Réponse à la question initiale dans Historia de juilet 2003
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Proche du Mitra indien vénéré vers le XIVe siècle av. J.-C., Mithra perd de son influence avec les réformes religieuses de Zarathoustra en Iran te (vers 600 av. J.-C.). Cependant il réoccupe au Ive siècle av. J.-C. sa place dans le panthéon perse. Les soldats grecs, au cours de leurs expéditions en Iran, découvrent son culte et l'identifient à Hélios. Malgré l'effondrement de l'Empire perse, Mithra conserve de nombreux fidèles, surtout en Arménie. Par la suite, la dynastie Parthe d'Iran (247 av.-226 t apr. J.-C.) le vénère et l'inclut parfois dans le nom de ses rois, comme Mithridate, qui signifie « donné par Mithra». A leur tour, les colonies romaines d’Asie Mineure permettent la diffusion du mithraïsme. La première congrégation est fondée à Rome, vers 68 av. J.-C., par des soldats. Mithra devient Sol invictus, le Soleil invaincu, et fait son entrée dans la littérature latine vers l'an 80, lorsque le poète Statius écrit: « Que tu préfères porter le nom vermeil de Titan, suivant la tradition du peuple achéménide, ou d'Osiris frugifère, ou de celui qui sous le, roc de l'antre Persique force les cornes du taureau récalcitrant: Mithra! » On lui dédie des temples et son influence se répand dans tout l'empire, de l'Espagne à la ruer Noire, de l'Ecosse J au Sahara. A Rome, des temples lui sont dédiés : de nos jours, il en reste une quarantaine, il devait y en avoir trois fois plus alors. Il concurrence même le christianisme, et selon Ernest Renan «s'[il] eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le mon de eût été mithraïste. »
L'empereur Commode (161-192) lui-même est initié au culte, et sous le règne d’Aurélien (270-275) le mithraïsme est proclamé religion officielle de l'empire. C'est ce dernier qui, en 274, déclare le 25 décembre jour anniversaire de la divinité. Lorsque Constantin II se convertit au christianisme en 312, le mithraïsme perd de son influence et, après un bref renouveau sous Julien dit l'Apostat (331-363), il disparaît.
Il continue pourtant à influer sur le christianisme: en ce qui concerne la date de Noël, décidée par le pape Jules 1er en 340; sur le choix du dimanche, jour sacré du Soleil (d'où le sunday britannique ou le Sonntag allemand), de même pour le pain et le vin consacrés dans l'eucharistie. On représente Mithra naissant d'un rocher, en présence de bergers. Il n'est pas étonnant non plus que la mitre, la coiffe des évêques, rappelle celle de Mithra, et que la tiare (mot d'origine perse) papale, dérive du frigium, ou bonnet phrygien.
Mithra n'a pas disparu de son pays « natal », l'Iran. Durant les dynasties Parthes et sassanides (Ille siècle av. –VIIe siècle apr. J.-C.), il tient une place prépondérante dans le zoroastrisme. Sur les bas-reliefs, on le voit veiller à l'investiture des rois par la déesse Anahita. Après l'expansion islamique au VII, siècle, Mithra semble constituer un des éléments des mouvements de résistance iranienne. Il est aussi source d'inspiration pour de grands poètes comme Hafez de Chiraz au XIV'siècle. Les Iraniens le célèbrent chaque année le 21 décembre, jour du solstice d'hiver, qu'ils appellent « nuit de Yalda ». De plus, le septième mois du calendrier solaire iranien lui est consacré tout comme la grande fête de Mehregan, qui marque le début de l'automne et celui du mois de Mehr.