Bonjour,
Je n'ai pas le temps de lire le Claire Sotinel pour l'instant, de ce fait: J'ai écouté plusieurs interviews de Claire Sotinel le mois derniers (que cela soit sur Storiavoce, France culture ou Paroles d'histoire). Toutes se rejoignent. J'avais fait une synthèse pour celle de Storiavoce (je vous livre uniquement la partie concernant le sujet):
Pourquoi 212, pourquoi 497?
C’est aussi bien le début que la fin correspondent a des personnages : Caracalla ou Théodoric (497). Mais cela ne marque réellement ni le début ni la fin de quelque chose. • 212: édit de Caracalla (Antonin, fils de Septime Sévère) qui accorde la citoyenneté romaine tous les citoyens de l'Empire. C’est attesté par Dion Cassius + le papyrus du texte même de l'édit (copie). C’est l’aboutissement de l’intégration dans un corps politique. 497: point de fuite. C’est la conclusion de 476: déposition Romulus Augustule + envoi insignes à Constantinople : un seul empereur suffit. =/= Fin Empire. Odoacre assure le gouvernement mais arrivée de Théodoric l’Amale, Goth envoyé par Constantinople pour remplacer Odoacre. Guerre gagnée en 493 par Théodoric. En 497 une ambassade récupère les insignes. Nouvelle configuration : "Nous, Romains, acceptons d'être gouvernés par Théodoric, roi des Goths et des Italiens." Cela place l'Italie comme d'autres provinces avec un empereur qui n'intervient plus du tout. Cela nous amène vers l’Europe des royaumes barbares (Moyen Age).
Votre «fin» n'est-elle pas trop longue ?
C'est un point de fuite. Mais il y a une cohérence : l'Empire n'aspire qu'à durer, se stabiliser et ne plus s'étendre. Il y a aussi des inventions politiques pour gouverner cet empire massif, cohérent mais remplit de défis, surtout au IIIe siècle. La déconstruction, elle, arrive au Ve siècle sur 5 décennies. J'ai voulu [Claire Sotinel] éviter les notions de «chute», «d’écroulement» car il n'y a pas de rupture brutale. 212 est un aboutissement (cf Rome, cité universelle). Ma période n'est pas une période de décadence. (=/= Historio XIXe siècle et Renaissance). Si tout le monde est citoyen, il faut protéger aussi bien la périphérie que le centre, Rome que la frontière. C’est difficile. Le IIIe siècle est remarquable (Galien). D'autres empereurs sont bons (Julien, Constantin).
Un retour historiographique :
On a du mal à saisir cette fin. Y a eu les travaux d'Irénée Marrou et de Peter Brown. C’est une période mal aimée depuis le Moyen âge. Elle est aimée par les chrétiens. A la Renaissance on dit que c'est une période d'extinction. Montesquieu dit que c'est une décadence (Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, 1734). On va vers la notion de Bas-Empire, qui est péjorative. Il y a aussi l’importance du livre d’Edward Gibbon (Decline and fall or the Roman Empire) Au XXe siècle, l'œil change. Marrou compare Augustin à Cicéron (oui St-Augustin est moins bon en rhétorique que Cicéron mais est-ce que ça compte ? C'est juste différent) puis se rétracte et propose d'utiliser la notion d'antiquité tardive. Peter Brown a une vision anthropologique, refuse les jugements de valeur. C’est une période féconde en France : Charles Pietri et Noël Duval par exemple.
C’est une période de vitalité et d’inventivité.
_________________ Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Beaumarchais, Le Barbier de Séville, 1775.
|