Jean-Marc Labat a écrit :
Flavius Josèphe sur Jésus
"A cette époque vécut Jésus, un homme exceptionnel [si toutefois il faut l'appeler homme*], car il accomplissait des choses prodigieuses. Maître de gens qui étaient tout disposés à faire bon accueil aux doctrines de bon aloi, il se gagna beaucoup de monde parmi les Juifs et jusque parmi les Hellènes. [celui-là était le Christ.*] Lorsque, sur la dénonciation de nos notables, Pilate l'eut condamné à la croix, ceux qui lui avaient donné leur affection au début ne cessèrent pas de l'aimer, parce qu'il leur était apparu le troisième jour, de nouveau vivant, comme les divins prophètes l'avaient déclaré (...) de nos jours encore ne s'est pas tarie la lignée de ceux qu'à cause de lui on appelle chrétiens."
Flavius Josèphe, "Les Antiquités juives", XVIII, 63-64.
* Passages peut-être ajoutés plus tard par les copistes chrétiens.
Cité dans "Histoire Seconde", sous la direction de J.M. Lambin, éditions Hachette, 1996, p. 49
Flavius Josèphe : Les Antiquités juives
http://www.bibliotheque-mazarine.fr/maztres4.htm
Historien juif d'expression grecque (né à Jérusalem en 37, mort à Rome à la fin du premier siècle après J.-C.), Flavius Josèphe rédigea, à la fin de sa vie, les Antiquités juives, publiée en 93, œuvre apologétique où il se proposait de faire connaître les destinées de son peuple, depuis l'aube des temps bibliques jusqu'à la guerre des juifs contre les romains qui débute en 66
http://christianisme.homily-service.net/flavius.html
Passage dans la Guerre Juive
Le premier témoin potentiel de la vie de Jésus est le Juif aristocrate, politicien, soldat et historien, Joseph ben Matthias (A.D. 37/38 - 100). Connu sous le nom de Flavius Josèphe à cause de ses patrons qui étaient les empereurs Flavians (Vespasian, Titus et Dominitian), il a écrit deux grand livres : La Guerre Juive, écrite après la chute de Jérusalem vers 70 A.D. et les Antiquités Juives, écrites entre 93-94 A.D. Les deux livres contiennent des références à Jésus. Le problème est de déterminer si elles sont authentiques
Le premier passage concernant Jésus est une longue interpolation trouvée uniquement dans la vieille version Russe de La Guerre Juive. Ce passage est une condensation de plusieurs événements des Évangiles, accompagnés de légendes étranges que l'on retrouve dans les Évangiles apocryphes. Malgré les tentatives ingénieuses de Robert Eisler pour défendre l'authenticité de ce passage, presque tous les spécialistes refusent aujourd'hui l'authenticité de ce passage. Il ne serait donc pas de Josèphe lui-même.
Les Antiquités Juives
Il est plus difficile de juger les deux références à Jésus dans Les Antiquités Juives. Le plus court passage - et celui auquel on accorde le plus de crédibilité - se passe dans un contexte où Josèphe vient juste de décrire la mort du procurateur Festus et il annonce que Albinus sera son successeur (A.D. 62). Pendant que Albinus est en chemin pour la Palestine, le grand prêtre Ananus le Jeune convoque les sanhédrins sans le consentement du procurateur pour mettre à mort certains ennemies. Voici le passage clé (Ant. 20.9.1 200) :
"
Étant ce type de personne (un sans-cœur de Sadducéen) Ananus, pensant qu'il avait une opportunité favorable parce que Festus était mort et que Albinus n'était pas encore arrivé, a organisé une rencontre des juges et a amené le frère de Jésus qu'on appelle le Messie (ton adelphon Iesou ton legomenou Christou), Jacques par son nom, et quelques autres personnes. Il les a accusés d'avoir transgressé la loi et les a amenés pour être lapidés. "
Testimonium Flavianum
"
En ce temps-là est apparu Jésus, un homme sage,( si on peut l'appeler un homme). Il faisait des actions surprenantes et enseignait aux gens qui recevaient la vérité avec plaisir (ton hedone talethe dechomenon). Il avait des disciples parmi les Juifs et parmi les Grecs. Il était le Messie. Et quand Pilate, à cause d'une accusation des juifs, l'a condamné à la croix, ceux qui l'ont aimé auparavant n'ont pas cessé de le faire. Il leur est apparu au troisième jour, de nouveau vivant, comme les divins prophètes, qui racontent des choses merveilleuses à son sujet, l'avaient dit. Et jusqu'à ce jour, la tribu de Chrétiens, nommé à partir de lui, n'est pas morte."
Pline le Jeune
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Dans une lettre adressée à l'empereur Trajan vers 112, Pline le Jeune, légat de cet empereur en Bithynie, lui rend compte de l'existence de chrétiens dans cette région et des problèmes que lui pose leur persécution :"
Ils affirmaient que toute leur faute, ou leur erreur n'avait jamais consisté qu'en ceci : ils s'assemblaient à date fixe avant le lever du jour, et chantaient entre eux des hymnes au Christ comme à un Dieu ; ils s'engageaient par serment, non à quelque crime, mais à ne commettre ni vol, ni brigandage, ni adultère, à ne point manquer à leur parole, à ne point nier un dépôt réclamé en justice."(Pline le Jeune,Lettres à Trajan,X, 96 ; trad C. Sicard, Paris, Garnier, 1931, p.351)
Tacite
Vers 116, l'historien Tacite raconte que Néron, pour se libérer de la rumeur qui l'accusait de l'incendie de Rome, "supposa des coupables" en chargeant les "chrétiens" de ce crime et en les mettant à mort :
"
Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d'avoir ordonné l'incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d'autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d'hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non-seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d'abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d'autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char. Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les coeurs s'ouvraient à la compassion, en pensant que ce n'était pas au bien public, mais à la cruauté d'un seul, qu'ils étaient immolés. "(Tacite, Annales, 15, 44; trad H. Bornecque, Paris, Garnier, 1933, p.353)
Suétone
http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... ales15.htm
Suétone
Vers 120, Suétone, dans sa Vie de l'empereur Claude, fait allusion à des troubles dans la colonie juive de Rome : "
Comme les Juifs se soulevaient continuellement, à l'instigation d'un certain Chrestos, il [ = Claude] les chassa de Rome." (Suétone, Vie de l'empereur Claude, 25, 3; trad. H. Ailloud, Paris, Budé, 1931, p.134.) Ce nom de Chrestos est une déformation vraisemblable de Christus.