Bonjour,
Aspasia a écrit :
Bonjour,
Après un cours particulièrement à l'opposé de mon très humble avis, j'aimerai avoir votre avis sur cette question
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Que pensez vous du lien qu'entretient, que devrait (/doit) entretenir ou qu'entretenait l'histoire avec les sciences sociales ?
L'histoire des mentalités est par exemple âprement critiquée aujourd'hui en raison de certaines dérives ... faut-il pour autant se tenir autant que possible à l'écart des disciplines comme la sociologie, l'anthropologie ou même la psychologie ? L'histoire en tant que discipline doit-elle revenir à une histoire moins ambitieuse, plus politique et plus événementielle comme elle était faite par les grands érudits du XIXème siècle ?
Enfin, quels sont les ouvrages de sciences sociales, selon vous, que devraient lire (ou pas) les historiens ?
L'histoire est une science sociale. Mais elle se sert, spontanément ou rigoureusement, des concepts forgés ailleurs, dans le monde qu'elle étudie, dans le monde où elle est ou dans les autres sciences sociales qui ont eu, pour exister, à développer davantage leur puissance/conscience théorique. Ces emprunts, quand ils sont bien réfléchis, permettent de poser de nouvelles questions aux matériaux. Mais le risque est d'importer des concepts forgés pour les sociétés d'aujourd'hui (qu'étudient la sociologie, la psychologie, etc.) ou d'ailleurs (l'ethnologie) en les prenant pour des vérités "éternelles" (parce que théoriques) - alors qu'ils ne sont que des concepts indexés empiriquement (cf. JC Passeron) et objets de débats. Un autre problème peut venir du fait que certaines des sciences sociales ont vu triompher en leur sein les courants les plus rétifs à l'historicité, séduits au contraire par la modélisation : c'est le cas de l'économie notamment.
On pourrait ajouter la judicieuse remarque de Michel Offerlé : à l'avenir, les historiens vont de plus en plus lire les sciences sociales pour la bonne et simple raison qu'elles vont constituer un matériau important pour leurs recherches!
Donc, pour conclure, il faut lire les livres considérées comme essentielles, mais surtout ce qui permettra, sur un terrain donné, d'"allonger le questionnaire".