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 Sujet du message : Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 16 Juin 2020 20:47 
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Grégoire de Tours
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Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes, et spécialement à partir de 1810, les coalisés semblent reprendre l’avantage, éveillant en Louis XVIII l’espérance du retour. Après la défaite de Napoléon en 1814, les coalisés réunis au congrès de Vienne hésitent encore sur le successeur à choisir à Napoléon. Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité pose problème, le « roi de Rome », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, et à défaut une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.


A vrai dire, je crois que Talleyrand a réussi à convaincre le Tsar. Les "coalisés" se sont ensuite laissés convaincre par le Tsar.
Quelqu'un veut-il ajouter des éclaircissements ?


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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 16 Juin 2020 23:32 
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Bonsoir,


Mon message ne prétend rien apporter de neuf et d'autres membres du forum auront certainement des analyses beaucoup plus fines.
Un petit point pour nuancer cependant :

Il est certain que Talleyrand a joué un rôle de premier plan, mais il ne faut pas négliger le poids des Anglais, tout à fait décidés à soutenir un Bourbon. Ils ont d'ailleurs apporté leur soutien militaire (mais en dent de scie) aux princes en exil et soutenu la contre-révolution.

Mais Talleyrand subit un revers d'importance, malgré son génie et sa manœuvre très habile pour occuper le gouvernement provisoire à Paris. En effet, il souhaite mettre en place une monarchie libérale, et cela restera sa conviction profonde. A cet effet il a travaillé avec le Sénat sur un projet de véritable Constitution que doit accepter le futur roi. Cela reste tout de même du domaine de la pure spéculation.
D'une certaine manière, il a pu convaincre tout le monde sauf... les princes eux même. Le comte de Provence et, plus dangereux sur le moment, le comte d'Artois n'ont aucune envie de devenir des monarques constitutionnels à la britannique.

L'un a du sens et du flair politique - le futur Louis XVIII, qui opte pour un compromis dans la fameuse Déclaration de Saint-Ouen : pas de constitution, mais la Charte ; bicaméralisme, mais pas de droit d'adresse ni de chute des ministères ; reconnaissance des régimes précédents... mais drapeau blanc et expiation du peuple pour les crimes passés. tout au long des deux Restauration la liberté de la presse ne sera jamais acquise, trait qui prouve une nouvelle fois les limites de l'influence de Talleyrand.
D'une certaine manière, Louis XVIII double Talleyrand sur ce coup-là (en 1814) et prouve à tous les partis engagés qu'il est loin d'être "l'homme nul de l'Europe", comme l'avait dit le tsar à son propos (il faut se souvenir que contrairement à Artois, il n'avait participé à aucune des campagnes des armées blanches rebelles...).
Il prouve à tous qu'il gouvernera selon sa vision des choses, sans être le pantin de l'étranger. L'entrée en avance dans la capitale du prince d'Artois représente toutefois une menace autant pour les libéraux ralliés par Talleyrand que pour les "monarchiens" de Louis XVIII.
Ce dernier comprend très vite qu'Artois est le champion des légitimistes (ainsi que le troisième larron, le duc de Berry). Il n'attend donc pas trop pour revenir en roi et jouer le plus possible sur la réconciliation. La terreur blanche n'est pas encore à l'ordre du jour en 1814, ce qui se serait produit au cas où Artois et Berry eussent gagné en influence. Les conséquences auraient été plus granves qu'en 1815-1816, sapant la confiance fragile que vient d'obtenir le nouveau roi.


Talleyrand écope lui de la salle besogne consistant à défendre la France et ses positions lors du traité de Vienne, suite des négociations du Traité de Paris. De cette façon, il doit en assumer la responsabilité. Les ultras le détestent cordialement, ce qui se confirme largement au cours de la seconde Restauration, laquelle ne débouche pas sur l'option libérale de Talleyrand. Il est logique qu'il se joigne alors aux doctrinaires qui préparent le changement de dynastie et de l'esprit du régime.
Même si Talleyrand se rend diplomatiquement indispensable, Louis XVIII ne cesse pas de s'en méfier, tout en continuant sur la voie du compromis.
Mais en définitive Talleyrand réussit avec les Orléans qui le comprennent et l'appréciée bien davantage !

