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J'ignorais que l'Histoire avait qualifié de "fous" certains empereurs cochant quatre récurrences : extravagance, cruauté, incompétence et mort violente (assassinat). Merci Nabu (je ne vais pas plus loin tellement le pseudo est impossible à retenir)
Ma seule référence (c'est dire...) est Suétone et quelques lectures ici et là dont les extraits proposés plus haut.
Il est vrai que les mêmes occurrences reviennent au point de paraître des stéréotypes.
Vivre une enfance sous le régime de la terreur (vais-je/allons-nous être frappés demain ? Après demain ? Ce soir ? Etc.) et de l'arbitraire (grand ami de la terreur) n'est pas le lit d'une stabilité à venir. Chez les Julio-Claudiens, c'est une récurrence : la plupart ont vécu une partie de leur enfance dans la terreur qu'elle soit affichée et vue comme une évidence (la conduite d'Auguste face à Tibère) ou qu'elle soit montrée au doigt (on attendra le décès d'Auguste pour passer les suivants au tamis).
La terreur était habituelle (s'accompagnant de sang ou rejetant dans un exil anxiogène une/plusieurs personne.s.). Si Suétone est silencieux concernant Auguste, il l'est moins concernant Caligula et l'on sait que cet empereur n'hésitait pas à rappeler ouvertement que son bras pouvait frapper tel ou tel, ce qui est vu comme "cruauté".
Les Antonins ont certainement leur lot, c'est le contraire qui serait étrange. Ajoutons à ceci une approche stoïcienne de la vie et surtout de la fin. Si le père était "philosophe", le fils a mis a donné corps à cette philosophie. Bien vivre, bien mourir.
Se pencher sur ces comportements n'était pas encore dans l'air du temps, ce n'est pas pour autant que ceci ne crée pas des dommages, dommages qui ensuite vont se révéler souvent sous les mêmes formes : rejet de ce qui a été fait par le pouvoir précédent, nettoyage des anciennes élites, purge des tenants du pouvoir précédent qui ont appuyé certaines décisions initiant des souffrances (une pression terrorisante : exil, silence, rappels, indifférence, liens défaits, unions subies...).
Ces personnages font usage de l'arbitraire comme il en fut fait pour eux. Ils renouvellent avec quelques variantes les schémas précédents. Si l'on ajoute que les mots frères, soeurs, épouses, famille n'ont pas du tout les mêmes rapports à l'affect que de nos jours mais sont plutôt source de problèmes : on peut vite arriver aux tableaux qui s'annoncent.
Il existe des constantes (connues et mises en scène par les tragédiens grecs et certainement avant) :
- l'opposition père/fils (mais chacun sait de nos jours que c'est dans la normalité de la construction) qui peut aller jusqu'à une fronde ouverte mettant en cause les choix d'une politique et déstabilisant l'Etat.
- une famille plus élargie -censée faire bloc- et en constante rébellion (frères, soeurs, cousins). Si la rébellion ouverte n'est pas présente, elle est larvée, ce qui peut-être pire.
Lorsque les vannes s'ouvrent (purges et autres pour un peu lâcher la pression) ceci semble totalement incompréhensible pour l'extérieur.
Les normes sont amorales : "acheter" les siens pour un moment de paix ou encore pour valider une action de force. L'altérité donne des signes positifs quant à son "prix" : là nous naviguons dans un monde totalement hors des bornes d'une "moralité" telle que nous l'entendons, en gardant à l'esprit que la "moralité" est une notion éminemment subjective.
Les exécutions nettes ayant de moins en moins la cote, il faudra "faire avec" un entourage hostile qui est source d'une perpétuelle méfiance, crainte. Il n'est pas dans le psychisme de tous de "faire avec" sans craquer.
On peut le noter chez certains ici et là et cet état se traduit souvent par une fatigue, une lassitude pour les choses de l'Etat ou des décisions étonnantes (on abaisse ou élimine un tiers qui est représentatif du "problème"). L'entourage comprend -à travers cette élimination- que la mesure est pleine et rectifie -pour un temps- ses positions.
Lorsque l'on est en "fin de branche" (fils malades, absence de progéniture directe), certains laisseront carrément "filer" les choses de l'Etat.
S'ajoutent divers avatars comme autant de pression ou de tourments : usurpation d'un titre, créer un lignage durable etc. et là encore on peut noter que certains "craquent" à savoir se pose ouvertement la question de leur légitimité sur deux plans : le lignage et -lors de gros échecs- leur manière de gouverner. Etaient-ils vraiment utile de se substituer à tel ou tel ? L'Etat y a-t-il gagné ? Ceci contribue à déstabiliser la personne, la rendre plus vulnérable et comme la vulnérabilité n'était pas de mise et bien le choix est fait de frapper. Plus la pression a été/est forte, plus on frappe de manière arbitraire.
Est aussi présente la "cruauté/raison (?) d'Etat" : choix est fait -pour des raisons pragmatiques- de faire disparaitre tout un groupe de personnes. Rien de bien nouveau.
Ceci n'était pas passé à la loupe, nous avons la chance du recul et de nouvelles connaissances qui peuvent nous faire comprendre certains "stéréotypes" récurrents et nous faire constater que la récurrence n'est pas toujours le fait d'un copié-collé d'écriture.s. mais simplement un schéma de construction de toute personne du manant au puissant.
Les enjeux étant différents, ceci passe différemment à la postérité.
Comme le remarque justement Darwin, ceci a été, fut et sera de toutes les époques dans la mesure où ces actes sont validés par les intérêts des uns et/ou le silence des autres.
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