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il n'empêche que Pythagore et Thalès sont au programme de 4ème/3ème
Et nos manuels de 4ème/3ème actuels sont des mesures étalon universelles et absolues concernant l'humanité?
Quid d'un peuple ne voyant pas le monde à travers le prisme de la philosophie et des sciences? Ya-t-il une seule lecture possible du monde? Nos critères pour le juger et juger les cultures humaines sont-ils absolus (donc parfaitement objectifs) et universels?
Personnellement, je ne crois pas, et je pense que s'affranchir de ces visions unilatérales permettraient une meilleure compréhension de certains phénomènes sociaux, historiques et politiques, une fois encore.
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ù on serait bien en mal de trouver la moindre trace perse
Et vous pensez que cet état de fait est le fruit d'un manque de savants et de penseurs dans la civilisation perse? Et pas d'une sélection des documents qui nous sont parvenus depuis ces temps très reculés, due aux aléas et circonstances des époques qui nous séparent de ces civilisations?
Nous ne saurions rien de Pythagore et de Thalès si les moines du Moyen Age n'avaient pas copié les textes de ces penseurs antiques. Et pourquoi l'ont-ils fait? Parce que la culture classique, en s'étant confondu avec le Christianisme dans l'antiquité tardive et en étant devenue LA culture de l'Occident avec l'impérialisme macédonien puis romain, était devenu la référence.
Mais ça ne signifie en aucun cas que la culture de l'empire perse (aujourd'hui très peu étudiée, notamment dans les pays les plus concernés, comme l'Iran, où l'on étudie pas ce qui s'est passé avant l'avènement de l'Islam) était moins brillante que la culture grecque. C'est à mon sens les circonstances historiques ultérieures qui ont fait qu'on enseigne aujourd'hui en Occident d'avantage l'une que l'autre.
De la même manière, les grands penseurs, philosophes et savants chinois sont totalement absents de nos manuels scolaires, pourtant la Chine n'a rien à envier à la Grèce à ce niveau là, et ces personnages ont pourtant influencé bien plus de terriens que pythagores ou Thalès (du moins avant la mondialisation occidentalisée).
Et encore reste-t-on focalisé sur des critères (un philosophe/mathématicien, et un mathématicien pur, d'ailleurs on voit bien que les premiers qui nous viennent sont d'avantage des scientifiques plutôt que des tragédiens ou des philosophes purs comme Platon ou Aristote.... est-ce le reflet d'une réalité qui a trait à la Grèce antique, ou le reflet de notre société moderne, rationaliste où la science occupe une place très importante) qui sont les nôtres. La culture des indiens des plaines n'est pas moins intéressante et admirable sous prétexte qu'ils n'ont pas pratiqué la philosophie et les mathématiques.
Nous voyons, encore une fois, l'Histoire et le monde à travers un prisme, en érigeant notre culture comme une mesure étalon absolue et universelle (et les autres font pareil, entendons-nous bien!).
Un peu comme déjà les Grecs Anciens en fait.... pour qui la supériorité du grec et de sa culture sur les barbares ne faisait aucun doute. Toutes les civilisations développées se sentent obligées de hiérarchiser leurs semblable... en se mettant naturellement au sommet. Cela donne toute latitude pour se développer comme on l'entend sans état d'âme pour d'autres cultures de toute façon "inférieures".
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(Nous valorisons ce qui a permis à la civilisation occidentale de dominer le monde
Étudions-nous uniquement ce qui permet de comprendre le monde d'aujourd'hui? Ou n'est-il pas plus intéressant de s'affranchir de cette vision contemporaine pour appréhender le monde dans toute sa complexité et sa diversité, que ce soit dans le temps ou dans l'espace?
L'Histoire n'avait pas comme objectif ultime d'arriver jusqu'à nous. Elle se trouve qu'elle est arrivé jusqu'à notre époque (et va continuer vers des époques, dont certaines lointaines qui n'auront peut-être plus du tout les mêmes critères de lectures). La voir avec le prisme de notre époque en tête biaise forcément la lecture que l'on en a, puisqu'on va valoriser, comme vous le dites, certains faits et certains phénomènes au détriment d'autres alors que tous sont importants pour saisir une époque et son évolution.