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 Sujet du message : La controverse Fischer
Message Publié : 20 Avr 2020 19:36 
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Afin d'éviter une digression dans un sujet où le débat n'aura sans doute pas lieu (viewtopic.php?f=45&t=41497&start=15), je vous propose de revenir sur un fait connu outre-Rhin, à savoir la controverse Fischer (Fischer Kontroverse), qui agita pendant plusieurs décennies la communauté historienne allemande, puis mondiale.

En effet, après la publication en 1961 de son ouvrage Griff nach der Weltmacht. Die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/18 - traduit en français par le très neutre Les buts de guerre de l'Allemagne impériale 1914-1918 - s'ouvre une controverse qui agita les milieux historiens pendant plus de trente ans.
Fritz Fischer est le premier historien allemand à rompre avec la vision, pratiquement officielle - développée déjà par le régime impérial allemand en 1914 -, d'une Allemagne encerclée en Europe à la veille de 1914, obligée de tirer l'épée du fourreau pour se défendre contre des puissances étrangère vindicatives, qui menaçaient sont indépendance, jalouses de sa puissance.
Ayant été l'un des premiers historiens allemands à pouvoir travailler sur les archives de la chancellerie allemande, ainsi que celles de la Wilhelmstraße (même si cette dernière n'apparait vraiment sous toute sa puissance qu'à partir de 1919), il parvient à démontrer que le gouvernement impérial préparait la guerre depuis le début de la décennie 1910. Selon lui, la visée hégémonique de l'empire de Guillaume II sur l'Europe et le monde ne faisait alors aucun doute.
A l'aide de l'analyse de documents officiels, il parvient à démontrer la responsabilité de l'Allemagne impériale dans le déclenchement de la Grande guerre - au-delà du seul blanc-seing donné à Vienne au début du mois de juillet 1914, lorsque la crise n'en était qu'à son commencement.
Très mal accueillie en Allemagne, cette thèse eût un succès retentissant à l'étranger.
Enfin ! les Allemands quittaient leur plaidoyer bancal, contre-mesure à l'humiliant article 231 du traité de Versailles, mais aussi poursuite de la propagande du gouvernement impérial de 1914.
Seulement Fischer ne s'en est pas tenu là, puisqu'il pose également la question de la continuité (Kontinuitätsproblem) entre les orientations de politique étrangère de l'Empire wilhelmien avec celles du IIIème Reich.
De la même manière, pour lui, les proximités entre les structures décisionnelles des deux régimes sont patentes. Il développe davantage ce point dans Bündnis der Eliten. Zur Kontinuität der Machtstrukturen in Deutschland 1871-1945 (non traduit en français).
C'est au sujet de cette "voie particulière" qu'aurait suivie l'Allemagne - ou sonderweg "négatif" - que la controverse va se cristalliser jusqu'à la fin des années 1980, débordant largement les frontières de la RFA (et de la RDA).
Pour la première fois un historien allemand - d'autres le suivront ensuite comme Kocka ou Feldman, entre autres - osait tracer un fil directeur puissant dans la politique allemande (extérieure et intérieure) menée entre 1871 et 1945.

