940, 1945 ...
Partager des sources serait intéressant.
JD


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Message Publié : 18 Jan 2024 11:34 
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JARDIN DAVID a écrit :
Une idée à creuser ?
Duc de Raguse a écrit :
Si vous souhaitez ouvrir une discussion sur l'annexion de l'Alsace-Moselle et de ses conséquences (même mémorielles), n'hésitez pas.

Avec la suggestion d'aller puiser des éléments de compréhension dès 1870, ce qui peut correspondre à la première annexion, celle qui n'a finalement pas posé trop de problèmes. Puis celles de 1918, 1940, 1945 ...
Partager des sources serait intéressant.
JD


Il me semble qu'il y a déjà un fil à ce sujet-là... Mais je n'arrive pas à le retrouver. Désolé.

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Message Publié : 18 Jan 2024 12:14 
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Pensez-vous à ce fil

https://www.passion-histoire.net/viewto ... =Alsaciens


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Message Publié : 18 Jan 2024 14:17 
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A mon avis, il faut partir de l'origine, 1871.

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Message Publié : 18 Jan 2024 15:36 
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Jerôme a écrit :


Ce fil se concentre sur les "Malgré-nous". Il me semble qu'il y avait un fil plus général abordant plus l'ensemble des alsaciens.

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Message Publié : 18 Jan 2024 15:39 
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Jean-Marc Labat a écrit :
A mon avis, il faut partir de l'origine, 1871.


Oui, il y a des choses intéressantes à dire sur le "long terme", car justement il y a des changements d'opinions dans la population alsacienne. Mais, en même temps, chacune de ces périodes à ses caractéristiques. Lors du centenaire de la libération de 1918, mais aussi de la naissance du droit local, il y a eu, dans la presse locale, des articles sur le sujet.

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