Bahamat a écrit :
Au niveau bibliographique, j'ai remarqué le grand nombre d'ouvrages dédiés à Pythéas, il serait intéressant d'y jeter un oeil. Je crois aussi que Strabon a repris des éléments du voyage de Pythéas (pour en démolir les théories ), il faudrait que je regarde s'il y a quelque chose d'intéressant.
Strabon n'apprend pas grand chose sur l'ambre, de plus, il emploie le terme d'électrum dans les deux sens: tantôt comme la résine fossilisée, tantôt comme un alliage d'or et d'argent. Il n'est pas évident de comprendre de quelle matière il parle quand il en précise pas. D'une manière générale, pour tous les textes grecs, la plus grande confusion règne et le mot englobe plusieurs réalités. Outre les deux déjà mentionnées, il peut aussi désigner des résines non fossilisées, style encens, et à ce titre usés en parfumerie. Il peut encore désigner certaines concrétions animales ou marines. Et pour Pythéas justement, je ne suis pas certain qu'il nous parle de l'ambre proprement dit, puisque selon lui, les habitants de la Baltique l'emploient comme du bois (comprendre le brûlent) après l'avoir ramassé sur la plage où il est rejetté par la mer, selon Pline. Mais Pline n'a pas l'air d'avoir compris grand chose et à peut-être mêlé plusieurs anecdotes ne concernant pas le même électrum.
Et comme si ce n'était pas déjà assez confus, les traducteurs ajoutent encore leur grain de sel, traduisant "ambre" lorsqu'il s'agit pourtant évidemment du métal...
J'y reviendrais en semaine, ma collecte est loin d'être finie, mais à vue de nez, rien d'originale ne semble se rajouter à ce qui a déjà été dit. Peut-être une propriété supposée pour prévenir les empoisonnements, mais sans certitude pour le moment : j'ai l'impression qu'il s'agit du métal.
Le texte de loin le plus complet pour l'instant reste Pline XXXVII.11-13.
Pour le plaisir, je donne trois épigrammes originales de Martial, visiblement fasciné par l'ambre et par les menus animaux prisonniers dans leur tombeau résiné:
Martial,
Epigrammes IV.32 :
XXXII. -SUR UNE ABEILLE ENFERMÉE DANS UN MORCEAU D'AMBRE
Enfermée brillante dans une larme des sœurs de Phaéton cette abeille semble s'être emprisonnée dans son propre nectar. Ainsi elle a reçu le prix de ses travaux sans pareils, et l'on peu croire qu'elle a choisi elle-même ce genre de mort.Martial,
Epigrammes IV.59 :
LIX - SUR UNE VIPÈRE ENFERMÉE DANS UN MORCEAU D'AMBRE
Une vipère rampait sur des rameaux humides des pleurs des Héliades ; la perle liquide du succin la rencontre et coule sur elle malgré sa résistance ; étonnée de se sentir retenue par la rosée visqueuse, soudain elle devient roide, captive dans cet enduit glacé. Ne te glorifie plus, Cléopâtre, de ton royal sépulcre ; car une vipère repose dans un tombeau plus noble que le tien.Martial,
Epigrammes VI.15 :
XV.- SUR UNE FOURMI RENFERMÉE DANS UN MORCEAU D’AMBRE
Pendant qu'une fourmi s’égare à l'ombre de l'arbre de Phaéton, une goutte de succin enveloppe l'insecte imperceptible. Dédaigné pendant sa vie, tout à l’heure encore, il devint par sa mort un objet précieux. Jean-Claude: mea culpa, j'avais lu trop rapidement et sabré le "disent qu'il". Du coup, j'ai attribué à tort l'opinion de Thalès à Aristote...