Car par Sonderweg, il faut désormais comprendre la vision négative de cette "voie particulière", qui concernait l'Allemagne et qui avait été initialement développée, dans une optique "positive" par certains penseurs allemands du XIXème siècle, au moment de la réalisation de son unité politique et territoriale.
Nation unie tardivement, l'Allemagne se (pré-)construit alors une identité positive, fondée sur la Kultur et l'esprit, opposée à la "civilisation" occidentale, ne débouchant pour ces auteurs que sur le matérialisme. Dans le domaine politique, le modèle allemand serait fondé sur un gouvernement de la raison auquel est associée la bourgeoisie de savoir (Bildungsbürgertum) et à la tradition de réforme par le haut, en opposition au modèle démocratique fondé sur la toute puissance du peuple produisant un gouvernement irrationnel.
Cette représentation "positive" du Sonderweg est véhiculée par tous les historiens allemands de l'époque impériale, avec von Ranke en chef de file. Un von Sybel ou un Marcks se pensent comme les gardiens de la culture nationale et de la voie allemande. Ils y perçoivent ses origines dans la Réforme, voire dans la tradition impériale. Ces auteurs insistent sur la position géopolitique de l'Empire qui ferait de l'Allemagne, territoire de la Mitteleuropa, un pont entre Orient et Occident. Pour ces historiens, la République de Weimar aurait été une réalité "plaquée" par l'Occident à l'Allemagne, extérieure aux traditions allemandes.
Après 1945, leurs héritiers réactivent la thèse du Sonderweg pour motiver leur condamnation d'un régime, qui a ravagé l'Allemagne. Un Meinecke parlera de l'avènement d'Hitler comme d'une catastrophe, résultant d'une divergence (Irrweg) à la voie allemande en ce qu'elle coïnciderait avec l'émergence des masses dans la vie politique. Cette interprétation fait donc porter à la République de Weimar la seule responsabilité du nazisme, afin de laver l'Allemagne, comme nation, du discrédit et de la honte.

A peu près dans les mêmes temporalités, d'autres auteurs forgent une vision opposée de la "voie allemande". Cette vision "négative" du Sonderweg puise ses sources, essentiellement, dans l'école marxiste (même si certains auteurs libéraux la véhiculent également). Ainsi, Marx et Engels avaient bien raison lorsqu'ils accusèrent la bourgeoisie allemande d'avoir renoncé à "son rôle historique" après les mouvement révolutionnaires de 1848, laissant - et s'alliant le plus souvent - à l'aristocratie prussienne (les fameux junkers) le soin d'organiser l'unité allemande dans les années 1860, avec le chancelier Bismarck comme chef d'orchestre.
Les auteurs libéraux, sans tomber dans la dialectique marxiste, critiquaient le décalage entre un modernisation économique rapide de l'Allemagne et l'archaïsme de ses structures politiques. Selon eux, en Allemagne, à la différence des autres pays occidentaux, la mise en place d'une économie de marché et l'émergence de nouvelles catégories sociales ne se seraient pas accompagnées d'une libéralisation de la vie politique. L'échec de 1848 aurait ouvert la porte à une construction nationale autoritaire, sous l'hégémonie du militarisme prussien. Ils rejoignent ainsi leurs collègues marxistes en développement un Sonderweg "négatif", dont l'issue se traduisait par le nazisme (sans être aussi systématiques que les marxistes).

Si des jalons sont bien présents au sein de la communauté historienne allemande, c'est bien Fritz Fischer - ancien professeur d'Histoire sous le IIIème Reich et membre de la NSDAP - qui a le mérite de faire éclater cette vision d'un Sonderweg (pour le coup négatif), dans lequel Hitler ne serait qu'un fils éloigné de Bismarck, tant dans sa politique extérieure que dans sa politique intérieure.
Après lui, Kocka et Wehler iront encore plus loin - même si Fischer l'a également écrit - en expliquant que c'est dans les intérêts économiques et les considérations politiques intérieures que se trouvent les explications de l'impérialisme allemand.
Le Kaiserreich (1871-1918) n'est plus perçu par ce courant historique que comme la matrice de l'autoritarisme allemand. Preuve à l'appui : le personnel politique, de justice, militaire, éducatif, etc., est pratiquement identique après 1918.

Dans les années 1980, d'autres auteurs (dont Nipperdey) battent en brèche cette théorie du Sonderweg, incapable, selon eux, d'étudier le IIème Reich pour ce qu'il est et non pas seulement comme l'antichambre du nazisme. Contre l'approche téléologique des précédents, ils plaident pour une meilleure prise en compte des voies alternatives qui n'ont pas mené au nazisme et témoignent de la persistance d'une "bonne" tradition allemande. Et surtout, ils souhaitent ne pas balayer d'un revers de la main les rôles de certains acteurs, parfois très particuliers et délicats à "classer" sous des étiquettes globales - justement, un Bismarck ou un Hitler, entre autres, ces derniers n'étant pas que représentants et membres de leur classe sociale.

