mitra13 a écrit :
Sinon si les sumériens connaissaient les egyptiens , et réciproquement , comment les nommaient ils
Justement cela devrait suffire à montrer que la discussion n'ira pas loin : autant on trouve des mythes mésopotamiens anciens relatifs au monde iranien (Aratta), au Levant (la forêt des cèdres), mais par contre rien sur l’Égypte. Honnêtement on ne peut même pas supposer de relations régulières entreprises directement entre ces deux pays, parce qu'il n'y en a pas vraiment de traces ; rien de comparable avec l'Indus par exemple, je ne parle pas de l'Iran, le Levant ou l'Anatolie.
Là où les recherches sur les liens Nagada-Uruk font souvent fausse route, c'est qu'elles ne prennent pas assez en compte la perspective mésopotamienne, et notamment le phénomène que l'on a pu qualifier d'"expansion urukéenn", bien visible sur le Moyen Euphrate, dans le sud-ouest iranien (Susiane), voire dans le sud-ouest anatolien. Pour le coup on a des traces claires d'une forte influence et sans doute d'une présence urukéenne (on va éviter de parler de Sumériens, on n'est pas sûrs de l'ethnie ou des ethnies des "Urukéens") : cela s'appuie sur la céramique, la glyptique, l'habitat, voire les systèmes comptables et écrits. C'est à cela que ressemble une influence sumérienne forte. Pour l’Égypte, rien de tout cela : des cônes d'argile, une influence sur des objets gravés comme le couteau de Gebel el-Arak et deux ou trois autres choses parfois très tirées par les cheveux ... Rien à voir avec la sphère d'influence urukéenne au Moyen-Orient. Au mieux la Basse-Mésopotamie a joué un rôle d'émulation lointain pour l'Egypte au moment où celle-ci étendait ses relations extérieures pour le profit de ses élites (qui viennent plutôt de Haute Égypte).
Si on remet bien les choses dans la perspective de l'époque, on se rend compte qu'il n'y a rien de très lourd dans le dossier des relations "uruko-nagadéennes", ça devient juste intéressant quant on change de titre pour passer aux relations "suméro-égyptiennes". Tout de suite c'est plus "sexy" de réfléchir sur une soi-disante influence déterminante sumérienne sur l’Égypte, plus que de traiter de dossiers archéologiquement plus fournis comme les "colonies" urukéennes sur le Moyen-Euphrate. Le sujet intéresse actuellement bien moins les vrais chercheurs spécialistes des deux périodes que les pseudo-historiens ou les réalisateurs de documentaires, ce qui en dit long sur la teneur du sujet. Il y a sans doute des choses à trouver en le creusant, mais sûrement pas une forte migration de Mésopotamie vers l’Égypte ou une dette immense de la seconde envers la première pour son développement.