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 11:18 
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Jean Froissart
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Arkoline a écrit :
A vrai dire, je crois que Talleyrand a réussi à convaincre le Tsar. Les "coalisés" se sont ensuite laissés convaincre par le Tsar. Quelqu'un veut-il ajouter des éclaircissements ?

Voici ce qui me semble, de là à y voir une fulgurance. ;)
Alexandre Ier avait un moment envisagé Bernadotte. Cependant Bernadotte n'avait pas de parti consistant, la solution "Orléans" n'était pas mûre ni encouragée par le futur Louis-Philippe. On en revenait aux "Bourbon", choix des Anglais (Wellington).
Alexandre à Paris tenait aussi à prendre en compte les voeux du pays, à la fois par libéralisme et aussi dans la vision d'une future (?)/éventuelle (?) alliance franco-russe ; il faut avoir une idée du caractère de l'empereur de Russie. S'il peut faire des concessions (ce qui sera le lit d'une vision d'un homme indécis, fluctuant etc.) au-delà d'un certain cercle : il bloque et ne lâche rien.
Tout le monde se rangea à ce désir, chacun pour des raisons politiques différentes, on laissa les choses se faire. Talleyrand -refoulé dans un premier temps- devenait incontournable pour le petit coup de pouce qui allait orienter le choix français via des réseaux réactivés.

Le pays, habitué à une obéissance passive, a pourtant -depuis trois ans- ankylosé le régime napoléonien par de soudaines désobéissances dues aux événements (défaites, poids croissant de la conscription et des impôts indirects, conflits avec l'Eglise, séquelles de la crise frumentaire de 1811 etc.).
Ce qui a étonné les princes réunis et plus encore les "royalistes" fut l'accueil très positif du peuple -hormis l'armée- à l'arrivée du comte de Provence.
L'entrée du roi à Paris (3 mai) déchaîne l'enthousiasme de la population. La province marque une vive adhésion et l'armée bloque à l'exception des anciens cadres que l'on retrouvera -pour l'essentiel- sous la Restauration.
Les coalisés quittant Paris le 5 juin, il a fallu établir en hâte une constitution afin qu'elle soit promulguée le 4 : la charte. D'emblée des points posent problème (presse, Eglise, séparation des pouvoirs).
Si les 79 articles (?) reflètent certaines influences anglaises, on y retrouve aussi les idées des "monarchiens " de 1789. La Charte reconnait les principes fondamentaux, cependant il est déjà prévu que la liberté de la presse pourrait être restreinte par des lois "afin d'en réprimer les abus".
Il semble donc que -dans une certaine mesure- le régime mis en place avait la caution des Français... pour un temps.
:wink:
.

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 12:26 
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Rebecca West a écrit :
.

Tout le monde se rangea à ce désir, chacun pour des raisons politiques différentes, on laissa les choses se faire. Talleyrand -refoulé dans un premier temps- devenait incontournable pour le petit coup de pouce qui allait orienter le choix français via des réseaux réactivés.

Le pays, habitué à une obéissance passive, a pourtant -depuis trois ans- ankylosé le régime napoléonien par de soudaines désobéissances dues aux événements (défaites, poids croissant de la conscription et des impôts indirects, conflits avec l'Eglise, séquelles de la crise frumentaire de 1811 etc.).
Ce qui a étonné les princes réunis et plus encore les "royalistes" fut l'accueil très positif du peuple -hormis l'armée- à l'arrivée du comte de Provence.
L'entrée du roi à Paris (3 mai) déchaîne l'enthousiasme de la population. La province marque une vive adhésion et l'armée bloque à l'exception des anciens cadres que l'on retrouvera -pour l'essentiel- sous la Restauration.
Les coalisés quittant Paris le 5 juin, il a fallu établir en hâte une constitution afin qu'elle soit promulguée le 4 : la charte. D'emblée des points posent problème (presse, Eglise, séparation des pouvoirs).
Si les 79 articles (?) reflètent certaines influences anglaises, on y retrouve aussi les idées des "monarchiens " de 1789. La Charte reconnait les principes fondamentaux, cependant il est déjà prévu que la liberté de la presse pourrait être restreinte par des lois "afin d'en réprimer les abus".
Il semble donc que -dans une certaine mesure- le régime mis en place avait la caution des Français... pour un temps.
:wink:
.


