Nous sommes actuellement le 29 Mars 2024 2:16

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 12 message(s) ] 
Auteur Message
Message Publié : 15 Mars 2021 11:59 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 21 Nov 2008 17:01
Message(s) : 782
Localisation : Nevers
L'événement se situe hors du cadre temporel de ce forum et pourtant il me semble qu'il a sa place dans cette rubrique Historiographie et épistémologie.

Le premier flacon de vaccin anti-Covid-19 est entré au musée !
La seringue, la carte de vaccination et les vêtements que portait la première personne à le recevoir le 14 décembre 2020 ont également rejoint le Musée national d’histoire américaine de Washington.
Il est probable que l'Histoire retienne aussi le nom de la première personne au monde à être vaccinée : Sandra Lindsay.
(Après tout, nous avons bien retenu les noms de Joseph Meister, premier sauvé de la rage grâce aux travaux de Louis Pasteur...)

Que vous inspire cette tentative d'écriture instantanée de l'Histoire ? Puisqu'il s'agit bien de cela avec le projet de ce musée américain.

_________________
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 15 Mars 2021 13:32 
Hors-ligne
Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5716
Localisation : Limoges
Les Américains ont un certain sens de l'instant qui fait l'histoire. Ils aiment énormément la mettre en scène et la marquer, parfois jusqu'au ridicule (des situations très préparée et pensées comme spontanée...) C'est au final peu étonnant.

_________________
Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 15:00 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 17 Nov 2019 20:27
Message(s) : 154
Bonjour,
Je ne savais pas! Cela me laisse de marbre. Il faut bien avouer que le vaccin contre la rage semble plus sûr et décisif dans l'histoire de la médecine. Or, les récents événements avec certains vaccins montrent que nous ne pouvons guère avoir une confiance totale envers un vaccin élaboré en si peu de temps / pression (des étapes ont été brûlées). Pour résumer j'ai l'impression que l'un est un remède (vous employez le mot "sauvé" pour Pasteur), pour le covid vous dites simplement "vaccinée".

Bref, cela ne m'inspire rien de bon. C'est indéniablement historique mais la double entrée "historique-remède" (Yersin, Pasteur...) ne me semble pas cochée. D'ailleurs aucun nom de scientifique ne me semble émerger.

_________________
Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Beaumarchais, Le Barbier de Séville, 1775.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 18:13 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 21 Nov 2008 17:01
Message(s) : 782
Localisation : Nevers
Ce n'est pas le sujet de ma question. La question n'est pas le Covid, ni le vaccin...

Je m'interroge sur la capacité d'écrire l'Histoire en direct, la prétention de dire : voilà ce qui fera l'Histoire demain, voila aujourd'hui ce que devront savoir les générations futures, voila ce qui est digne de figurer dans les manuels de demain, dans les musées de demain, sur notre Histoire d'aujourd'hui ...
Peut-on faire de "l'Histoire instantanée" ? (Quoiqu'en la matière, cela me fasse plus penser à du Polaroïd® que de l'instantané...)

_________________
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 19:30 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
Pensabene a écrit :
Bonjour,
Je ne savais pas! Cela me laisse de marbre. Il faut bien avouer que le vaccin contre la rage semble plus sûr et décisif dans l'histoire de la médecine. Or, les récents événements avec certains vaccins montrent que nous ne pouvons guère avoir une confiance totale envers un vaccin élaboré en si peu de temps / pression (des étapes ont été brûlées). Pour résumer j'ai l'impression que l'un est un remède (vous employez le mot "sauvé" pour Pasteur), pour le covid vous dites simplement "vaccinée".

Bref, cela ne m'inspire rien de bon. C'est indéniablement historique mais la double entrée "historique-remède" (Yersin, Pasteur...) ne me semble pas cochée. D'ailleurs aucun nom de scientifique ne me semble émerger.


