Oups, pardon, mon message était maladroit.
@Narduccio: je parlais uniquement du très récent vaccin suspendu chez nous, ni d'autres, ni des vaccins en général.
@Jean-Mic:
le message caché derrière mon intervention était sur le fait que nous ne sommes pas maîtres des usages de l'histoire de toute façon et les historiens de moins en moins il me semble. On a bien vu ces dernières années combien l'instrumentalisation de l'histoire par les politiques revenait après une période d’accalmie. Sur le covid, je pense que ce que vous décrivez est bien historique mais que d'autres dates mettront du vernis sur cette première personne vaccinée. Je pense au jour du "lockdown", aux premiers cas hypothétiques notamment.
Ce qui est dit par Narduccio me semble très intéressant. Pour compléter, par exemple, il y a eu des débats historiographiques après le 11 septembre: fallait-il pour l'historien le prendre directement pour objet d'histoire? Est-ce un évènement au sens historique du terme? Quelle est la place des historiens dans ce sujet ? Etc. Là-dessus, un historien (Winock peut-être, il faut que je remette la main dessus!) avait établi des critères pour évaluer un évènement. Forcément, c'était "à chaud" sur le 11/09 et il était difficile d'en évaluer la portée (grande on le sait). Arlette Farge était elle aussi rentrée dans ce débat en multipliant les approches, évoquant la place des émotions populaires, la place du non-évènement (en l’occurrence c'était une révolte du peuple prévue par Louis XV qui n'a jamais eu lieu) et autre.
Pour le reste, il existe depuis très longtemps des historiens du temps présent (certains remontent à Thucydide, d'autres voient le cran se franchir avec
l'Etrange défaite de Bloch c'est selon)
Il existe aussi l'Institut d'Histoire du temps présent avec pour haute figure Henri Rousso (
https://www.ihtp.cnrs.fr/content/linstitut-dhistoire-du-temps-present ). Patrick Garcia résume bien l'intérêt de cette histoire présente (
https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/562 ). Récemment, ils ont beaucoup travaillé sur les attentats de 2015.
Pour résumer, oui on peut, je pense, faire de l'histoire instantanée (ou en tout cas faire pratique d'historien sur des "évènement chauds") mais il ne faut pas oublier que l'actualité appartient aux journalistes et de plus en plus aux politiques. En cela, l'Histoire n'a, en soi, ni commencement ni fin (on écarte les fadaises de la
fin de l'histoire de Fukuyama), est sans limites MAIS les historiens doivent être très attentifs à 1. ne pas chasser les lumières des studios en permanence 2. se distinguer des autres intervenants lorsqu'ils interviennent.
Par exemple, parler des différentes épidémies / pandémies dans l'histoire sur un plateau est tout à fait recevable. Maintenant, je vois mal un historien aller sur un plateau pour passer les plats, prédire l'avenir ou donner des conseils aux gens (gestes barrières...). Pour le coup, ce n'est pas son rôle. Enfin, il me semble que les historiens doivent aussi mettre du recul et de l'espace lorsqu'ils parlent: si l'actualité est bien covid, cela ne doit pas faire oublier tous les autres sujets masqués.
Pour terminer avec 2015, c'est déjà dans les manuels scolaires par exemple depuis au moins 2017-18.
Je n'ai pas encore vu les Gilets jaunes. Sur ce sujet, un chercheur m'avait promis "au moins 30 ans d'archives" avec ce sujet. Depuis, il m'a téléphoné pour me dire que la disparition dite accidentelle des Cahiers de doléances édition 2018-19 a été une catastrophe.
Le covid le sera (quand nous serons sortis de ça?). Reste à savoir ce qui sera écrit. A ce compte là je ne préfère ne pas m'y risquer tant le futur me semble incertain (qui seront les "coupables"? Les "bienfaiteurs"? Le pouvoir en place dans chaque pays a-t-il dit la vérité? )... En voilà du travail pour les historiens