Bonjour,
Lorsque Théophile Gautier écrit son roi Candaule (1844), tout respire le drame romantique par excellence.
Hérodote est ici éclairant :
https://mediterranees.net/mythes/gyges/herodote.htmlLe site Mediterrannee.net est très complet sur le sujet et propose même le récit.
Voici un résumé du mythe via wikipédia:
Citer :
le roi Candaule est devenu ivre de la beauté de son épouse Nyssia. Il conçoit l'étrange projet de partager son admiration d'esthète en proposant au jeune et beau Gygès, le chef des gardes du palais, de venir voir en cachette son épouse dans sa simple nudité. Horrifié de cette demande sacrilège, Gygès refuse d'abord mais ne peut qu'obéir à son roi. Caché dans la chambre nuptiale, Gygès découvre l'incroyable beauté de Nyssia et en tombe immédiatement amoureux. De son côté, la reine a tout compris. Elle convoque plus tard Gygès et lui ordonne de tuer Candaule ou de se tuer lui-même, « car deux des quatre prunelles où ma nudité s’est réfléchie doivent s’éteindre avant ce soir ». Drogué par Nyssia, Candaule est poignardé dans son lit par Gygès qui devient le nouveau roi et épouse Nyssia.
Voici le mythe dans les arts:
https://mediterranees.net/mythes/gyges/index.htmlLe beau tableau de Jean-Léon Gérôme:
Hormis cette histoire incroyable, ce qui m'intéresse également ici est le
candaulisme.
Cette pratique consiste en effet à aimer voir sa femme (ou son homme) exposé(e) ou partagé(e) auprès d'autres individus. Le terme largement répandu aujourd'hui est
cuckolding. Il y a ici un article complet sur le sujet:
http://www.slate.fr/story/131219/cuckol ... le-moderne Ceci m'amène donc à plusieurs considérations. Tout en tentant de résister à la tentation de l'extra sous-forum (il est difficile de rester sur le "Monde grec ancien" avec un tel sujet)
- Pour les psychiatres, cette pratique est souvent le fruit d'un refoulement, et avant tout d'un refoulement homosexuel.
- Etre un adepte du candaulisme, c'est être à la norme de la société, c'est s'exposer aussi bien physiquement que mentalement (on le voit avec le mythe).
- Il y a sous cette pratique la notion de propriété de l'être humain: si on ne peut réellement dire avec certitude si dans ce jeu de rôles la femme est au service de l'homme (après tout, la femme semble "forte" dans le mythe), on peut dire, sans trop se tromper, que les émanations contemporaines pornographiques, elles, véhiculent l'idée de voyeurisme narcissique chez l'homme. Reste la pratique libertine, jeu déjà antique, qui s'insère sans doute dans un
courage d'être soi.
Ma question est donc la suivante:
Y a t-il des échos de cette pratique (prenons un sens large) dans le monde grec, pratique qui aurait été étudiée par des historiens? Je pensais remuer Philippe Ariès ou Paul Veyne, mais je n'ai pas d'autres pistes. Il me faudrait me rencarder sur la biblio du CAPES actuel.
Bonne soirée, candaulique ou non!