La controverse semble s'être dissipée, surtout dans le nouveau contexte lié à la réunification allemande, dans la décennie 1990.
Cela dit, ponctuellement, elle revient dans les débats comme à l'occasion du livre de Clark, en 2013, sur les causes de la Première Guerre mondiale, Les somnambules : été 1914, comment l'Europe a marché vers la guerre, ou plus prosaïquement, dans nos échanges, ici-même.

Un signe pour nous prouver que le débat n'est jamais clos ?

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 20 Avr 2020 19:49 
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Très bonne synthèse historiographique, instructive et didactique, merci de l'avoir partagé avec nous !

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 20 Avr 2020 19:54 
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Je ne suis pas un expert des questions germaniques mais je voudrais mettre en avant deux points.

D'abord il suffit de regarder les noms des généraux allemands (à commencer par Manstein ou Manteuffel) pour voir qu'existait une certaine continuité sociale entre les dirigeants prussiens du XIXe siècle et ceux du IIIe Reich.

Ensuite que des hommes comme Churchill croyaient beaucoup à cette voie particulière allemande , notamment en raison de l'existence d'une aristocratie militaire anti démocratique et anti libérale qui avait servi aussi bien le IIe que le IIIe Reich.

Donc la thèse est peut être discutable mais elle n'est pas complètement indéfendable , me semble t il .


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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 20 Avr 2020 21:47 
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Oui, on peut opposer à ce qui vous semble une évidence qu'Adolf Hitler était un autrichien naturalisé, un "böhmische Gefreiter" qui n'avait rien d'un aristocrate prussien, ou que dans l'équipe dirigeante du troisième Reich pour un Ribbentrop ou un Krosigk on a un Frick, un Gürtner, un Schacht, un Funk, un Seyss-Inquart, un Himmler, un Todt, un Hess, un Speer, et qu'à quelques exceptions près la vieille aristocratie prussienne est évincée peu à peu des plus hautes responsabilités de l'armée pour être remplacée par des prétoriens qui ne sont pas des Junkers et qui ne doivent tout qu'au Führer (Guderian, Dietl, Zeitzler, Schörner, Model, la liste est longue pour l'armée de Terre, et c'est encore pire dans l'armée de l'Air, moins dans la marine peut-être - et encore).

Précision qui a son importance : Manstein et Manteuffel N'ETAIENT PAS des dirigeants du troisième Reich, ils étaient des généraux ayant atteint à des responsabilités opérationnelles importantes - sans plus : Manstein a été commandant de groupe d'armées, comme une bonne trentaine de ses congénères, Manteuffel d'une armée, comme des dizaines de généraux allemands du conflit. Quitte à prendre des personnalités du haut-généralat, autant prendre ceux qui ont compté vraiment : Keitel, Brauchitsch, Halder, Jodl, Zeitzler, Guderian, ceux-là furent les véritables dirigeants d'une armée de Terre qui était auparavant la chasse gardée des Junkers, et seul Brauchitsch, évincé en décembre 1941, faisait partie de cet ordre. Les autres sont tous des homine novi qui ne seraient sans doute jamais arrivés à ce niveau de responsabilité à l'époque wilhelmienne (même si le système de promotion interne à l'armée allemande est en fait fondé sur la méritocratie bien plus que sur l'origine sociale : il est préférable d'être un "Generalstabler" qu'un rejeton de noble extrace, même si les deux ne sont bien entendu pas incompatibles, au contraire - le cas de Groener l'illustre assez bien).