Vous avez un très fort parti-pris contre le vaccin contre le coronavirus. Vaccin qui n'est ni plus sûr, ni moins sûr que la plupart des autres vaccins. Et quand on a lancé les grandes campagnes de vaccination contre la poliomyélite ou contre la variole ou la rage, on avait encore moins de recul que maintenant. Contre la rage, c'est pire. Nous savons pourquoi les vaccins fonctionnent et comment ils fonctionnent, ce n'était pas le cas de Pasteur et de son équipe. On est sur un forum d'histoire, ne laissez pas vos peurs et vos intuitions prendre le pas sur votre esprit critique et votre esprit d’analyse. Nous avons environ 150 ans de connaissances acquises d'avantage par rapport à Pasteur. La grande différence est qu'à l'époque où avait confiance dans la science et dans le progrès.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 19:39 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
Jean-Mic a écrit :
Ce n'est pas le sujet de ma question. La question n'est pas le Covid, ni le vaccin...

Je m'interroge sur la capacité d'écrire l'Histoire en direct, la prétention de dire : voilà ce qui fera l'Histoire demain, voila aujourd'hui ce que devront savoir les générations futures, voila ce qui est digne de figurer dans les manuels de demain, dans les musées de demain, sur notre Histoire d'aujourd'hui ...
Peut-on faire de "l'Histoire instantanée" ? (Quoiqu'en la matière, cela me fasse plus penser à du Polaroïd® que de l'instantané...)


En fait, si on se plonge dans des archives, on trouvera pas mal de gens qui vont décréter que tel évènement, tel moment, tel fait est : "HISTORIQUE !". Ensuite, l'histoire et la mémoire des hommes font le tri. Il y a des moments historiques qui ne l'ont été que l'espace de quelques moments. Et, il y a des moments qui sont passés pour relativement relativement anodins et qui ont eu un grand impact.

Donc, des commentateurs ont beau jeu de dire : "C'est historique !". Cela peut être juste anecdotique, comme par exemple le fait que Donald Trump a été le premier Président de l'histoire des USA a faire l'objet de 2 procédures d'empeachement. Cela aurait été plus historique, s'il avait été le premier qui aurait été condamné dans une de ces procédures. Ou s'il avait été obligé de démissionner et de laisser sa place au vice-président.

Dans certains milieux, on génère beaucoup de faits "historiques". Par exemple le sport où chaque années il y a des sportifs qui vont accumuler plus d'exploits ou d'honneurs que d'autres avant eux. C'est aussi le cas dans le monde de la culture où tel groupe, tel chanteuse, tel artiste va réussir à augmenter le nombre de vues, de spectateurs, de .... Avant que les groupes de la pop-rock des années 60-70 ne commencent à remplir les stades, la jauge d'un évènement musical public historique était d'environ 5000 personnes. Ensuite, on a dépassé les 10 000 et certains ont dépassés les 50 000 spectateurs. Est-ce "historique", ou juste "notable" ?

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 23:02 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 17 Nov 2019 20:27
Message(s) : 154
Oups, pardon, mon message était maladroit.

@Narduccio: je parlais uniquement du très récent vaccin suspendu chez nous, ni d'autres, ni des vaccins en général.

@Jean-Mic:
le message caché derrière mon intervention était sur le fait que nous ne sommes pas maîtres des usages de l'histoire de toute façon et les historiens de moins en moins il me semble. On a bien vu ces dernières années combien l'instrumentalisation de l'histoire par les politiques revenait après une période d’accalmie. Sur le covid, je pense que ce que vous décrivez est bien historique mais que d'autres dates mettront du vernis sur cette première personne vaccinée. Je pense au jour du "lockdown", aux premiers cas hypothétiques notamment.