Votre analyse a le mérite de souligner d'une part l'état d'esprit général mais également le rôle des princes (Berry et Angoulême, ainsi que leur père, d'Artois) qui préparent efficacement la voie en gagnant les principales villes, à l'aide des Chevaliers de la Foi.
L'occupation de Paris se passe bien, loin de l'image des féroces cosaques bivouaquant sur les champs Elysées.

En revanche, vous semblez dire que le tsar Alexandre penchait déjà pour les Bourbons avant l'intervention de Talleyrand. Pourriez-vous préciser ?
Mes connaissances sont très scolaires et j'avais lu qu'Alexandre n'avait même pas songé aux Bourbons avant Talleyrand...

Il un autre point plus fondamental. Vous évoquez une "constitution", ce que n'est précisément pas la Charte constitutionnelle. elle remplit les objectifs d'un texte de lois fondamentales mais se garde bien, dans l'esprit de Louis XVIII, de satisfaire Talleyrand. Le projet de Constitution sénatoriale préparé par Talleyrand échoue lors de ce "happening" qu'est la Déclaration de Saint-Ouen. C'est en cela, je trouve, qu'on peut discuter le rôle de Talleyrand, qui ne parvient pas à orienter le régime dans la voie libérale.
La Chartre est un octroi du roi, elle n'a donc rien d'un pacte mutuellement consenti entre le Sujet et le Souverain, dans l'esprit des Lumières...
Louis XVIII ne sait que trop bien ce que rappellerait le mot constitution, celle du roi faible et humilié de 1791, roi par les Français, pour les Français, au nom des Français... La manœuvre est d'autant plus efficace qu'elle permet dans le même temps de reprendre un grand nombre des idées du texte de Talleyrand, notamment le bicaméralisme. Mais le roi demeure divin, ce qui est essentiel - il n'est pas "appelé" par son peuple, il revient, de son bon gré, pour le sauver.

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 12:34 
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Marc Bloch
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Au risque de simplifier, je crois que le retour des Bourbon aurait été soutenu de l'extérieur par les Anglais. Ceux ci étaient conscients du discrédit de la dynastie, du pragmatisme du comte de Provence et du manque de prestige du prétendant podagre et impuissant. Tout cela allait leur garantir une France durablement tranquille voire docile !

En outre, la première grande ville prise par Wellington (Bordeaux) s'était prononcée pour les Bourbon.

Les Autrichiens auraient peut être bien aimé une régence de Marie Louise mais les autres alliés ne voulaient pas rendre les clefs de la France aux Habsbourg. Alexandre aurait sans doute voulu imposer un libéral comme Bernadotte ou Orleans. Mais là encore les autres alliés ne voulaient pas avoir une France sous influence russe.

Louis XVIII était le choix le plus simple et le moins dangereux. Celui qui divisait le moins les alliés, aussi !


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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 13:01 
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Champollion a écrit :
Votre analyse a le mérite de souligner d'une part l'état d'esprit général mais également le rôle des princes (Berry et Angoulême, ainsi que leur père, d'Artois) qui préparent efficacement la voie en gagnant les principales villes, à l'aide des Chevaliers de la Foi.

On peut même rajouter aux Chevaliers de la Foi, l'Institut philanthropique et autres sociétés.

Citer :
En revanche, vous semblez dire que le tsar Alexandre penchait déjà pour les Bourbons avant l'intervention de Talleyrand.

Où aurais-je écrit ceci ? Diable, ce ne sont plus des trous de mémoire mais des abysses ! Il faudrait me le rappeler mais en bien "gras" et avec des "quote" entourant ce simple passage.

