Brennus a écrit :
J'ai lu à de nombreuses reprises que ce que nous appelons peuples pour les gaulois (arvernes, eduens, Lémovices....Etc) sont à l'origine des confédérations de tribus qui se sont trouvées à un moment des origines ou des particularités communes. En outre, la carte de la Gaule pré romaine est celle de la Guerre des Gaules, et nos connaissances sur le découpage territorial de cette Gaule sont en grande parties des extrapolations à partir de la situation galo romaine [...]
Donc les armoricains, comme les autres, sont surtout une construction rassemblant des tas de tribus/parentèles/clans/clientèles (appellez les comme vous voulez) que l'on désigne par commodité comme "peuples".
Je pense qu'on ne peut qu'être d'accord sur ce point. On a l'habitude (quasiment unanime) d'appeler peuples ces confédérations de tribus, et de ne pas appeler "peuples" ces tribus.
Brennus a écrit :
Enfin, dernier point qui est une réelle interrogation: les Vénètes d'Armorique avaient-ils quelque chose à voir avec les Vénètes d'Italie du nord Est quelques siècles auparavant? (il me semble que non, mais je me demande sur quelles sources on s'est basé pour le savoir).
Le sujet avait déjà été abordé :
viewtopic.php?f=41&t=17674&hilit=v%C3%A9n%C3%A8tes&start=0#p328947En 2000, V. Kruta écrivait :
« Plusieurs complexes différenciés de dialectes tribaux indo-européens existaient donc probablement dès le début du IIème millénaire : à l’ouest, un groupe que l’on peut qualifier de proto-celtique, au centre, un groupe dit proto-Vénète, attesté en Europe centre-orientale notamment par des toponymes, plus à l’est un groupe proto-balte, ancêtre lointain des slaves et baltes, et au sud-est un groupe proto-balkanique dont l’albanais serait actuellement le dernier survivant.
L’extension exacte de ces groupes ne peut être évidemment fixée que de manière très approximative, car elle a dû connaître d’importants changements, notamment vers la fin du IIème millénaire, période où est située généralement la désagrégation du bloc central proto-Vénète en plusieurs groupes différenciés.
Un des témoignages de leur appartenance originelle à un ensemble qui s’étendait peut-être de la Baltique jusqu’à l’Adriatique serait le nom ethnique des Vénètes, attesté aussi bien en Italie du Nord que sur le littoral baltique et même en Armorique, où il devait s’agir d’une implantation secondaire, celtisée par la suite. »
En 2003, Loicq écrit un article sur les peuples de nom « Vénète » ou assimilé dans l’occident européen. L’auteur n’exclut pas l’hypothèse d’un nom authentique de populations indo-européennes séparées les unes des autres dès avant le 1er millénaire avant notre ère, mais considère que cette hypothèse, abondamment traitée, ne se laisse ni démontrer ni réfuter.
Il fait une revue exhaustive (historique, linguistique) de tous les noms de peuples construits sur la racine *wen- (aucune référence, évidemment, à Ennéades
), et retient comme étymologies possibles : « avides de conquêtes », « gagnants » ou « qui se souhaitent mutuellement pour compagnons ».
Ces étymologies constituent des qualifications flatteuses, véritables slogans, qui ont pu être adoptées par des groupes divers, sans liaison « ethnique », au cours des 2 millénaires avant notre ère.
Il rapproche son hypothèse de celle faite à propos des noms de peuples sur la racine germ- , dont la récurrence est également attestée depuis l’Espagne jusqu’en Asie Mineure, mais dont la dispersion très discontinue exclut la possibilité d’une ancienne unité fragmentée au cours de la protohistoire.
En 2012, F. Régnier écrit que les Vénètes d'Italie ne peuvent pas être confondus avec le peuple celte d' Armorique (sans donner vraiment d'argument convaincant).
Le site Arbre celtique indique que "l'homonymie avec les Vénètes d'Italie n'est à ce jour pas expliquée".
Bref, j'aurais tendance à penser que l'opinion de Loicq, à savoir que l'hypothèse du rapprochement des deux peuples ne se laisse ni démontrer ni réfuter" est à retenir.