Bonsoir, qu’apporte la présente analyse [présentée en la forme réduite] réalisée dans le cadre de la présentation de l’ouvrage HANNIBAL À LA TRAVERSETTE (QUEYRAS) ET AUTRES IMPOSTURES ?
Une certitude, le récit de Polybe s’apparente davantage à un roman, œuvre d’imagination, qu’à un écrit relevant de l’Histoire, et recouvre une machination diligentée par cet auteur dont la neutralité que l’on peut lui conférer fait totalement défaut, auteur ayant agi en tant que stipendié des Scipio [Véritable chantre de cette famille en contribuant, entre autres et pas qu’un peu à la légende sur Scipion l’Africain] et en tant participant actif à la destruction de Carthage [aux cotés de Scipion Émilien, le Second Africain] . .
Surtout en entrant par le Rhône où localiser les pas difficiles, détroits et défilés de montagne, nécessitant des guides? Et pour quelle raison faire crapahuter dans ces hauteurs commodes aux embuscades et pendant pas mal de temps l’armée carthaginoise ?
Son trajet transalpin, sous entendu sur les traces de l’armée menée par Hannibal, s’inscrit dans la phase de l’ascension dans le vague le plus complet, l’errance et la démesure, avec une ville gauloise, une polis !, située en hauteur, ultra dimensionnée pour cette époque, capable de fournir vivres et fourrages pour plusieurs jours à cette importante armée, avec une montée bordée de précipices pouvant contenir toute l’infanterie carthaginoise prise au piège, avec une progression dans toute cette période effectuée au mépris de tout contexte géomorphologique.
Dans quel espace caractérisé situer le guidage indigène pendant deux jours aboutissant au site du second incident ? Comment justifier la rupture de terrain constatée entre le lieu du second incident, dans une montée bordée de précipices et la dernière étape immédiatement suivante, la montée au passage en hauteur final, montée dépourvue de précipices, autorisant par ailleurs les harcèlements des indigène à l’avant ainsi qu’à l’arrière du convoi [et en contre les déplacements des éléphants]? L’absence d’identification du passage final en hauteur, le sommet selon la terminologie de l’époque, pose à son tour question, le dit passage pouvant accueillir en bivouac toute l’armée carthaginoise, de par la grande superficie que cela implique en géographie physique, atteste qu’il ne doit pas atteindre une altitude très élevée; ceci étant confirmée par la courte durée d’ascension, une bonne journée de marche sur un chemin non bordé de précipices.
De par de tels critères relevés dans le récit de Polybe, il ne semble pas qu’il y ait pléthore pour authentifier coté français, le passage en hauteur vers l’Italie; mais selon Polybe, l’exposition par Hannibal à ce sommet des Plaines du Po, ce qui induit une plus grande altitude, contredisant la surface du dit sommet spécifique à une altitude plus basse, réduit à néant toute identification de passage en hauteur du coté français ainsi que fait douter de son existence.
Quant à elle, la descente du versant italien a tout d’une fiction dans les conditions de déroulement décrites par Polybe.d’autant qu’aucune vallée du dit versant ne s’apparente en relief.à celle décrite par cet historien et nulle part n’a été retrouvé les restes de la prétendue route construite par les Numides pour les éléphants dans le double éboulement, de près ou plus de 300 mètres. [sans oublier la présence d’une seconde voie avec les névés lesquels auraient immobilisés hommes et chevaux].
Ainsi, de par l’examen des deux versants du passage en hauteur conforme au récit de Polybe, est-on conduit à la conclusion qu’un tel passage en hauteur possède de fortes probabilités de ne pas exister, inexistence que semblerait confirmer l’échec patent d’une telle recherche depuis deux millénaires. Une autre certitude s’impose, considérant toutes ces conditions, la recherche opérée situ, à partir du récit de cet historien traduit inévitablement une démarche où prévaut l’incohérence .
Comment peut-on, en se déplaçant dans le massif alpin, trouver des indications sur la finalité, décidée par Hannibal de ce parcours transalpin ?
Comment dans cette démarche aléatoire dans les massifs découvrir que Hannibal avait réellement fixé le lieu de sa tète de pont en Italie et que toute son action visait à atteindre cet objectif ?
