Hannibal a écrit :
Si tu développais un peu, parce que de un, j'ai un trou en ce qui concerne la réincarnation de l'Aveugle et je ne comprends pas l'intérêt de Constantin à effacer ce dogme.
POURQUOI LES ÉVANGILES N’EN PARLENT-ILS PAS ?
Tout simplement parce qu’il était inutile d’insister sur une notion couramment admise à cette époque. Mais ils y font plusieurs fois référence.
Plusieurs passages font une allusion très nette au fait que Jean-Baptiste serait une réincarnation d’Élie. L’ange Gabriel annonçant à Zacharie la naissance de son fils lui dit : “Il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie.” Et jésus affirme lui-même à son sujet : “Et lui, si vous voulez m’en croire, il est cet Élie qui doit revenir.” Et plus loin, après la scène de la Transfiguration, en descendant de la montagne : “Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, ils ne l’ont pas reconnu et ils l’ont traité comme ils l’ont voulu... Les disciples comprirent alors qu’il leur parlait de Jean-Baptiste.” Cette notion de réincarnation est donc très répandue dans l’entourage du Christ puisque, lorsqu’il demande à ses disciples : “ Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’Homme ? Ils répondent : les uns disent que tu es Jean-Baptiste, les autres Jérémie ou l’un des prophètes. ” Et lorsque la renommée de jésus parvint aux oreilles d’Hérode, celui-ci dit à ses familiers : “Cet homme est Jean-Baptiste, le voilà ressuscité des morts...”
Certains Pères de l'Eglise ont cru en la réincarnation
Si l’on rejette cette croyance en donnant à ces textes un sens purement symbolique, un autre épisode des Évangiles devient alors particulièrement difficile à comprendre : celui de la guérison de l’aveugle de naissance : “Ses disciples lui demandèrent : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est pour qu’en lui se manifestent les oeuvres de Dieu.” Il est évident qu’un nouveau-né ne peut avoir péché (on se demande pourquoi Jésus ne le leur fait pas remarquer) et que “les fils ne porteront pas la faute du père”, comme le dit Ézéchiel. Mais s’il était né aveugle tout simplement parce que, ayant mérité d’être privé de lumière en raison de fautes commises dans des vies précédentes, “il récoltait ce qu’il avait semé” (selon l’expression de Saint Paul) en vertu de la loi de la causalité, ne serait-ce pas là une belle “manifestation des oeuvres de Dieu” que de l’avoir guéri ?
QUELLE EST LA POSITION DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ?
Elle est loin d’être claire. D’un côté elle est traditionnellement contre. De l’autre, là comme ailleurs, elle est obligée de s’adapter pour conserver ses adeptes. Savez-vous qu’en occident une personne sur cinq croit en la réincarnation et la diffusion de la pensée bouddhiste y est sans doute pour quelque chose. Selon un récent sondage, le quart des catholiques français de 18 à 24 ans y croit. Alors, prudemment, l’Église ne prend pas officiellement parti et laisse parler ses théologiens dont quelques-uns sont favorables à cette croyance. Après tout, cela ne change pas grand chose au dogme. L’homme garde toujours une âme qui s’incarne dans plusieurs corps au lieu d’un seul. Mais lequel va ressusciter demandent les théologiens. Pourtant Saint-Paul nous a bien précisé qu’il s’agissait d’un “corps spirituel” et non physique. Et d’autre part, le purgatoire existe toujours, mais il se fait également sur terre, ce qui est une évidence !
D’ailleurs un certain nombre de Pères de l’Église, Clément d’Alexandrie, Origène, Plotin, saint Bonaventure, ont notamment cru à la réincarnation. Saint Grégoire de Nysse disait : “Il y a nécessité de nature pour l’âme d’être purifiée et guérie. Si elle ne l’a pas été dans sa vie terrestre, la guérison s’opère dans les vies futures et subséquentes.” Selon Saint Jérôme, cette doctrine a longtemps été enseignée parmi les premiers chrétiens. Saint Justin parle de “l’âme qui habite plus d’une fois un corps humain”. Au concile de Nicée, en 325, l’empereur Constantin s’efforça de faire condamner cette croyance : ayant beaucoup de péchés sur la conscience, il préférait de loin le pardon pur et simple à la récolte de ce qu’il avait semé...
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