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 20 Avr 2020 22:58 
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Tout d'abord, je vous remercie tous les deux d'avoir "enchainé" sur message initial. :wink:

Un morceau de réponse du commandant pour ce qui est de l'origine des officiers généraux dans la Wehrmacht .
Je n'ai rien à ajouter sur son passage en revue très détaillée, à un point près, cet ajout : les nazis - là je parle des premiers cercles d'Hitler (pas des ralliés de la dernière heure) - avaient besoin d'eux : ils jouissaient d'un prestige énorme dans la société allemande, même au moment de Weimar - et encore peut-être davantage, puisqu'ils avaient, devant l'opinion publique, tenu la dernière ligne, aidés par leur légende du "coup de poignard dans le dos", ils étaient intacts et solides comme des rocs à l'automne 1918, ils ne pouvaient que préparer des jours meilleurs pour le pays -, et étaient indispensables pour légitimer par le haut le coup de force intérieur lors de la mise au pas de la société allemande entre le printemps 1933 et l'été 1934.
Par la suite, dès que certains de ces officiers supérieurs se sont trouvés en position d'exercer une gêne quelconque, ils ont été écartés (von Blomberg et von Fritch, entre autres).

Cela dit, il est exact qu'un certain nombre de cadres wilhelmiens soient toujours aux affaires sous la République de Weimar, c'est ce qui en sape même les fondations.
Eber n'a pu être certain que la République se maintienne qu'après avoir reçu les assurances de Groener du soutien de l'ex-armée impériale au jeune régime à l'automne 1918. On peut constater la même chose dans la magistrature, l'enseignement, la police, ou la diplomatie.
Mais en ayant dit ceci, nous n'avons nullement prouvé que le lit du nazisme était fait, loin de là. Que la République de Weimar était mal installée avec de tels cadres c'est une chose, que nous arrivions fatalement à l'incendie du Reichstag comme conséquence directe en est une autre. Rappelons nous que ces personnes attendaient une restauration monarchique des Hohenzollern, pas l'arrivée au pouvoir d'un peintre raté avec sa clique de gueux aussi bruyants que mal éduqués.
C'est le risque de toute approche déterministe. Si quelque chose bloque le mécanisme, même l'autorisation d'une simple nuance, c'est que l'approche est viciée.

Citer :
Ensuite que des hommes comme Churchill croyaient beaucoup à cette voie particulière allemande

Je ne l'ai jamais lu à ce sujet. Vous pourriez préciser ?
Car à la différence d'un Chamberlain - et son pitoyable discours au retour de Munich -, il me semble plutôt avoir compris qu'Hitler et ses proches ne respectaient justement pas les règles traditionnelles de la diplomatie et de la politique dans un sens large.

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 20 Avr 2020 23:16 
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Duc de Raguse a écrit :
Par la suite, dès que certains de ces officiers supérieurs se sont trouvés en position d'exercer une gêne quelconque, ils ont été écartés (von Blomberg et von Fritch, entre autres).


C'est entendu, l'armée allemande est une force politique centrale encore au début des années 1930. Hitler a besoin de son appui pour prendre et conserver le pouvoir. Il "échange" ses SA contre l'armée en juin 1934 lors de la "nuit des longs couteaux", parce qu'elle est toujours cruciale dans l'environnement politique allemand des débuts de la "révolution" nazie. Mais il "liquide" les velléités politiques de l'armée en février 1938 avec la double affaire Fritsch-Blomberg, un montage orchestré afin de propulser aux commandes de l'outil militaire allemand, indispensable à ses projets belliqueux, des généraux totalement insipides (Keitel), incapables de s'opposer décisivement à ses volontés (Brauchitsch) ou lui devant tout (Halder, Jodl). La restructuration des forces armées allemandes au détriment des héritiers de l'Oberste Heeresleitung impérial, de Groener et de Seeckt - c'est-à-dire le haut-commandement de l'armée de Terre, l'OKH - avec la création de l'OKW (qui n'est pas un état-major général, mais plutôt un cabinet militaire particulier du chancelier) et l'importance accrue prise par la Luftwaffe (arme national-socialiste par excellence) obéit également à cette logique.