Ce qui est dit par Narduccio me semble très intéressant. Pour compléter, par exemple, il y a eu des débats historiographiques après le 11 septembre: fallait-il pour l'historien le prendre directement pour objet d'histoire? Est-ce un évènement au sens historique du terme? Quelle est la place des historiens dans ce sujet ? Etc. Là-dessus, un historien (Winock peut-être, il faut que je remette la main dessus!) avait établi des critères pour évaluer un évènement. Forcément, c'était "à chaud" sur le 11/09 et il était difficile d'en évaluer la portée (grande on le sait). Arlette Farge était elle aussi rentrée dans ce débat en multipliant les approches, évoquant la place des émotions populaires, la place du non-évènement (en l’occurrence c'était une révolte du peuple prévue par Louis XV qui n'a jamais eu lieu) et autre.

Pour le reste, il existe depuis très longtemps des historiens du temps présent (certains remontent à Thucydide, d'autres voient le cran se franchir avec l'Etrange défaite de Bloch c'est selon)
Il existe aussi l'Institut d'Histoire du temps présent avec pour haute figure Henri Rousso ( https://www.ihtp.cnrs.fr/content/linstitut-dhistoire-du-temps-present ). Patrick Garcia résume bien l'intérêt de cette histoire présente ( https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/562 ). Récemment, ils ont beaucoup travaillé sur les attentats de 2015.

Pour résumer, oui on peut, je pense, faire de l'histoire instantanée (ou en tout cas faire pratique d'historien sur des "évènement chauds") mais il ne faut pas oublier que l'actualité appartient aux journalistes et de plus en plus aux politiques. En cela, l'Histoire n'a, en soi, ni commencement ni fin (on écarte les fadaises de la fin de l'histoire de Fukuyama), est sans limites MAIS les historiens doivent être très attentifs à 1. ne pas chasser les lumières des studios en permanence 2. se distinguer des autres intervenants lorsqu'ils interviennent.
Par exemple, parler des différentes épidémies / pandémies dans l'histoire sur un plateau est tout à fait recevable. Maintenant, je vois mal un historien aller sur un plateau pour passer les plats, prédire l'avenir ou donner des conseils aux gens (gestes barrières...). Pour le coup, ce n'est pas son rôle. Enfin, il me semble que les historiens doivent aussi mettre du recul et de l'espace lorsqu'ils parlent: si l'actualité est bien covid, cela ne doit pas faire oublier tous les autres sujets masqués.

Pour terminer avec 2015, c'est déjà dans les manuels scolaires par exemple depuis au moins 2017-18.
Je n'ai pas encore vu les Gilets jaunes. Sur ce sujet, un chercheur m'avait promis "au moins 30 ans d'archives" avec ce sujet. Depuis, il m'a téléphoné pour me dire que la disparition dite accidentelle des Cahiers de doléances édition 2018-19 a été une catastrophe.

Le covid le sera (quand nous serons sortis de ça?). Reste à savoir ce qui sera écrit. A ce compte là je ne préfère ne pas m'y risquer tant le futur me semble incertain (qui seront les "coupables"? Les "bienfaiteurs"? Le pouvoir en place dans chaque pays a-t-il dit la vérité? )... En voilà du travail pour les historiens :wink:

_________________
Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Beaumarchais, Le Barbier de Séville, 1775.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 23:26 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
Pensabene a écrit :
@Narduccio: je parlais uniquement du très récent vaccin suspendu chez nous, ni d'autres, ni des vaccins en général.


Ben justement, celui qui a été suspendu est ce qui se rapproche le plus d'un vaccin classique. Donc, c'est celui sur lequel on a le plus de recul. Et ce serait aussi pour cette raison qu'il aurait tellement d'effets secondaires. Dans le pays le plus impacté, l'Allemagne, on a 7 cas de thrombose pour 1,7 millions de personnes vaccinées.. Globalement, 4 cas par millions de vaccinés. Les autres pays ont des chiffres plus faibles. La disparités des chiffres a fait suspecté la possibilité d'un lot défaillant. Ce qui a conduit l'Autriche a simplement écarter le lot incriminé. Et les autrichiens laissent entendre que certains feraient mieux de raisonner que de jouer à se faire peur.