Citer :
Vous évoquez une "constitution", ce que n'est précisément pas la Charte constitutionnelle ... bla x 3 ... C'est en cela, je trouve, qu'on peut discuter le rôle de Talleyrand

Reste à ouvrir un (deux ?) fil-s- afin de ne pas être trop HS ou, avant, vérifier que ceci n'a pas été traité.
:wink:
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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 13:42 
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Jean Froissart
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Jerôme a écrit :
...je crois que le retour des Bourbon aurait été soutenu de l'extérieur par les Anglais. Tout cela allait leur garantir une France durablement tranquille voire docile !

Ah ? Je ne l'ai pas compris ainsi.
Je voyais Alexandre à Paris (ce qui lui donne un avantage certain) et les princes ainsi que Metternich et Castlereagh à Langres.
Pour Bordeaux, Wellington y entrait le 12 mars, rejoint par le duc d'Angoulême et la cocarde blanche y fleurit. Mais Wellington ne peut prendre des décisions qui tiennent à Castlereagh. Cependant il est vrai que l'accueil de Bordeaux balança, pour les Alliés, l'impression causée par la résistance des populations de l'Est.
Pour le côté "podagre" et "impuissant" : il est des souverains dont la braguette trop béante a pas mal entamé leur crédibilité (Louis XV) et d'autres au visage avenant mais à la bêtise légendaire (Charles X).
La chose physique est un critère très aléatoire surtout en période de crise -comme l'était ce moment-.

Citer :
Les Autrichiens auraient peut être bien aimé une régence de Marie Louise mais les autres alliés ne voulaient pas rendre les clefs de la France aux Habsbourg.

Les Alliés étaient divisés et fluctuant jusqu'aux entretiens de Châtillon. C'est ainsi que je comprends la chose.
Si NB souhaitait une régence de son épouse, il eut fallu se rendre à l'Autriche.
Son intransigeance entraîne le pacte de Chaumont, il compte encore sur l'effet "familial" cependant une France à la botte de l'Autriche n'était pas souhaitée ni souhaitable pour les autres Alliés.
Quant à l'Autriche elle-même, elle craignait qu'à un moment ou un autre la France ne retombe sous le joug d'un napoléonide avec -comme l'exprimait Talleyrand- "... un Napoléon écoutant à la porte...".
:wink:
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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 13:49 
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Rebecca West a écrit :
.
Où aurais-je écrit ceci ? Diable, ce ne sont plus des trous de mémoire mais des abysses ! Il faudrait me le rappeler mais en bien "gras" et avec des "quote" entourant ce simple passage.

Citer :
Vous évoquez une "constitution", ce que n'est précisément pas la Charte constitutionnelle ... bla x 3 ... C'est en cela, je trouve, qu'on peut discuter le rôle de Talleyrand

Reste à ouvrir un (deux ?) fil-s- afin de ne pas être trop HS ou, avant, vérifier que ceci n'a pas été traité.
:wink:


Ne le prenez pas mal, c'était simplement votre formulation qui le laissait à penser et je me suis dit légitimement que j'ignorais peut-être quelque chose des idées du tsar (puisque vous évoquiez le "coup de pouce" de Talleyrand, après votre remarque sur le fait que les Bourbons étaient l'option la mieux acceptée).

Pour la seconde remarque je maintiens que ce n'est pas HS, quoique secondaire. Je voulais juste dire par là que Louis XVIII n'est en rien "passif" dans toute cette histoire - ce qui n'a rien d'inédit, je vous l'accorde ;) . Comme l'auteur du premier post nous demandait des éclaircissements et en particulier sur le rôle de Talleyrand, cela me semble important. Et il ne me paraît pas non plus hors de propos de rappeler que la charte n'est pas une constitution, justement parce qu'elle est conçue pour ne pas avoir à en promulguer une...

edit suite à vitre réponse à Jérôme : Pour moi aussi il paraît clair que les Anglais étaient les premiers convaincus, ce qu'ils ont prouvé, par exemple, lors du débarquement de Quiberon. Ils avaient même envisagé un instant d'envoyer Artois sur le continent pour fédérer les chefs chouans et vendéens, avant de se raviser. Ils parient sur les Bourbons, probablement parce que ce sera, dans leur vision, l'équipage dont il sera plus facile de tenir les rênes et calmer les ruades. d'un autre coté, ils apporteront la stabilité à une France continentale de puissance intermédiaire (qui pourra, à l'occasion, servir d'alliée et de bouclier).