Du coup, si l'armée allemande constitue un "temple" wilhelmien jusque dans les allées du pouvoir, c'est au plus tard jusqu'au début de 1938. Par la suite, Hitler a placé des hommes à lui aux niveaux décisionnels militaires, a éjecté (Beck) ou isolé ceux qui pourraient lui résister en promouvant des fidèles ou des archiambitieux (Guderian, Bock). Au niveau militaire, la solution de continuité entre le Reich wilhelmien et le Reich hitlérien n'est donc que très imparfaite, contrairement à ce qu'avance Jérôme. Il me semble pourtant que c'est l'institution qui a le mieux résisté à l'entrisme nazi, bien plus étendu dans le milieu civil que dans le militaire - excepté peut-être en ce qui concerne les diplomates de la Wilhelmstrasse.

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 12:39 
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Le point de vue de Churchill est résume par une célèbre formule : l'" officier prussien est un claqueur de talons aux idées aussi raides que la nuque " .

Pour le Premier britannique , il existait une opposition profonde entre les classes dirigeantes anglo saxonnes , imprégnées de valeurs libérales, qui les rapprochaient des républicains français et les éloignaient des classes supérieures allemandes (noblesse ou bourgeoisie) qui exagéraient l'importance d l'ordre, de la discipline, etc...

Cette analyse est peut être sommaire mais elle n'est pas absurde. Pour au moins deux raisons : vers 1860, le libéralisme allemand a accepté de coopérer avec l'armée et la monarchie pour faire l'unité dans le cadre d'un Régime politique semi parlementaire et semi libéral. Plus moderne qu'avant 1848 mais beaucoup moins libéral que la monarchie britannique par exemple.

Et parce que les mêmes familles, imbues de valeurs anti libérales ont fourni la grande masse des généraux, des juges, des diplomates , etc... À l'Etat allemand de 1871 à 1945!

Après un bon historien apportera des nuances en soulignant , à l'inverse , que Hitler et ses fidèles appréciaient peu le corps des officiers, la noblesse, ou le clergé et n'ont jamais pensé à rétablir la monarchie. Et qu'il y a dans le totalitarisme national socialiste, un élément socialiste , autrement révolutionnaire. Au moins dans les discours . C'est exact.

On dura aussi que Hitler était issu des classes moyennes , etc...


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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 12:43 
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Un exemple au hasard

Schwerin von Krosigk fut Chancelier du Reich du 2 au 23 mai 1945.

Issu par son père de la famille von Krosigk, des nobles sans titre de l'Anhalt, il prend en 1925 le titre de comte après avoir été adopté par un oncle maternel de la famille von Schwerin.

Il entre au ministère des Finances du Reich en 1919 après avoir servi comme colonel dans l'armée impériale pendant la Première Guerre mondiale. En 1929, il devient directeur du Budget.

en 1932, il est nommé ministre des Finances par Papen. Il est confirmé par Schleicher, puis Hitler.

Son arbre généalogique remonte à 1103 et un de ses ancêtres fut tué à la bataille de Leipzig !


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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 13:16 
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Citer :
Le point de vue de Churchill est résume par une célèbre formule : l'" officier prussien est un claqueur de talons aux idées aussi raides que la nuque " .

Ce qui ne veut pas dire pour autant que Churchill épousait l'idée d'une "voie particulière" allemande - que ce soit dans un sens positif ou négatif de la terminologie.
C'est une vision de l'officier prussien - proche de la caricature - qui ne lui est d'ailleurs pas propre, un Fustel de Coulanges aurait pu écrire la même chose en 1871.

Au-delà des cas individuels qui ont pu avoir des responsabilités sous Weimar et sous le IIIème Reich - inutile d'en faire une liste exhaustive -, cela ne parvient toujours pas à démontrer qu'une "voie particulière" allemande existait et qu'elle devait forcément et inéluctablement déboucher sur le nazisme.
Pour le moment nous citons simplement des alliés de circonstance d'Hitler, dont la cohabitation n'était supportable qu'à condition qu'on torde le cou à cette démocratie et qu'une revanche puisse se produire contre les ennemis d'hier, les gardiens du maudit diktat, que les "criminels de Novembre" avaient permis et autorisé.