Pourquoi s’obstiner à repérer, à titre de preuve, depuis deux millénaires, le rocher blanc, le leukopetra [Visible de nuit], alors que ce bloc minéral n’a aucune existence physique ?
Par ailleurs tout se passe en 218 avant notre ère et transposer à notre époque dans les montagnes, selon l’approche qu’implique la recherche in situ, atteint les dimensions d’une entreprise dénuée de sens.
Normalement il faudrait, en préalable, partir des conditions du temps de Hannibal, ce qui oblige à connaître les passages en hauteur praticables d’alors vis a vis du relief connu des Alpes à cette époque, les modalités de circulation et de peuplement dans les vallées ainsi que d’autres paramètres, et non de se reporter à une carte avec tous les passages en hauteur d’aujourd’hui, représentation incomplète par ailleurs au niveau du relief des vallées des deux cotés du massif,, et mettant de surcroît en avant une propriété d’EDF!!!
Une telle approche par essence, ne mène donc à rien et relève, dans les propos qui l’étaieront, de spéculations oiseuses du niveau des conversations du Café du Commerce ou de celles des biffins autour de la popote..
À bien y regarder, pour l’ensemble de la question il ne pouvait en être autrement. . Sur le principe que valent des affirmations sans aucune preuve [la digression-diatribe à caractère argumentaire préludant l’entrée des Carthaginois dans les Alpes selon cet historien] ?
Par ailleurs d’autres s’étaient déjà prononcés sur la question, les accompagnateurs de l’armée de Hannibal [Dont on connaît les noms et les titres de leurs livres] que Polybe récuse arguant de sa seule parole en les traitant en plus de menteurs.[Mais dont il utilisera à sa guise les écrits dans sa narration du parcours transalpin].
Mais aussi, dans le temps, des historiens postérieurement se sont prononcés sans reprendre le récit de Polybe, lequel historien apparemment n’a pas laissé d‘hérédité sur ce point..
Ces autres auteurs qui disposaient encore des écrits des dits accompagnateurs ont insisté sur l’exploit [sauf en partie Tite-Live] accompli par l’armée carthaginoise dans le début de l’ascension et n’ont jamais mentionné de difficultés dans la descente [sauf Tite-Live et son suiveur Silius Italicus].
Le temps avait fait son œuvre en procurant une certaine décantation et d’autre part étaient mieux connues les Alpes ainsi que la localisation du versant italien emprunté par l’armé carthaginoise en 218 avant notre ère. (Cf Salluste pour Pompée «un chemin plus commode pour nous que celui de Annibal»).
À l’inverse la recherche à partir des textes avec le recours à l’exégèse démontre que le stratège punique avait fixé, depuis l’Espagne une tète de pont en Italie et que son parcours transalpin tendait à rallier cet objectif
Dés lors tout itinéraire à attribuer au chef punique devra comporter sa griffe de Punique [Phénicien], avec des impondérables qui ont modifié son parcours mais non son objectif en matière de tète de pont.
Ces deux critères résultent de l’existence d’une phrase, incomplète par ailleurs chez Polybe, marquant de fait le point de vue du stratège punique sur tout le parcours transalpin, phrase dont les traducteurs ainsi que les commentateurs n’ont pas vu l’intérêt de marquer la différence ni d’en relever l’importance.
Une fois de plus, il en ressort que l’itinéraire à prêter à Hannibal, devra être impérativement celui de ce stratège avec tous les traits qui lui sont reconnus, son exceptionnelle réactivité, son sens de l’organisation, sa recherche permanente d’information l’autorisant à prendre des décisions immédiates en connaissance de cause, sa constante mise en œuvre de précautions, l’usage de leurres, ses coups fourrés, sa perfidité....,
Il est ainsi à comparer, selon le récit qu’en fait Polybe, avec la facilité prêtée à Hannibal à se faire embobiner par le premier chef gaulois italien rencontré sur les bords du Rhône, ou par des vieux gaulois venus au devant de lui.dans les Alpes, avec sa faculté de réagir après plusieurs jours dans le cas des suites du premier incident, avec sa décision de faire s’engager son armée, en début d‘hiver, dans le passage en hauteur final, sans guide, sans vérification de la praticabilité…..bref il nous est présenté un Hannibal en permanence dépassé par les événements ou absent de cette marche..