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 15:16 
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Champollion a écrit :
d'un autre coté, ils apporteront la stabilité à une France continentale de puissance intermédiaire (qui pourra, à l'occasion, servir d'alliée et de bouclier).

la France de la Restauration n'est en rien une puissance intermédiaire. Elle a juste à faire oublier la période précédente : les dynasties européennes se méfient d'un retour de ses poussées de fièvre.

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 15:42 
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Pierma a écrit :
Champollion a écrit :
d'un autre coté, ils apporteront la stabilité à une France continentale de puissance intermédiaire (qui pourra, à l'occasion, servir d'alliée et de bouclier).

la France de la Restauration n'est en rien une puissance intermédiaire. Elle a juste à faire oublier la période précédente : les dynasties européennes se méfient d'un retour de ses poussées de fièvre.



Permettez-moi de ne pas être totalement convaincu, quoique "puissance intermédiaire" soit peut-être mal choisi. Je pensais aux suites du traité de Paris et le retour aux frontières de 1792, sans compter un certain nombre de perte dans les Antilles qui contribuent à mettre une nouvelle fois la France en difficulté dans les colonies.
Une poussée de fièvre qui nous donne jusqu'à 130 départements, puis une rechute en-deçà des "frontières naturelles", je pense à un sévère coup d'arrêt. D'autant plus que le second Traité de Paris, en 1815, ira plus loin (frontières de 1790).
Elle doit se faire oublier, mais c'est au prix d'un sévère coup d'arrêt donné au domaine colonial et d'une frontière Est qui n'a jamais été aussi fragile depuis les guerres révolutionnaires.

En revanche, mes termes sont peut être trop négatifs - je pense qu'on peut tout de même dire qu'elle n'est plus au premier plan. de plus, je disais cela pour la période de 1814, puis de 1815-1820, avant une reprise des campagnes militaires d'importance.

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 16:50 
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Je crois que nous sommes à peu près d'accord. A part une frontière Est dessinée pour être indéfendable, la France de 1815 n'est guère amoindrie par rapport au Traité de Paris et à la perte de ses colonies.

Non, ce n'est pas une puissance intermédiaire, mais la défaite finale de la France révolutionnaire valide la position hégémonique acquise par l'Angleterre pendant la guerre de Sept Ans. Napoléon a échoué à renverser cet ordre des choses. C'est plutôt l'Angleterre qui est devenue une superpuissance. (Dans un Secret d'Histoire consacré récemment à la reine Victoria, donc à son apogée, j'ai entendu le chiffre de 1/3 de la population mondiale.)

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 17:32 
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Pierma a écrit :
Je crois que nous sommes à peu près d'accord. A part une frontière Est dessinée pour être indéfendable, la France de 1815 n'est guère amoindrie par rapport au Traité de Paris et à la perte de ses colonies.

Non, ce n'est pas une puissance intermédiaire, mais la défaite finale de la France révolutionnaire valide la position hégémonique acquise par l'Angleterre pendant la guerre de Sept Ans. Napoléon a échoué à renverser cet ordre des choses. C'est plutôt l'Angleterre qui est devenue une superpuissance. (Dans un Secret d'Histoire consacré récemment à la reine Victoria, donc à son apogée, j'ai entendu le chiffre de 1/3 de la population mondiale.)


