Hum, êtes vous certains de ne pas vous avançer légèrement sur les voies du "franco-centrisme" commun à bien des français ?
Je ne veux en aucun cas vous heurter mais vous semblez tous ici vous accorder pour diminuer la valeur combattive des tribus belges et la difficulté qu'éprouva César. D'autant plus que vous ne vous limitez qu'à la seule et célèbre citation "De tous les peuples de la Gaule, le belges sont les plus braves"et à la révolte "belge".
Je vous invite à pousser en avant votre enquête et relever entièrement ce que dit César sur ce qu'il appele "Belge"avant de conclure trop hativement de ses intentions.
Petit rappel bien nécéssaire des faits (tiré du live de Georges-Henri Dumont, Histoire de la Belgique, ISBN 2-87106-159-9, distribution exclusive en France : "Les belles Lettres", 95,Boulevard Raspail, Paris)
La première partie de la conquête de la Gaule Belgica que vous semblez négliger, pourtant :
Le professeur Dumont parle, (chapitre II, "La Paix Romaine, p 15 et suivante), d'une confédération de tribus belges (Atrébates, Viromanduins, Nerviens, sous les ordes de Boduognat) d'une bataille se déroulant sur la Selle, petit rivière, afluent de l'Escaut.
La cavalerie belge charge les romains, se retirent, chargent à nouveau.
César rapporte dans ses
commentaires "Les Belges montaient vers nous en face de nous sans relâche, tandis que leur pression augmentaient sur les deux flancs. La situation était critique."
Malheuresement pour les Nerviens, trois légions fraiches arrivent. La situation est renversée.
"Toutefois, écrit encore César, l'ennemi poursuivit la lutte alors qu'il ne lui restait encore plus guère d'espoir. Il montra un tel courage qu'au moment ou les premiers étaient tombés, ceux qui suivaient montaient sur les corps pour se battre. Et quand ils tombaient à leurs tours et que s'entassaient les cadavres, les survivants, comme du haut d'un tertre,lançaient des traits sur nos soldats et renvoyaient les javelots romains qui manquaient leur but. Devant pareil spectacle, il fallait admettre que cela n'avait pas été une folie de la part de pareils guerriers que d'avoir osé franchir une rivière très large, escalader une berge fort élevée et monté à l'assaut d'une position très fort. C'était à la portée de leur héroïsme."
Cette première bataille, ou l'on peut relever de nombreuses marques d'admiration de César anéanti presque la tribu des Nerviens, impressiona les Eburons, Menapiens et Morins qui firent soumission.
Seconde partie, et c'est là que votre argumentaire quand à la justification de la conquête ne tiens pas, car la conquête est théoriquement terminée !
N'allons pas trop vite, la conquête de la Gaule Belgica (territoire bien plus étendu que la Belgique actuelle) n'en était pas pour autant terminée, les Morins et les Ménapiens, réfugiés dans des bois ou des marécages commençèrent une guerilla (dont des renfort leurs provenaient de colonies belges d'Angleterre, ce qui contraignit César à construire une flotte et opérer deux débarquements).
C'est à ce moment qu'intervienne Ambiorix l'Éburons, et Indutiomar, le Trévire.
César, par suite de mauvaise récolte, avait du disperser ses légions, présentent partout, elles ne dominaient nulle part.
La situation se présentait donc bien.
La révolte des Eburons débuta en 54 par l'attaque de 15 000 romains cantonnés à Atuatuca (légats Sabinus et Cotta). Le combat dure du lever du soleil à la huitième heure . Les légionnaires, courant pour chercher leurs bagages, se firent massacrer par centaines. "Ce n'était partout que cri et gémissement".
Sabinus, tentant de traiter avec Ambiorix, se fait tuer par lui, Cotta, fut relevé mort sur le champs de bataille.
C'était une humiliation pour César. Et c'est là qu'il écrira sa célèbre citation !
Pour se venger, il dut d'abord dégager Ciceron à Asse, assiégé par les Eburons, attendre l'arrivée de trois légions. Il en dispose en l'an 53 ACN. Il commence alors une campagne vengeresse que l'on qualifierait aujourd'hui, de génoçide. Il écrit: " Tous les villages, tous les bâtiments isolés qu'on aperçevait étaient aussitôt incendiés ; partout on faisait butin." Les récoltes furent systématiquement détruites, "en sorte que, même si quelque-uns avaient momentanément pu échapper en se cachant, ils succomberaient inévitablement à la famine"
Indutiomar, chef des Trévires, n'attendit pas la fin de l'hiver pour attaquer le camp de Labienus. L'affaire tourna mal, les Trévires perdirent leur chef et furent défait. Grops coup au moral, Vergincétorix suscita un peu d'enthousiasme, Alésia tomba, l'enthousiasme aussi.
Ambiorix et quelques guérillas Atrébates, Morinnes et Ménapiennes continuèrent un temps. Mais l'implacable et très organisée vengeance de César eut raison d'eut.
Je doute fort qu'il eut besoin de se justifier de ses massacres !
Donc, en approfondissant un peu, on s'aperçoit que la conquêtes des Gaules s'opère sans trop de difficultés(exception fait de Gergovie et Alésia en 52) soit par le combat, soit par le ralliement jusqu'à son arrivée chez les "Belges" ! Alésia ne fut qu'un court intermède en face de la résistance belge.
César débute, si je ne m'abuse, sa guerre des Gaule en 58 ACN, il la termine en 51 et arrive en Gaule Belgique en 57 ACN. Il mit donc un an ou deux ans pour arrivé en "Belgique" et 6 ans pour en finir !
On comprend dès lors que je me pose des questions quand à vos raisonnements !
Je crois qu'il doit tout de même y avoir une certaine admiration chez César.
Mais je suis belge, encore étudiant et mon latin remonte !
PS: Je préfère rester réservé quand à l'utilisation du mot "belge" par César.
NB : Georges-Henri Dumont :agrégé en Histoire-UCL-,ancien conservateur aux Usées royaux d'Art et d'Histoire, professeur honoraire à ICHEC -Institut catholique des hautes écoles commerciales), ex dirigeant de plusieurs cabinet ministériels à la Culture française de Belgique, actuellement secrétaire général de la Commission nationale de l'UNESCO , président, au sein de cette organisation, de la monumentale Histoire du développement scientifique et culturel de l'humanité. titulaire du grand prix de la biographie de l'Académie française.