Pareillement il est à présumer que toute cette progression depuis l’Espagne rencontra des impondérables, dont la prise en compte de leurs existences est de nature a attester de la véracité à accorder au trajet, impondérables qui obligèrent momentanément le stratège à modifier sa route pour retrouver ensuite le chemin qu’il avait défini pour le passage en hauteur retenu.vers l’Italie, Ainsi il est de plus en plus clair outre le chemin, que la personne de Hannibal en lui même participe pour beaucoup à la machination ourdie par Polybe et que les motifs de ces manigances devraient être plus faciles à préciser. .
Reste à faire ressortir le motif [ou les motifs] de pareille machination.
D’autres observations interpellent :
Le parcours transalpin jusqu’à l’Italie, tel qu’il est décrit affiche tous les traits d’une redondance, à savoir une sorte de diptyque affichant deux panneaux de même apparences,:une progression difficile en entrée, des harcèlements indigènes et la prise d’une agglomération, une progression difficile en sortie avec des harcèlements dans la neige et la prise d’une ville, place forte, celle des Taurini, et dans les deux éventualités, suite à la capture du site de peuplement, on note la présence d’une phrase identique. Polybe a agi en imposteur en gommant ou en ajoutant des séquences pour sa forgerie, ceci peut-on penser pour des raisons allant dans le même sens qui restent matière à expliciter, mais aussi qu’il se soit cru obligé d’en rajouter autant dans cette descente du versant italien la rendant, de par la multiplication des obstacles rencontrés, tout à fait invraisemblable, pose à son tour question.
À rappeler alors que le passage des monts alpins, énoncé depuis Carthagène par cet auteur, était fatiguant, très difficile, mais pas impossible [premier éboulement?], correspondait à la progression en versant italien.
Mais aussi, Polybe écrit, dans sa digression-diatribe, qu’il entreprit le voyage aux Alpes et non dans les Alpes, [Ses biographes n’en font pas état] ce qui signifie que cet historien n’y aurait pas mis les pieds mais aurait fait des repérages des deux cotés de ce massif recueillant des on-dit pour son actualisation, le passage d’une armée carthaginoise vers la sortie du Rhône, et pareillement les difficultés coté versant italien, avec le double éboulement sur 3 demis stades, double éboulement qui ne concernait pas forcément la vallée italienne effectivement descendue par les Carthaginois de 218 avant notre ère.
Au titre des on-dit excluant la visite sur place de Polybe, figure dans la digression-diatribe de cet auteur, l’existence ainsi que la localisation de la peuplade alpine des Ardyes, dans le Bas Valais Suisse, donc à proximité des sources du Rhône, mais dans la même digression, Polybe fixe les sources du fleuve au dessus de l’Adriatique !
Il est ainsi difficile d’accorder quelque crédit au récit de cet historien sur le parcours transalpin effectué par l’armée carthaginoise commandée par Hannibal et retenir, pour situer l’individu, cette digression-diatribe, expression de «l’argumentaire» exposé sur la traversée des Alpes, et prendre acte que l’entrée des Alpes issue de son récit ne peut concerner l’armée de Hannibal, mais vraisemblablement d’après des témoignages auriculaires recueillis par cet auteur à cet endroit celle de l’armée de Hasdrubal une décennie plus tard.
Il est à souligner, que cet auteur ayant remonté le Rhône aussi haut, ce serait la seule certitude de tout son récit,, n’a trouvé aucune trace, ou témoignage auriculaire du passage de cette seconde armée carthaginoise, tout aussi conséquente en effectif alignant 21 éléphants, et plus récente de 10 ans.
Dans un registre identique il est à remarquer que Polybe n’est pas en mesure d’apporter le moindre élément justifiant de sa part l’identification de cette armée comme étant celle de 218 avant notre ère commandée par le stratège.
Ramené au témoignage oculaire qu’a produit cet historien dans cette affaire, il importe de ne pas oublier la règle essentielle en matière critique historique, un témoignage unique est sans valeur, ou un seul témoin, pas de témoin.
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