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Message Publié : 09 Jan 2023 22:54 
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"Le monde qui l'entoure" ne signifie pas forcément la "nature" et il n'est nullement question de cette dernière dans l'ouvrage concerné.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 09 Jan 2023 23:14 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Dans quel chapitre développe-t-il cet idéal de l'épanouissement de l'individu et de l'harmonie avec le monde qui l'entoure?


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Message Publié : 09 Jan 2023 23:55 
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Polybe
Polybe

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Merci duc de raguse d'avoir créé ce fil.
Voyons ce que dit l'auteur dans l'introduction.

Citer :
L’expression « bourgeoisie culturelle » est une approximation pour un terme allemand, Bildungsbürgertum, qui définit un groupe social spécifique aux pays germaniques. On trouve diverses traductions françaises de ce terme : bourgeoisie culturelle, bourgeoisie cultivée, bourgeoisie des talents, bourgeoisie instruite ou du savoir, bourgeoisie diplômée, bourgeoisie des capacités dans le sens du XIXe siècle français. Si le terme est intraduisible, c’est parce que le groupe social n’existe pas en tant que tel en France.

[...] Le groupe social se constitue entre 1770 et 1820, où se fixent ses caractéristiques, mais il s’élargit considérablement en nombre par la suite, ce qui tendra plus tard à affaiblir son prestige social et l’amènera à une attitude défensive. Le Bildungsbürgertum est une « aristocratie de la culture » par opposition à l’aristocratie de la naissance (noblesse) et à la bourgeoisie possédante.

[...] Durant la guerre de 1914-1918, la bourgeoisie culturelle tente de renouer avec le rôle de guide et porte-parole du mouvement national allemand, mais avec des résultats variables, en particulier du fait de ses divisions politiques.

[...] La bourgeoisie culturelle se distingue du reste de la bourgeoisie par deux éléments principaux : un diplôme qui lui ouvre les portes du corps social [Stand] et constitue la base de ses possibilités d’influence dans la société et l’État ; une indépendance relative par rapport aux contraintes du marché pour ses moyens de subsistance.
La bourgeoisie culturelle est un élément important du particularisme allemand dans le processus de modernisation sociale et politique depuis le début du XIXe siècle par rapport aux autres pays européens. C’est ce qui justifie ce livre dont l’objectif est de préciser son rôle dans l’histoire de l’Allemagne jusqu’en 1945. Nous étudierons la formation du groupe et la constitution de son idéal de formation entre 1770 et 1820/1830, puis son rôle dans l’évolution politique et sociale de l’Allemagne jusqu’en 1945. L’extension de l’enseignement secondaire et universitaire et la spécialisation croissante après 1945 font perdre de sa consistance au groupe social, même s’il en subsiste encore des éléments dans la société allemande d’après 1945.


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Message Publié : 10 Jan 2023 8:10 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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GustavedeBeaumont a écrit :

Que d'éléments dans cette conclusion, qui termine sur des interrogations...

1. Elle suppose de définir cet idéal de "l'épanouissement de l'individu et de l'harmonie avec le monde qui l'entoure", puis en quoi cela n'est pas partagé par les nazis.Les nazis se présentaient comme des amoureux de la terre. Les organisations hitlériennes ont mis l'accent sur l'épanouissement physique, une forme de scoutisme en pleine nature dans les jeunesses hitlériennes, l'épanouissement de l'individu "aryen" avec toutes sortes d'activités, et sa compréhension particulière de ce qu'est l'harmonie (subjectif). Dans une certaine mesure, elles sont le prolongement des organisations de la Révolution conservatrice sous Weimar, et d'autres mouvements antérieurs. Il n'y a pas rupture mais continuité.


Il me semble que les nazis son fondamentalement anti-individualistes et aux antipodes de la philosophie des lumières, a laquelle Baechler fait référence ici.


GustavedeBeaumont a écrit :
2. "participer"... est trés différent de "abstention ou indifférence". Lequel pointe-t-il dans le livre? Par ces interrogations, on garde encore cette impression que l'auteur avait une idée précise et préconçue de ce qu'auraient dû faire ces élites, dans son esprit. Cette présupposition, on peut l'expliciter ainsi: "les élites cultivées auraient dû faire barrage au nazisme". Mais pourquoi pense-t-il cela? Cela n'apparaît pas évident et appelle un long développement.

*Note: il me semble que Chapoutot a parlé de l'écologie du IIIe Reich, je vais retrouver.


Il s'attache essentiellement à la participation, pour une simple raison, c'est que cette bourgeoisie diplômée dépend de l'état pour sa carrière. Mais ce livre ne défend aucune thèse, je le répète : Le livre retrace finalement l’histoire du libéralisme allemand porté par un groupe social particulier, son essor, la scission du mouvement entre libéraux et démocrates, son échec lors de la révolution de 1848/49, l’apparition du national-libéralisme qui réduit les « progressistes » à un petit noyau, puis d’un nationalisme identitaire et expansionniste, très loin du "néo humanisme" et cosmopolitisme initiaux.

