Au sujet de la « nudité » relative des Gaulois comme synonyme de « peu protégé », c’est intéressant et assez convainquant pour les textes cités jusque là.
Il me semble que c’est évident pour les cavaliers de Crassus. Ils sont « nus » par oppositions aux cataphractes parthes, Plutarque mets ainsi en valeur le courage désespéré de ces cavaliers « presque nus ».
Plutarque,
Crassus.32 :
Les Romains frappaient avec des javelines faibles et courtes, sur des cuirasses d'acier ou de cuir ; et les barbares, armés de forts épieux, portaient des coups terribles sur les corps des Gaulois qui étaient presque nus ou légèrement armés (eustalê kai gumna sômata).Diodore semble aller dans le même sens, il faut simplement compléter la citation donnée par Brivacor :
Diodore V.30 :
La plupart d'entre eux ont des cuirasses composées de chaînes de fer, mais quelques-uns, contents des seuls avantages qu'ils ont reçus de la nature, combattent nus (gumnoi machomenoi). Ils portent de longues épées qui leur pendent sur la cuisse droite par des chaînes de fer ou d'airain.doit juste être éclairé par une citation précédente de Diodore où il précise ce qu’il entend par nu:
Diodore V.29 :
Quelques-uns d'entre eux bravent la mort jusqu'au point de se jeter dans la mêlée nus et en caleçon. (ôste gumnous kai periezôsmenous)Pour le sens de
periezôsmenos, voir par exemple Pausanias I.44.1, ou un athlète entièrement nu est opposé aux athlètes « ceinturés », en caleçon, pagne, ou je ne sais trop quoi. Ici je présume les braies.
Ils sont torse nus, mais avec ceinture et braies ; c’est l’absence d’armure qui les fait braver la mort, et pas le manque de pudeur !
Reste effectivement ce texte de Polybe. Et en le relisant, je me demande s’il ne s’est pas fourvoyer, prenant l’expression imagée de sa source au sens propre. En effet, il me semble hors de doute que Polybe imagine véritablement les Gaisates nus, les représentant se dénudant, faisant la comparaison avec les Gaulois habillés de braies et de saies.
Mais en regardant de plus près l’effet d’une volée de flèche…
Les nudiste «
ne savaient que faire pour parer les coups : leur bouclier n'était pas assez large pour les couvrir ; ils étaient nus, et plus leurs corps étaient grands, plus il tombait de traits sur eux. »
Les pudiques «
n'en souffrirent pas extrêmement, leurs braies et leurs saies les en défendirent »
Pourtant ils portent le même bouclier. Depuis quand le port de la culotte protège des pointes mortelles ?
Aussi je me demande si Polybe, ou sa source, n’a pas fantasmé à partir d’une indication imagée. D’une description de guerriers peu armés de première ligne, sans cuirasse, nous sommes passés à des guerriers nus comme des vers, puis l’imagination fait le reste, nous en arrivons au port des braies et non d’une cuirasse qui protège la seconde ligne…
Reste tout de même la statuaire hellénistique…