GustavedeBeaumont a écrit :
1. S'il faut choisir un endroit non protégé, le talon est un bon choix délibéré. Il n'est pas évident pour tenir un bébé mais c'est un point relativement moins exposé que les autres au combat.
2. n'aurait-elle (ou lui, adulte) pas pu penser à lui faire porter un élément protecteur à cet endroit? Une petite cuirasse ou protection métallique?
Mais chaque héros doit avoir son défaut et le garder, car c'est le point par lequel il trouve la mort et ce qui le rattache à l'humanité.
Pierma a écrit :
L'Illiade ?
J'interviens dans la discussion pour poser la même question que Brad Pitt dans le film : "Si je suis invulnérable, pourquoi est-ce que je porte une armure ?"
En l'occurrence, la réponse est intéressante : le talon d'Achille ne figure pas dans l'Iliade ! La première mention est dans l'Achilléide de Stace, écrite 800 ans après Homère.
En revanche, une blessure semblable est bien décrite par Homère, mais c'est à Diomède que Paris l'inflige !
Homère, chant 11 a écrit :
Mais Alexandros, l’époux de Hélénè à la belle chevelure, appuyé contre la colonne du tombeau de l’antique guerrier Dardanide Ilos, tendit son arc contre le Tydéide Diomèdès, prince des peuples. Et, comme celui-ci arrachait la cuirasse brillante, le bouclier et le casque épais du robuste Agastrophos, Alexandros tendit l’arc de corne et perça d’une flèche certaine le pied droit de Diomèdès ; et, à travers le pied, la flèche s’enfonça en terre.
Et Alexandros, riant aux éclats, sortit de son abri, et dit en se vantant :
– Te voilà blessé ! ma flèche n’a pas été vaine. Plût aux dieux qu’elle se fût enfoncée dans ton ventre et que je t’eusse tué ! Les Troiens, qui te redoutent, comme des chèvres en face d’un lion, respireraient plus à l’aise.
Et l’intrépide et robuste Diomèdès lui répondit :
– Misérable archer, aussi vain de tes cheveux que de ton arc, séducteur de vierges ! si tu combattais face à face contre moi, tes flèches te seraient d’un vain secours. Voici que tu te glorifies pour m’avoir percé le pied ! Je m’en soucie autant que si une femme ou un enfant m’avait atteint par imprudence. Le trait d’un lâche est aussi vil que lui. Mais celui que je touche seulement de ma lance expire aussitôt. Sa femme se déchire les joues, ses enfants sont orphelins, et il rougit la terre de son sang, et il se corrompt, et il y a autour de lui plus d’oiseaux carnassiers que de femmes en pleurs.
Il parla ainsi, et l’illustre Odysseus se plaça devant lui ; et, se baissant, il arracha la flèche de son pied ; mais aussitôt il ressentit dans tout le corps une amère douleur. Et, le cœur défaillant, il monta sur son char, ordonnant au conducteur de le ramener aux nefs creuses.
Ici, la blessure au pied sert la narration car, sans le blesser grièvement, elle est indubitablement incapacitante et explique le retrait d'un des plus puissant combattants achéens, prélude au revers que va leur infliger Hector.