Cependant, je perçois deux écueils à cette route inéluctable vers l'horreur et la ruine : la République de Weimar "se stabilise" entre la fin de l'année 1924 et 1929 (moment où la NSDAP ne dépasse par les 3% aux élections législatives) et certains hommes d'Etat se dégagent nettement, comme un Stresemann ou un Marx, et parviennent à obtenir des succès permettant d'enraciner - sans doute pas assez - le régime. En somme, si le régime était condamné d'avance, qu'il ne correspondait pas aux prétendues "traditions allemandes", pourquoi ne s'écroule-t-il pas plus rapidement ?
L'autre écueil se situe dans une date et un personnage : pourquoi à partir de 1930 les scores de la NSDAP explosent subitement aux élections ? Avec un autre dirigeant qu'Hitler le parti aurait-il pu prendre le pouvoir comme il l'a fait ?
Les réponses à ces deux questions permettent, à mon sens, de tailler en pièce toute explication déterministe visant que la construction de la nation allemande depuis 1848 ne pouvait qu'engendrer le "mal" en débouchant inéluctablement sur le nazisme.

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 13:51 
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Jerôme a écrit :
On dura aussi que Hitler était issu des classes moyennes , etc...


Hitler n'était même pas allemand mais autrichien ! Donc son simple exemple démontre exactement le contraire d'une solution de continuité entre le Reich wilhelmien et le sien, puisque jamais un "böhmische Gefreiter" ne serait parvenu sur les marches du trône impérial du temps du second Reich.

Sur les huit chanceliers que compte le Reich bismarckien, seulement un - Georg Michaelis - est un roturier (et encore, il s'agit d'un éminent juriste dont la mère est une Tschirschky und Bögendorff). Les sept autres appartiennent à la noblesse (Bismarck, Caprivi, Bülow) voire à la très haute noblesse (les princes Hohenlohe-Schillingsfürst ou Max de Bade), même si certains ne sont nobles que de manière récente (Bethmann-Hollweg ou Hertling). Bethmann-Hollweg, Michaelis et Hertling sont de plus tous issus de la Bildungsbürgertum, de familles de fonctionnaires totalement dévouées à l’État prussien.
Ils ne sont plus que deux issus de la noblesse sur quinze pour la république de Weimar (d'ailleurs, ce sont les deux derniers avant Hitler, Papen et Schleicher), et il faut attendre le sixième, Cuno, pour en avoir un issu de la bourgeoisie prussienne. Tous ses prédécesseurs (Ebert, Scheidemann, Bauer, Müller, Fehrenbach et Wirth) proviennent de la catégorie des employés voire des ouvriers, ses successeurs jusqu'à Papen exclu viennent de la petite bourgeoisie - ici encore, difficile de voir une solution de continuité entre Reich wilhelmien et hitlérien...

Jerôme a écrit :
Schwerin von Krosigk


C'est sans doute pour cela que je l'ai cité aux côtés de Ribbentrop pour montrer qu'il y avait des membres de la haute noblesse dans l'équipe dirigeante du troisième Reich... mais qu'ils étaient bien minoritaires face aux roturiers comme "un Frick, un Gürtner, un Schacht, un Funk, un Seyss-Inquart, un Himmler, un Todt, un Hess, un Speer".
Si si, vérifiez, je l'ai bien cité.

Et donc ?
Oui, il y a bien sûr eu collaboration entre les Junkers ou la Bildungsbürgertum et le régime nazi, mais 1) elle fut loin d'être aussi systématique que leur participation à la direction politique du Reich wilhelmien ; 2) c'est aussi parmi elles que l'on retrouve les résistants les plus déterminés au régime (Claus Schenck von Stauffenberg n'est pas précisément un roturier, Friedrich-Werner von der Schulenburg non plus, pour ne prendre que deux eemples particulièrement significatifs). Quant à Beck, Hoepner, Blumenthal, les frères Boeselager, Falkenhausen, Stülpnagel, Witzleben, Fromm, Tresckow, Busch-Streithorst, Dohna-Schlobitten - bref la majorité des participants à l'opération "Walküre" le 20 juillet 1944 - ils sont tous issus de vieilles familles militaires, sans exception, souvent d'un père général. Que faut-il en déduire ? Qu'en fait, les Junkers prussiens et l'aristocratie militaire ont été les adversaires intérieurs les plus acharnés du régime nazi ?