En fait, ce problème des effets secondaires est très prégnant dans toute la rhétorique antivaxx. La vaccination repose souvent sur un constat simple : il vaut mieux peu de morts dus aux effets secondaires (dans le cas où ils sont mortels) plutôt que des millions de morts si on se passe des vaccins. Les gens qui ont un membre de leur famille qui est décédé à cause des effets secondaires sont choqués et ils ont du mal à accepter cette situation. Cette question de la balance bénéfices-risques est un point central dans la discussion sur l'acceptation de la vaccination. Si on prend le cas d'espèce du covid, puisque c'est le cas qui nous préoccupe en ce moment, voilà quels en sont les termes :

allodocteurs a écrit :
Comme l’expliquait Alain Fischer sur France Inter, la pharmacovigilance autour des vaccins anti covid nécessite de se poser deux questions. Premièrement, "est-ce qu’il y a un nombre excessif d’évènement par rapport à celui qui est attendu dans la population du même âge non vaccinée ?" Jusqu’à ce week-end, non, répondait-il. Mais les chiffres de l’Allemagne pourraient changer la donne.

Ensuite, "est-ce qu’il y a des manifestations cliniques ou biologiques qui sortent de l’ordinaire ?" Et c’est sur ce deuxième aspect qu’il y a aujourd’hui discussion. La suspension le temps d’une analyse devrait permettre de mieux comprendre ces cas et de garantir une "transparence" autour des éventuels effets du vaccin.
La balance bénéfice-risque est-elle modifiée ?

Pour autant, le bénéfice du vaccin reste supérieur au risque, comme le rappelle le comité d’évaluation des risques en pharmacovigilance (Prac) de l’EMA qui soutient que "les avantages du vaccin continuent à l’emporter sur ses risques", et que "le vaccin peut continuer à être administré pendant que l’enquête sur les cas d’événements thromboemboliques se poursuit".

En effet, six décès liés aux thromboses ont été enregistrés dans toute l’Europe, quand en moyenne, la France à elle seule compte entre 200 et 300 décès du covid par jour.


6 morts contre plus de 200 morts. Pour beaucoup, la question ne devrait même pas se poser. Mais, on peut peut être améliorer cette balance bénéfices-risques. En comparant les cas, il est possible qu'on identifie des populations à risque. En écartant ces populations de la masse des vaccinés, on pourrait avoir une balance du type de zéro morts contre 200 morts par jours. C'est la raison qui a conduit à la suspension, le temps de comprendre. Mais, pas mal de spécialistes ruent dans les brancards, car durant le temps où on réfléchit, on accepte que 200 à 300 personnes meurent chaque jour.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mars 2021 23:34 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
En même temps, il faut tenir compte de "qui" fabrique l'Histoire. On voit plusieurs cas où ce que retiennent les gens ne correspond pas à la réalité des faits. On a parfois du mal à comprendre comment un mensonge comme le coup de poignards dans le dos né après la défaite allemande de 1918 a pu prendre valeur de vérité chez les allemands qui avaient vécu en masse cette période. J'ai eu du mal à le comprendre, mais, comme je l'ai déjà écrit dans une autre discussion, ce qui se passe en ce moment m'a beaucoup aidé. Je vois des gens qui s'enferment dans des logiques aberrantes, pour ne pas dire absconses. Des gens qui vous certifient aujourd'hui qu'ils ont toujours pensé ... l'inverse de ce qu'ils déclaraient il y a un mois, ou une année. Même quand vous leur soumettez leurs propres écrits.

