Pédro a écrit :
ce n'est pas ainsi que Chapoutot présente les choses. Il insiste sur l'aspect marginal du livre dans le nazisme, pas d'Hitler
Sauf qu'il parle aussi de Hitler, et pas seulement de
Mein Kampf. Vous lisez bien comme moi dans l'article ci-dessus: "la centralité
supposée de Hitler"?
et
Liber censualis a écrit :
"l'hitlero-centrisme est un héritage de la propagande nazie"
Cette dernière phrase est étrange. Propagande pilotée par qui? Goebbels? Qui a nommé Goebbels? Hitler a fait en sorte de développer une propagande qui le servait. Mais la phrase laisse penser que c'est de la propagande qui a -après coup (c'est le sens de héritage?)- fait croire que Hitler aurait été le centre, le chef, le Fuhrer auquel tous sont subordonnés. Ou ai-je mal compris le sens des phrases de Chapoutot? Le Stalino-centrisme en URSS est-il aussi supposé? Il y a encore plus d'écrits idéologiques en URSS, et Staline n'a rien écrit qui reste dans les mémoires, pas de manifeste, pas de "Que faire?", pas de "Mein Kampf". Staline s'appuyait sur un appareil d'Etat gigantesque, qui lui a survécu de nombreuses années. Dirait-t-on que le Stalino-centrisme fut un "héritage de la propagande communiste"?
Si Hitler n'est pas central, il est donc périphérique. Parler de la centralité d'un personnage dans un régime n'est pas dire que tout ce régime se résume à lui, ce serait idiot. Bien évidemment il faut s'intéresser aux "second et troisième cercles" comme le dit Chapoutot. De là à faire de Hitler un élément périphérique, il y a un pas qu'on n'est pas obligé de faire avec lui.
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Sur le livre: oui, bien évidemment Hitler n'est pas le premier à développer des thèses raciales, ni le nationalisme allemand, ni l'antisémitisme. C'est effectivement une énième mouture d'idées frelatées. Tout cela a déjà été montré maintes fois, sans attendre Chapoutot. Des historiens français, anglais, allemands, et même israéliens ont fait remonter la généalogie de l'idéologie nazie au XIXe siècle, voire avant. Sans attendre Zeev Sternhell, Hannah Arendt le montrait déjà au sortir de la guerre dans
les origines du totalitarisme. Donc, rien d'original dans les idées de Hitler. Et il y eut de nombreuses autres publications postérieures à Mein Kampf. Tout cela va sans dire.
Pourtant, il n'en reste pas moins que ce "pot-pourri" de 1925 représente une synthèse très particulière, un moment-clef, qui a une place particulière dans l'histoire. Un Lyautey ou un De Gaulle ne s'y sont pas trompés.