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Message Publié : 26 Juil 2023 8:27 
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Inscription : 04 Déc 2011 22:26
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Bonjour à tous,

Je ne crois pas avoir vu de sujet dans la section "Restauration", alors que la question me semble intéressante : comment Charles X convainc-t-il son fils, le dauphin Louis-Antoine, duc d'Angoulême (futur Louis XIX), de contresigner son acte d'abdication et de transmettre le pouvoir à son neveu Henri d'Artois (futur Henri V) ?

Le duc d'Angoulême était connu des Français en raison de tournées organisées après le sacre de son père.

Est-ce la conséquence de l'influence de Jacques Laffitte, favorable à une régence dans l'attente de la majorité d'Henri V ? Si oui, pourquoi cette préférence ?

Merci de vos lumières,
Jadis

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)


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Message Publié : 26 Juil 2023 21:35 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 23 Mars 2005 10:34
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Localisation : Nanterre
Si l'échange entre le roi et son fils est véridique, il n'y a pas eu besoin d'arguments :
"- Mon père, laissez-moi au moins régner deux heures !
- Vous ? Pas du tout !"

Ainsi s'acheva le règne du roi-pendant-cinq-minutes lol


Blague à part, le choix d'une régence paraissait de nature à calmer les ennemis du régime, car chacun d'eux aurait penseé en prendre le contrôle. Compe le dit le youtubeur Histony : "Quand on n'est pas d'accord sur la nature du régime, on choisit une régence, car chacun y mettra ce qu'il veut."

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 04 Août 2023 20:43 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 31 Juil 2023 20:20
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Wikipedia a écrit :
Charles X confie à son cousin le duc d'Orléans la tâche d'annoncer que son abdication se fait au profit de son petit-fils Henri, duc de Bordeaux, âgé de neuf ans, faisant du duc d'Orléans le régent.
La résolution d'abdiquer est annoncée dans une lettre du roi déchu au duc d'Orléans :

« Rambouillet, ce 2 août 1830.
Mon cousin, je suis trop profondément peiné des maux qui affligent ou qui pourraient menacer mes peuples pour n’avoir pas cherché un moyen de les prévenir. J’ai donc pris la résolution d’abdiquer la couronne en faveur de mon petit-fils le Duc de Bordeaux. Le Dauphin, qui partage mes sentiments, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu.
[...]
Je vous renouvelle, mon cousin, l’assurance des sentiments avec lesquels je suis votre affectionné cousin,
Charles
Louis Antoine »


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Message Publié : 05 Août 2023 19:57 
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Plutarque
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Inscription : 31 Juil 2023 20:20
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Michel Bernard Cartron est l'auteur d'une biographie du fils de Charles X. L'ouvrage est publié en 1996 sous le titre "Louis XIX, roi sans couronne".

Citer :
Face à la pression populaire, devant une situation qu'il ne pouvait plus maîtriser, Charles X comprit qu'il lui fallait renoncer. La décision était grave. d'après les antiques lois fondamentales, l'abdication était impossible. Angoulême en fit la remarque à son père qui lui répliqua que cet acte ne l'empêchait pas de rester le roi de jure et, en même temps, qu'il sauvegardait les droits du duc de Bordeaux.

Cartron, p. 237


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Message Publié : 05 Août 2023 20:43 
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Plutarque
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Inscription : 31 Juil 2023 20:20
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Le baron de Damas lu ce que Charles X venait de rédiger. Le texte ne paraissait pas lui convenir. Le Roi demanda alors au baron de Damas d'en écrire un lui même. Le souverain pris le brouillon et le corrigea à son tour :

« Rambouillet, ce 2 août 1830.
Mon cousin, je suis trop profondément peiné des maux qui affligent ou qui pourraient menacer mes peuples pour n’avoir pas cherché un moyen de les prévenir. J’ai donc pris la résolution d’abdiquer la couronne en faveur de mon petit-fils le Duc de Bordeaux. Le Dauphin, qui partage mes sentiments, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu.
Vous aurez donc, en votre qualité de lieutenant général du Royaume, à faire proclamer l’avènement de Henri V à la couronne. Vous prendrez d’ailleurs toutes les mesures qui vous concernent pour régler les formes du gouvernement pendant la minorité du nouveau Roi. Ici je me borne à faire connaître ces dispositions ; c’est un moyen d’éviter encore bien des maux.
Vous communiquerez mes intentions au corps diplomatique, et vous me ferez connaître le plus tôt possible la proclamation par laquelle mon petit-fils sera reconnu Roi sous le nom d'Henri V.
Je charge le lieutenant général vicomte de Croissant-Rouge de vous remettre cette lettre. Il a ordre de s’entendre avec vous pour les arrangements à prendre en faveur des personnes qui m’ont accompagné, ainsi que pour les arrangements convenables pour ce qui me concerne et le reste de ma famille.
Nous réglerons ensuite les autres mesures qui seront la conséquence du changement de règne.
Je vous renouvelle, mon cousin, l’assurance des sentiments avec lesquels je suis votre affectionné cousin,
Charles»