Là-dessus, dans certains cas, il y a des groupes qui œuvrent pour une vision partisane de l'histoire, celle qui convient le mieux à ce qu'ils désirent démontrer. S'ils ont les faveurs des médias, la population générale finit par penser que c'est bien ainsi que les choses se sont passées.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Mars 2021 8:34 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8153
Localisation : Provinces illyriennes
La mauvaise histoire est fabriquée désormais comme l'opinion publique est construite, façonnée et martelée par ce que certains ont appelé par le passé le "4ème pouvoir". Il faut bien se garder de tomber là-dedans et d'attendre les décennies nécessaires pour entrer dans ce temps de (re)construction de l'Histoire.
Le travail d'un historien repose sur l'analyse méthodique et critiques de sources anciennes, souvent exhumées à la lumière de nouvelles questions (exemple des travaux sur la peste noire depuis la pandémie du covid), qui le frappent dans les réflexions de son époque.
Ainsi, ce travail de fabrication d'une "vitrine" que les contemporains peuvent déjà visiter, cette mise en scène ne parait pas appartenir encore au temps de l'étude de l'Histoire. C'est davantage de l'information, d'autant plus que si une véritable catastrophe planétaire arrive demain, elle balaiera ce fameux "covid" au rang de simple curiosité.
Cela dit, dans une vingtaine d'année je pense qu'un bon travail historique (et de philosophie et de psychologie) pourra être construit sur cette période si particulière, qui aura vu des sociétés entières choisir de ne plus vivre pour espérer ne pas mourir.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Mars 2021 11:12 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 17 Nov 2019 20:27
Message(s) : 154
@Narduccio: vous m'apprenez des choses. Concernant la balance bénéfice / risque bien d'accord avec vous. Ma remarque portait davantage sur le fait que ce vaccin précis de ce labo ne rentrera pas forcément dans "l'histoire".

Cela dit, en relisant mon premier message je me dois de vous confesser ce scepticisme : un membre de ma famille, travaillant à l'hôpital côté pédiatrie, a été très fortement encouragé (voire pression de la dir. hospitalière) pour se faire vacciner... (Il comptait le faire mais attendait davantage de retours de post-vaccinés et une ligne claire du service/ gouvernement)...Il est en arrêt depuis (cause arithmie notamment). D'où ce scepticisme, non sur le vaccin en soi (au contraire). Si j'étais en histoire, je dirais que j'oublie la raison historique (effets secondaires des vaccins c'est logique) pour laisser place à la mémoire (mes émotions), à tort.
Je m'arrête... Je suis hors-sujet, désolée. Je vais laisser place au débat original.

_________________
Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Beaumarchais, Le Barbier de Séville, 1775.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Mars 2021 19:00 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
Pensabene a écrit :
@Narduccio: vous m'apprenez des choses. Concernant la balance bénéfice / risque bien d'accord avec vous. Ma remarque portait davantage sur le fait que ce vaccin précis de ce labo ne rentrera pas forcément dans "l'histoire".

Cela dit, en relisant mon premier message je me dois de vous confesser ce scepticisme : un membre de ma famille, travaillant à l'hôpital côté pédiatrie, a été très fortement encouragé (voire pression de la dir. hospitalière) pour se faire vacciner... (Il comptait le faire mais attendait davantage de retours de post-vaccinés et une ligne claire du service/ gouvernement)...Il est en arrêt depuis (cause arithmie notamment). D'où ce scepticisme, non sur le vaccin en soi (au contraire). Si j'étais en histoire, je dirais que j'oublie la raison historique (effets secondaires des vaccins c'est logique) pour laisser place à la mémoire (mes émotions), à tort.
Je m'arrête... Je suis hors-sujet, désolée. Je vais laisser place au débat original.


Je pense que vous n'êtes pas si hors sujet que cela. En fait, si n cherche à classer, on pourrait dire qu'il y a 3 "histoire"(s). Il y a l'histoire universitaire, elle est basée sur l'analyse rigoureuse de sources reconnues et recoupées. C'est de cette histoire que se réclament la plupart des intervenants sur ce fil. Il y a ensuite une histoire mémorielle basée sur le vécu, le ressenti de la majorité des gens. Elle se base sur ce que retiennent les gens et ce qu'ils vont transmettre à leur descendance. Puis, il y a une histoire communautaire construite pas certaines communautés pour expliquer sa façon de voir les choses. Entre l'histoire mémorielle et l'histoire communautaire, on peut se demander où réside la différence. C'est simple, dans le premier cas, on ne cherche pas à l'orienter, c'est ce qui reste dans la mémoire. Dans le second cas, une communauté va essayer de présenter l'histoire dans le sens où cela lui convient. Là, il y a une fabrique de l'histoire dans le sens où on va occulter ce qui déplait et mettre en valeur ce qui est valorisant.