Bref, il est très dangereux de proférer des jugements affirmatifs sur la base de quelques exemples piochés ici ou là... A ce jeu-là, on risque de tomber sur quelqu'un qui est prêt à aller chercher des exemples bien plus profondément, qui démentent totalement ce que les siens sont censés démontrer.

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 14:51 
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il s'agit ici d'avoir un point de vue nuancé et argumenté. Les exemples sont un bon argument. Il n'y a pas beaucoup de Schwerin von K ou équivalents au SPD ou au PC !

Il y a aussi des aristocrates en nombre du côté britannique mais ils s'accommodaient très bien du régime parlementaire ! On peut parfaitement comprendre que le francophile Churchill n'appréciait pas les officiers prusso-allemandes

L'idée d'une voie propre à l'Allemagne n'est pas une idée aberrante - même si elle ne peut pas forcément résumer toute l'histoire allemande. Elle explique qu'il y ait eu en Allemagne un terreau favorable au nazisme. Ce terreau avait aussi d'autres racines comme le pangermanisme ou l'antisémitisme. Mais il explique ausssi que la noblesse militaire n'ait pas été absolument gênée par le nazisme. Même si c'est aussi en son sein qu'on a trouvé des opposants courageux.

Un détail : Ribbentropp peut il etre représentatif de la caste prussienne ?


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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 14:58 
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Il y a bien un Sonderweg de mon point de vue, qu'a très bien résumé le duc de Raguse, mais le déterminisme historique est un très mauvais penchant - surtout quand il s'appuie sur des exemples insuffisants qui n'illustrent finalement pas grand chose.

Ribbentrop est le fils d'un officier de carrière de l'armée prussienne (qui se fait éjecter en 1908 de l'armée pour offense à l'empereur), son père appartenait donc à cette caste nobiliaire pilier militaire du royaume de Prusse. Si le parcours de Joachim von Ribbentrop est très différent de celui d'un fonctionnaire ou d'un officier, ses origines familiales vont dans le sens d'une appartenance à l'aristocratie militaire ou de service prussienne. Mais sa famille n'est pas issue de l'élite militaire (aucun membre du généralat prussien à ma connaissance, tandis que sa femme, née Henkell, est issue de la bourgeoisie de commerce rhénane).

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Message Publié : 21 Avr 2020 17:44 
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Il y a bien un Sonderweg de mon point de vue, qu'a très bien résumé le duc de Raguse, mais le déterminisme historique est un très mauvais penchant - surtout quand il s'appuie sur des exemples insuffisants qui n'illustrent finalement pas grand chose.

C'est justement pour cette raison que je pense l'inverse. :wink:
Avec le Sonderweg, on nage dans une sorte de conte de fées - attirant au final parce que donnant une clé de lecture explicative globalisante - que cela soit chez les auteurs du XIXème siècle, conservateurs et nationalistes, mais également chez les marxistes (et certains libéraux) après les années 1960. Ces derniers ont simplement "retourné" la caisse à outils idéologique fabriquée par les premiers pour justifier l'unification. Et si un malheureux quidam tente d'apporter des contre-exemples à ces concept, il est aussitôt accusé de tous les maux et frappé d'anathème.
C'est un résumé simpliste - et comportant une forme de raccourci, je le concède - de ces querelles historiographiques du XXème siècle, mais dans les deux cas on se retrouve dans une approche téléologique. Or, celle-ci souffre peu des nuances et des contre-exemples.
Ce que nous n'arrêtons pas de faire au final.

