Barbetorte a écrit :
Qu’en est-il des Protestants ? Les églises traditionnelles, églises réformées et églises de la Confession d’Augsbourg connaissent un phénomène similaire quoique moins brutal que celui observé dans l’église catholique. Selon un pasteur de l’Église Réformée de France :
Les églises chrétiennes majoritaires chez elles (Eglise anglicane au Royaume-Uni, Eglises luthériennes dans le nord de l’Europe) connaissent un effondrement comparable qui ne s’explique pas par des « défauts » catholiques romains. (
https://www.erf-neuilly.com/pratique-religieuse-en-baisse-effondrement-ou-mutation-regard-sur-notre-eglise-et-ses-soeurs-pasteur-didier-petit)
J'allais poser la question, me doutant un peu de la réponse. Merci d'y avoir répondu.
Citer :
La crise était inévitable parce la pratique religieuse était principalement culturelle. Or la pratique religieuse ne fait plus partie de la culture contemporaine.
Ce que conforte le constat étendu à l'ensemble de l'Europe de l'ouest, qui a vécu peu ou prou des évolutions culturelles identiques.
En revanche il reste quelque chose de la culture catholique, ce qui explique assez bien cette proportion significative, et persistante, de Français qui se disent catholiques mais ne vont plus à la messe.
Et puis osons le dire, l'Eglise conserve dans le domaine des moeurs des positions dogmatiques qui sont à 100 lieux du quotidien d'aujourd'hui. Qui se soucie encore de l'interdiction de la contraception ? De ce fait, ces Français qui se disent catholiques "font leur marché" en gardant de la culture catholique ce qui correspond à leur réalité : la contrainte sociale ne jouant plus, nul d'entre eux ne se sent tenu de garder les rites et les conceptions qui étaient celles de leurs pères ou bien plutôt de leurs grands-pères.
En revanche ils peuvent garder la préoccupation de se soucier des pauvres, par exemple en faisant du bénévolat dans ce sens.
Mais non pas de militer en tant que chrétiens pour l'augmentation du SMIC.
ça c'est une ânerie. Je peux témoigner que jamais, au grand jamais, je n'ai entendu aucun chrétien professer que là était son devoir spirituel, et pourtant j'en ai vu passer, des chrétiens de gauche : une telle affirmation aurait été épinglée, à juste titre, comme ridicule. J'ose à peine imaginer comment mon oncle, qui tenait une paroisse en ville dans les années 70 et 80, et avait de bonnes relations avec des syndicalistes, comme avec tout le monde, aurait reçu un pareil credo : je pense qu'il aurait incendié l'imbécile qui se serait fourvoyé dans une affirmation de ce genre. Un tel mélange des genres n'était pas de mise.
Et puisqu'on a évoqué l'affaire Lip, je me permets un HS pour mise au point, tant on lui a fait dire ce qu'elle n'était pas :
Tout d'abord elle n'intervient pas dans un ciel économique serein à Besançon, où la concurrence des montres à quartz japonaises a provoqué un cataclysme bien antérieur à la crise pétrolière. Je ne saurais faire le décompte des usines qui ont fermé mais on parle de plusieurs milliers d'emploi. Besançon, capitale de l'horlogerie, comptait nombre de marques de grande série, avec le prix comme facteur concurrentiel, et ils n'ont pas tenu. L'erreur de Fred Lip est de s'être battu sur ce terrain, alors qu'il tenait LA marque française de haut de gamme la plus réputée. Carte qui s'est révélée payante pour des marques suisses moins connues, qui n'ont eu que ce choix possible et s'en félicitent aujourd'hui.
Ensuite, que Lip ait vu agir des syndicalistes de tradition chrétienne, d'ailleurs en accord avec la CGT, ne signifie pas qu'ils aient conçu leur action comme un devoir de bon chrétien. L'appui de l'évêché, très atypique, était évidemment bienvenu, mais n'orientait en rien leur action. En revanche ils ont vu débarquer des gens du PSU et des gauchistes de tous genre, attirés par l'idée d'une tentative d'autogestion. Hors ils n'ont cessé de dire qu'une expérience autogestionnaire n'était pas possible, pour une raison légale : ils n'étaient pas propriétaires de l'entreprise. Ils ont orchestré un battage colossal, avec le seul espoir de sauver une marque prestigieuse qui avait toutes ses chances, et ont de fait réussi à obtenir un repreneur sérieux appuyé par l'état, mais qui a malheureusement persisté dans l'erreur initiale.
Un long HS, mais pour souligner qu'il serait aventureux de voir dans cette affaire l'apparence d'un catholicisme politique emblématique. C'est tout simplement faux.