Quand vous dites : "Si j'étais en histoire, je dirais que j'oublie la raison historique (effets secondaires des vaccins c'est logique) pour laisser place à la mémoire (mes émotions), à tort.", en laissant la place à vos émotions, vous faites ce que j'ai nommé plus haut de l'histoire mémorielle. Maintenant, si suite à cela, vous rejoignez un groupe d'anti-vaxx et que vous mettez à croire à leur propagande, vous basculez de l'histoire mémorielle à l'histoire communautaire. Plus rien ne pourra vous convaincre que ce que vous avez ressenti n'est pas la réalité car vous créerez la réalité qui correspond à votre ressenti.

Je connais plusieurs cas où l'histoire d'une communauté est devenue l'histoire mémorielle de la nation, alors que l'histoire universitaire sait que cette histoire est fausse. L'un des exemples que je connais le mieux, car il correspond à quelque chose que je suis de prêt à cause de mon métier, c'est l'histoire du nuage de Tchernobyl. Tout le monde se gausse sur le fait que les "autorités" de la République auraient caché que le nuage a survolé la France. En fait, les services de la République ont très officiellement annoncé tous les survols du nuage et cela a été répercuté dans les médias (journaux papier, journaux radiodiffusés, télévisés de l'époque). Il y a des articles datés du 02 mai 1986 qui annoncent que le service concerné a annoncé via un télex le 30 avril 1986 que le nuage était en train de survoler la France. Et ce, ou plutôt ces télex tracent la progression du nuage d'heure en heure...

D'où vient le hiatus entre la légende urbaine que tout le monde pense être vraie et la réalité ? Au départ c'est un article de Libération daté du 12 mai qui voulait alerter sur le fait qu'en Allemagne on interdisait à la vente certains produits et pas en France. Il y a un tas de raisons qui expliquent pourquoi une telle décision politique a été prise d'un coté de la frontière et pas de l'autre. Si les allemands avaient appliqué leurs procédures définies à l'avance, ils n'y aurait pas eu de polémiques car ils n'auraient pas interdit ces produits à la vente (bon, ils les ont exportés en Afrique, mais çà c'est une autre histoire). Mais, cet affaire a été régulièrement matraquée dans les médias par les mouvements écologistes. Petit à petit, ils ont réussi à convaincre le plus grand nombre de gens que c'était la réalité. Depuis 2 ou 3 ans, on voit quelques rares articles qui tentent de rétablir la réalité, et on trouve quelques études qui cherchent à démontrer à quel point cette légende urbaine est fausse et aberrante. Mais, cette histoire est ancrée trop profondément et beaucoup trop de monde pense que c'est la réalité.

De la dangerosité du vaccin qu'est-ce qu'on en retiendra dans 5, 10, 30 ans ? Aujourd'hui personne ne peut le dire. Aujourd'hui, il y a divers groupes qui essayent de porter leur réalité. En faveur ou à l'encontre de ce vaccin ou des vaccins. Selon ce qui se passera dans les semaines, les mois à venir, mais aussi, selon ce qui va "s'imprimer" dans la tête des gens, une histoire mémorielle va se bâtir. Sera-t-elle proche de l'histoire universitaire ou de l'histoire communautaire de l'une des communautés en questions ? Pour l'instant personne ne peut rien présager. Il y aura peut-être une geste mémorielle qui prétendra que LA vaccination aura sauvé l'Humanité. Ou alors des discours qui prétendront qu'on a vaincu le vaccin malgré la vaccination, ou ....

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 12 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB