Je ne sais pas ce qui permet de qualifier Nicolas de Brémond d’Ars de progressiste et Guillaume Cuchet de conservateur. Cela transparaît peut-être à la lecture de leurs ouvrages que je n’ai pas lus.
Ce que je sais est que le premier est un prêtre exerçant dans le diocèse de Paris et qu’il est aussi sociologue tandis que le second est historien spécialiste de l’histoire des religions.
Gillaume Cuchet a écrit :
Faire de l'histoire religieuse dans une société sortie de la religion. Il observe le fait religieux dans une société dont il fait le constat qu’elle est sortie de la religion. Il est donc fait le constat d’une perte de spiritulaité au sein de la société mais nullement d'une perte de spiritualité au sein de l’église catholique.
Nicolas de Brémond d’Ars a écrit
Catholiques, rouvrez la fenêtre ! Mémoires de prêtres qui ont vécu Vatican II. En recueillant les souvenirs et les sentiments de prêtres qui ont connu le concile Vatican II, il se situe au sein de l’Église et la présentation de son ouvrage n’évoque pas une perte de spiritualité dans l’Eglise.
Il faudrait d’ailleurs s’entendre sur ce qu’on entend par spiritualité. C’est éminemment subjectif. Là où certains voient de la spiritualité, d’autres peuvent ne voir que superstitions ou bigoterie. Pierma a évoqué les anges. Je me suis livré à une petite recherche pour me rafraîchir la mémoire et je suis tombé là-dessus :
http://lesbonsanges.com/. On y apprend qu’il y a neuf classes d’anges et que celles-ci sont hiérarchisées. L’Église, institution étatique, s’est organisée sous l’influence des institutions de la Rome impériale. Visiblement, elle s’est sentie obligée d’administrer aussi l’au-delà. Sur ce site (qu’on aura du mal à qualifier de progressiste) on peut lire une prière à Marie maîtresse des anges,
prière indulgenciée. Je comprends qu’en la prononçant on gagne un à-valoir sur le purgatoire comme on accumule des bons d’achat en faisant ses courses à Intermarché. Spiritualité ? On peut en discuter.
Dans la présentation que fait l’éditeur de l’ouvrage du père de Brémond d’Ars il est indiqué :
Souvent discrets sur eux-mêmes, ils ont vécu la convocation du Concile en 1960 comme une libération du carcan qui les enfermait dans une Église catholique figée dans ses certitudes. J’y reconnais ce qu'ont ressenti les membres de ma famille qui étaient dans la force de l’âge à l’époque du concile : une grande bouffée d’oxygène. C’étaient cependant des catholiques pratiquants, plutôt traditionalistes dans leur mode de vie et votant à droite. Notamment ma mère m’avait exprimé en différentes occasions son regret de n’avoir pas suivi d’études et de n’avoir même pu passer le baccalauréat. Elle a accompli sa scolarité secondaire dans une institution religieuse avant guerre. Elle avait demandé à son professeur de français, une religieuse, pourquoi tous les grands auteurs n'étaient pas étudiés (l’affreux Voltaire en particulier*) : « Mais ils sont à l’Index, nous n’avons pas le droit de les lire ! » C’était aussi cela l’Eglise pré-conciliaire. Ce n’était pas seulement la messe en latin, partie émergée de l’iceberg, et ma mère, qui n’avait rien d’une révolutionnaire, ne regrettait qu’une chose, que le concile n’eût pas été convoqué plus tôt.
* et bien d'autres, peut-être aussi Descartes. J'ai retenu de mes cours de philo de terminale que les thèses de Descartes, philosophe idéaliste, était incompatibles avec la doctrine catholique au contraire de celles des philosophes rationalistes.