(Mon dernier message sur ce point pour ne pas trop dériver. :-| )

Vous résumez bien la situation : le processus à l'œuvre depuis le "vieux" Traité de Paris en 1763 se confirme pleinement avec le Congrès de Vienne. A partir de là (quoique surtout pour le début de la Restauration), la France n'a plus d'Empire colonial de premier ordre. Je songe aussi à la Prusse qui s'en sort finalement très bien et obtient des gains territoriaux, certes assez maigres sur le moment, mais déterminant pour la suite (Westphalie, Rhénanie) - se dessine déjà le profil d'une Allemagne qui pourrait être unifiée sur la solution "petite Allemagne". La France doit songer à ce terrible duo Angleterre-Prusse, avec une présence amoindrie sur les mers, aucun moyen de frapper les nouveaux cœurs économiques britanniques et une Prusse renforcée sur la frontière-Est, elle-même très amoindrie.

Et comme il faut retomber sur ses pattes, c'est à nouveau vers Talleyrand que l'on doit se tourner, puisqu'il oriente la diplomatie vers une alliance avec les britanniques, réussissant ainsi, en plus d'avoir contribué à instaurer une véritable monarchie libérale, à revenir sur les grosses concessions auxquelles il a du souscrire en 1814 puis 1815 !

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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 17 Juin 2020 18:13 
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Marc Bloch
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A propos des puissances tout est une question de rapports de forces.

En 1815, la France retrouve son potentiel de 1790. Certes mais la Prusse, la Grande Bretagne (outre-mer), la Russie (avec la Pologne), l'Autriche (avec Venise) et même le Piémont-Sardaigne (avec Gênes) bénéficient de substantiels accroissements de puissance.

On peut même dire que la France aurait impérativement besoin de l'appui britannique pour faire face à une agression des trois autres puissances continentales.

Et au-dessus de tout cela un monarque âgé et un peu ridicule ...l'exacte antithèse de celui dont il prend la place (on le verra bien en mars 1815) !


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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 18 Juin 2020 15:57 
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Arkoline a écrit :
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Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes, et spécialement à partir de 1810, les coalisés semblent reprendre l’avantage, éveillant en Louis XVIII l’espérance du retour. Après la défaite de Napoléon en 1814, les coalisés réunis au congrès de Vienne hésitent encore sur le successeur à choisir à Napoléon. Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité pose problème, le « roi de Rome », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, et à défaut une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.

A vrai dire, je crois que Talleyrand a réussi à convaincre le Tsar. Les "coalisés" se sont ensuite laissés convaincre par le Tsar.
Quelqu'un veut-il ajouter des éclaircissements ?

N'étant pas historien, je ne suis pas en mesure d'évaluer le degré de confiance qu'il convient d'accorder à la biographie de Talleyrand, d'Emmanuel de Waresquiel, que je suis en train de relire en partie. Tout ne doit cependant pas y être faux et l'auteur montre bien que tout s'est joué entre le 30 mars et le 1er avril (et non pas au congrès de Vienne !), lorsque Talleyrand a rallié Alexandre Ier, qui était descendu chez lui en arrivant à Paris, à l'idée que les Bourbons étaient la moins mauvaise des solutions. Emmanuel de Waresquiel donne également, dans cette biographie, une analyse intéressante (pour le béotien que je suis) des rapports personnels entre Louis XVIII et Talleyrand.


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 Sujet du message : Re: Louis XVIII sur le trône
Message Publié : 18 Juin 2020 16:33 
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b sonneck a écrit :
Emmanuel de Waresquiel donne également, dans cette biographie, une analyse intéressante (pour le béotien que je suis) des rapports personnels entre Louis XVIII et Talleyrand.


Bonjour,

Pourriez-vous nous en dire plus sur ses rapports ?
Il me semble que Louis XVIII était plus que méfiant à l'égard de Talleyrand, dont il avait bien compris le projet de monarchie libérale plutôt à l'anglaise. Cela ne s'est d'ailleurs pas arrangé par la suite quand Talleyrand est passé franchement dans l'opposition.
Mais "méfiance" ne permet pas d'aller très loin - de plus je me demande si nous ne sommes pas tributaire du portrait peu flatteur donné de ces tractations par Chateaubriand ...

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