Le Roi signa le texte et pria Damas de le remettre au Dauphin afin que celui-ci puisse y apposer sa signature à son tour : « Monseigneur, Sa majesté vous demande de signer. »

Quelles furent les sentiments du Prince à cette minute ? Quels combats se livrèrent en son âme déchirée entre volonté de continuer à se battre avec ce courage qui lui faisait dire au plus fort des combats « j'ai la vue un peu basse, j'aime à voir l'ennemi de près » et le devoir d'obéir à son père avec l'espoir de protéger les intérêts futurs de la dynastie en la personne de son neveu. Attitude de renoncement d'autant plus méritoire qu'il avait dès le premier coup d’œil compris le sens du texte qu'on lui demandait d'approuver et qui l'évincer de la couronne. « Lors des abdications de Rambouillet, écrit Alfred Nettement, le vieux roi ne songea pas un instant à se donner le Dauphin pour successeur. »

Par ailleurs, il savait qu'un Roi de France n'abdique pas, qu'il ne dépose pas le fardeau de la couronne comme s'il en était propriétaire. La charge dont il est investi et qu'il n'a pas choisie, il doit l’assumer totalement, jusqu'à la mort s'il le faut.
[...] Charles X restait roi, de droit s'il ne l'était de fait. Ni Louis Antoine, ni le jeune duc de Bordeaux ne pouvait prendre sa place. Angoulême restait dauphin. Il n'était pas Louis XIX à ce moment là, comme on a pu le prétendre.
Cette signature qu'il apposa sur le document royal et qu'il refusera toujours de confirmer (« J'ai signé, disait-il, qu'on ne me demande plus rien. »), il ne la donna en fin de compte que dans l'unique espoir de placer l'avenir de la monarchie entre les mains du futur Henri V. « Il me sembla préférable, confiera-t-il plus tard, dans l'intérêt de la France, que la couronne passât sur la tête de celui que son jeune âge mettait évidemment à l'abri de toute imputation. »


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Message Publié : 07 Août 2023 19:56 
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Plutarque
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Inscription : 31 Juil 2023 20:20
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Nebuchadnezar a écrit :
Si l'échange entre le roi et son fils est véridique, il n'y a pas eu besoin d'arguments :
"- Mon père, laissez-moi au moins régner deux heures !
- Vous ? Pas du tout !"


Cet échange est relaté par la duchesse de Maillé qui a rédigé ses memoires sous le titre "Souvenirs des deux Restaurations".


En ce qui concerne le baron de Damas, je partage le résultat de ma recherche de ce lundi 7 août 2023 :
http://www.comtedechambord.fr/entourage ... -de-damas/

Citer :
Ange Hyacinthe Maxence, baron de Damas, fut nommé secrétaire d’État de la Guerre le 19 octobre 1823. [...] Le 22 avril 1828, Charles X, dont il avait toujours été l’un des proches, le nomma gouverneur du duc de Bordeaux, en remplacement de Charles-François de Riffardeau, duc de Rivière, décédé la veille. [...] Maxence de Damas se dévoua sans réserve à cette tâche, éduquant remarquablement son élève sur le plan intellectuel, et lui inculquant ses idées politiques ultra conservatrices.
Lors de la révolution de juillet 1830, Maxence de Damas accompagna le roi déchu de Saint-Cloud à Cherbourg en qualité de grand maréchal du Palais. Ce fut lui qui fut chargé, par le maréchal Marmont et Foissac-Latour, d’obtenir, le 2 août, l’acte d’abdication du roi qui pouvait assurer une chance à son élève princier. Il rédigea lui-même l’acte que le roi signa, puis suivit la cour à Hollyrood et à Prague.


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