Un autre exemple m'est venu à l'esprit au sujet de nos militaires sous Weimar : lorsque le putsch Kapp-Lüttwitz se produit en 1920, la Reichswehr demeure l'arme au pied, dans une forme de neutralité bienveillante, ne soutenant ni les putschistes, mais ne défendant pas le régime pour autant. Seeckt est très clair à ce moment là : "la Reichswehr ne tire pas sur la Reichswehr". Résultat, le gouvernement légal est obligé de s'enfuir de Berlin et c'est une grève générale qui fait, finalement, avorter le putsch.
Il n'en est pas de même lors du célèbre putsch de la brasserie, dans lequel Hitler et ses SA, exerçant une pression sur la droite conservatrice bavaroise (von Kahr), se font arrêter par cette même Reichswehr, qui n'hésite pas une seule seconde.
Non seulement Hitler est de basse condition, naturalisé Allemand récemment, et entourés de braillards : ce n'est évidemment pas le même monde. D'après les témoignages de ses proches, il conservera un mépris patent pour cette aristocratie prussienne, bien éduquée, avec de belles manière, mais incapable de conduire comme il se doit l'Allemagne.
Mais quelque a changé dans la République de Weimar après 1929...
Souvenez-vous des questions posées plus haut.
Personne ne veux y apporter des éléments de réponse ?

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 18:12 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Ok, j'avoue que par facilité j'ai considéré le Sonderweg comme étant une explication de l'exception allemande au sens large. Celle-ci me paraît être réelle, d'où le fait que j'y adhère, sans que cela soit dans une optique plus réduite, qu'elle soit "positive" (une voie purement allemande qui serait la meilleure, entre conservatisme et modernisme, illustrée par le deuxième Reich) ou "négative" (le troisième Reich et ses crimes sont inscrits dans les gênes allemands dès l'unité allemande). Je le vois plutôt comme l'idée que seule l'Allemagne a produit le troisième Reich, et que c'est pour des raisons bien précises (qui tiennent à un ensemble de causes très larges, et pas seulement le militarisme prussien ou le conservatisme des élites allemandes).

Il est vrai que cela mérite réflexion. Et débat.

CEN EMB

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 Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 21 Avr 2020 18:22 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
Duc de Raguse a écrit :
...à savoir la controverse Fischer (Fischer Kontroverse), qui agita pendant plusieurs décennies la communauté historienne allemande, puis mondiale.

Ceci ne pourrait-il pas s'inscrire dans un mouvement propre à ces années où la société allemande semble faire un mea culpa ressemblant fort à une thérapie de groupe.

Citer :
... il parvient à démontrer que le gouvernement impérial préparait la guerre depuis le début de la décennie 1910.

Analyser la marche vers un conflit mondial à l'aune d'un seul pays -qui plus est l'Allemagne- me semble risqué.

Citer :
A l'aide de l'analyse de documents officiels, il parvient à démontrer la responsabilité de l'Allemagne impériale dans le déclenchement de la Grande guerre - au-delà du seul blanc-seing donné à Vienne au début du mois de juillet 1914, lorsque la crise n'en était qu'à son commencement.

Quel "blanc-seing" : je ne comprends pas ? L'immobilisme quant à la réponse de l'Autriche dans les Balkans ?
Il me semblait que ce fut le jeu des alliances doublé d'une impétuosité belliqueuse de certains qui fit avancer le train : personne n'a vraiment souhaité le freiner.
Quelle attitude a eu l'Allemagne face à la Russie lors de la volonté de mobilisation de celle-ci ?

Citer :
Seulement Fischer ne s'en est pas tenu là, puisqu'il pose également la question de la continuité (Kontinuitätsproblem) entre les orientations de politique étrangère de l'Empire wilhelmien avec celles du IIIème Reich.
De la même manière, pour lui, les proximités entre les structures décisionnelles des deux régimes sont patentes.
Pour la première fois un historien allemand - d'autres le suivront ensuite comme Kocka ou Feldman, entre autres - osait tracer un fil directeur puissant dans la politique allemande (extérieure et intérieure) menée entre 1871 et 1945.

Cette continuité vous semble-t-elle plausible ? Fischer n'est-il pas victime/imprégné de l'air -politique- du temps ?
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