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Message Publié : 10 Jan 2023 8:49 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Plus que de trahison, on pourrait reprendre l'expression "d'abdication" utilisée par l'auteur dans un chapitre consacré à la marche vers l'unité de l'Allemagne. Abdication d'une bourgeoisie face à l'idéologie montante du nationalisme. Et face à Hitler, "l'accommodement" (le terme est de moi) s'explique par un rejet du régime parlementaire de Weimar, " fruit de l'influence étrangère" , "inadapté à l'esprit et à l'âme allemande".

Car finalement, s'il faut chercher à tout prix la trahison promise par le titre, mais notion peu assumée par l'auteur dans ses développements, on pourrait dire que les trahisons se multiplient dès le départ : la "bourgeoisie culturelle" (mais je trouve-sans modestie je le confesse-que mon expression de bourgeoisie diplômée ou savante est plus parlante) s'est drapée dans l'idéologie des lumières à la fin du XVIII e siècle, mais rompt avec l'universalisme dès après la fin de l'ère napoléonienne, pour, se trouver, dans un nationalisme d'abord libéral, une voie particulière, déniant à la France le rôle "d'éclaireur "de l'humanité. Y a t'il trahison ?
Ensuite viendra le temps de la critique de la "raison", et encore de l'universalisme, pour promouvoir, encore dans la lignée du Sonderveg, la supériorité ethnique ou raciale des Allemands, dans le cadre d'un climat d'anti-modernisme (kulturkritik) ... Cette opposition au monde moderne appelle de ses voeux une nouvelle religion, la foi en la nation allemande.
Si par trahison, on entend "absence "ou "renoncement à la fidélité", la trahison de la "Bildungsbürgertum" intervient dès l'origine quasiment et sans discontinuité.

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Message Publié : 10 Jan 2023 10:30 
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Grégoire de Tours
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Liber censualis a écrit :
[Il me semble que les nazis son fondamentalement anti-individualistes et aux antipodes de la philosophie des lumières, a laquelle Baechler fait référence ici

Ceci mériterait un petit dialogue, car ce n'est pas la toute la philosophie des lumieres (de Voltaire...) qu'il développe, mais plutôt l'apport de l'Aufklärung, de Lessing, puis surtout le Herder du Sturm und Drang qui est pointé dans cette phrase, et le livre montre la lente généalogie intellectuelle, en passant par Nietzsche et al., qui amène au IIIe Reich.


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Message Publié : 10 Jan 2023 12:19 
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Philippe de Commines
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GustavedeBeaumont a écrit :
Oui, merci Liber Censualis. J'ai poursuivi la lecture, suis retourné chercher cette notion que vous avez cité de la conclusion, et l'ai mentionné dans mon second post. A part le titre un peu racoleur, je suis satisfait d'avoir ajouté ce livre a mes rayons car il apporte des éléments intéressants en appoint d'autres plus fondamentaux pour moi (tel Mosse).

Pour "bourgeoisie diplômée" qui serait plus appropriée, je vous suis, car lui-même utilise cette notion de "passé par l'université".

En tout cas il faut savoir gré à DDR d'avoir fait vendre 3 exemplaires de plus à C. Baechler ! :wink:

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Message Publié : 10 Jan 2023 12:27 
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Philippe de Commines
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GustavedeBeaumont a écrit :
Liber censualis a écrit :
[Il me semble que les nazis son fondamentalement anti-individualistes et aux antipodes de la philosophie des lumières, a laquelle Baechler fait référence ici

Ceci mériterait un petit dialogue, car ce n'est pas la toute la philosophie des lumieres (de Voltaire...) qu'il développe, mais plutôt l'apport de l'Aufklärung, de Lessing, puis surtout le Herder du Sturm und Drang qui est pointé dans cette phrase, et le livre montre la lente généalogie intellectuelle, en passant par Nietzsche et al., qui amène au IIIe Reich.



C'est un reproche que l'on pourrait faire au livre, celle de reprendre les travers du "Sonderweg", le destin soit disant particulier de l'Allemagne, qui s'éloignant des lumières s'éloigne aussi du chemin vers la démocratie libérale... On pourrait penser que Baechler au travers de son portrait de la bourgeoisie culturelle dresse une téléologie historique qui présente le nazisme comme un aboutissement logique et fatal de toute l’histoire allemande. Néanmoins, je le répète, le livre ne me parait pas soutenir une thèse, mais être une étude sociale et politique, qui me semble assez honnête.

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