Le bonapartiste a écrit :
Pour creuser un peu, avez-vous idées des relations ou possible inimitié entre Ney et les membres du Conseil (Jourdan, Masséna, Augereau, Mortier, Claparède, Villate et Gazan) ?
Jourdan : "... Au retour de l'ïle d'Elbe, Jourdan assure dans un premier temps le roi de sa fidélité, n'hésitant pas à traiter Napoléon d"
ennemi public". Imprudemment, il proclame : "
La France repousse de son sein l'homme sous le despotisme duquel elle a gémi si longtemps.". Convoqué par l'empereur, il accepte pourtant de le servir. Fait pair de France le 2 juin 1815, il devient Comte d'Empire avec Brune mais ne recevra jamais les lettres patentes correspondantes ... Après Waterloo, sans états d'âme, (
il) retourne se mettre à la disposition du roi. Comme il n'a pas tenu un rôle important durant les Cent Jours, il n'est pas inquiété ... appelé en septembre à la présidence du conseil de guerre qui doit juger Ney, il se comporte courtoisement avec son ex-collègue qui récuse cette juridiction et demande à être jugé par ses pairs. Comme Jourdan vient d'être déchu de la pairie, il n'a pas à se prononcer, ce qui soulage sa conscience.
Massena : "... après Waterloo, le gouvernement provisoire lui confie le commandement de la garde nationale de Paris et le nomme gouverneur de la capitale le 3 juillet. Ecartant toute idée de résistance :
"On se battra pour leur faire plaisir et je m'exposerai à faire brûler mon château et mon hôtel !", il est remplacé dès le retour des Bourbons. Contraint de faire partie du conseil de guerre qui doit juger Ney, il est soulagé lorsque le conseil se déclare incompétent..."
Augereau : "... ulcéré par son comportement passé, l'empereur refuse son ralliement et le prive même de son titre de maréchal le 10 avril 1815. Trois mois plus tard, il n'est pas plus heureux avec Louis XVIII ... Ayant conservé son titre de pair de France, Augereau est appelé à prendre part au procès du maréchal Ney. Dignement, il refuse de siéger, répugnant à juger un frère d'armes.
Mortier : "A la seconde Restauration, le duc de Trévise, exclu de la chambre des pairs, le 24 juillet pour avoir participé aux Cent Jours ... Membre du conseil de guerre qui doit statuer sur le sort de Ney et qui, malheureusement pour lui, se déclare incompétent, Mortier refuse avec un courage qui l'honore de juger son camarade."
[... Personnalité déconcertante, Ney figure parmi les maréchaux de l'Empire les plus célèbres ... En avance à Iéna, en retard à Eylau, rétif en Espagne, il doit plus sa popularité à son indéniable courage physique qu'à son comportement hésitant sur les champs de bataille. Ce magnifique entraîneur d'hommes dépourvu de toute énergie morale, était excité, instable et irascible. ... Ses sautes d'humeur, sa jalousie, en faisait un être versatile et agité ... A Madame de Rémusat :
"Il y a en lui une disposition ingrate et factieuse. Si je devais mourir de la main d'un maréchal, il y a à parier que ce serait de la sienne.""C'était un brave homme, personne ne l'était plus que lui ; mais c'était un fou ; il est mort sans emporter l'estime de personne ! ... Ney était admirable pour sa bravoure, son opiniâtreté dans les retraites ; il était bon pour conduire 10 000 hommes, mais hors de là c'était une vraie bête ! ... Ney aussi mal attaqué que mal défendu, a été condamné par la Chambre des pairs en dépit d'une capitulation sacrée. On l'avait laissé exécuter, c'était une faute de plus : on en avait fait dès cet instant un martyr ... Le pardon de Ney n'eut été qu'une preuve de la force du gouvernement et de la modération du prince..." (Napoléon)
[Ney avait été imprudent en blâmant devant lui (Kleist) la conduite de l'Empereur à Eylau :
"C'est sa vivacité qui est cause que cette bataille ne prit pas une issue brillante. Il a poussé trop en avant, par petits paquets."] (Kleist, 2 mars 1807)
[Accusé de trahison, Ney refuse d'être jugé par le tribunal des maréchaux, qui se déclare d'ailleurs incompétent. Il demande à comparaître devant la Chambre des pairs, qu'il espère à tort, plus indulgente. A sa grande surprise, il est condamné le 6 décembre par 169 voix -dont celles de 5 maréchaux- contre 17 ... la grâce royale lui sera refusée...]