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Message Publié : 15 Avr 2007 10:43 
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Discussion du mois de mars...


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JEAN VALJEAN

je réagis à un post du duc de Raguse, sur un autre fil, concernant la connaissance que les français avaient des préparatifs militaires allemands et le fait que la loi des 3 ans était adaptée par rapport aux réalités militaires de cette époque.

Voici, pour prouver le contraire, des extraits de la plaidoireie de Paul Boncour au moment du procès de l'assassin de Jaurès :

Au sujet de la connaissance les Français avaient des préparatifs militaires allemands, voici des extraits de la plaidoierie de Paul Boncour lors du procès de l'assassin de Jaurès, en 1919 :

[i]Au cours de son Histoire socialiste de la Révolution Française[i]Jaurès rencontra la question de la guerre.[...]

Il suit avec passion la formation et le développement de l'armée révolutionnaire, puis la stratégie que lui imposent son origine et les circonstances. Et déjà se précisent dans son esprit les grandes lignes du système que nous allons voir se préciser, au fur et à mesure que les préoccupations politiques actuelles feront monter dans l'horizon le nuage de la guerre.[...]

Il constate que ce qui caractérise l'instrument de victoire créé par la Révolution, c'est, d'un mot, l'armement des masses.

Parce qu'elle était obligée, du fait des circonstances qu'elle traversait, à un effort intense d'énergie, parce que la crise économique jetait beaucoup d'ouvriers sans travail aux armées, parce qu'enfin la Convention se décida à faire la levée en masses, la Révolution eut entre les mains des effectifs dont n'approchaient pas les armées d'alors. On put ainsi opposer aux petites armées de métier de l'ennemi la nation en armes.[...]

Du fait qu'on avait en face de soi des armées de métier, bien exercées, jadis glorieuses, mmais fixées dans de vieilles méthodes, répétant, sans es renouveler, les leçons de Frédéric II, alors qu'on disposait de grandes masses animées d'une vie ardente, Carnot, dans ses instructions aux généraux et aux commissaires aux armées, dans ces lettes, dans ces plans de bataille, conçut cette idée essentielle de victoire qui deviendra le principe même de l'art de la guerre : frapper des coups décisifs, chercher toujours l'écrasement de l'adversaire, et, pour cela, s'arranger pour être le plus nombreux au point choisi pour la décision.

Et les coups de génie de Napoléon lui-même... ne furent possibles que parce qu'il coordonna, amplifia et conduisit à la manœuvre, sur tous les champs de bataille de l'Europe, l'admirable instrument de guerre, forgé en plein orage, dans l’improvisation, par la Montagne.

Puis Jaurès vérifie qu’à toute époque de l’histoire, ceux-là furent vainqueurs, qui surent recueillir les leçons que nous leur avions données, et recourir à l’armement des masses. Ce qui fait le succès de la Prusse dans la campagne de 1813, c’est qu’obligée, après Iéna, d’avoir une armée permanente réduite à 40000 hommes, elle trouve le moyen de créer une réserve, de créer un landsturn, de recourir en somme à la nation armée et de rompre avec la tradition des armées de métier. En 1866 et 1870, les armées allemandes gagnent Sadowa et Sedan avec des armées composées en grande partie de réservistes.[…]

Et Jaurès se convainc que l’Allemagne, continuant avec son esprit de méthode, d’exploiter contre nous, les leçons que nos victoires lui avaient apprises, lancera contre nous, dans la prochaine guerre, des masses dont nous ne soupçonnons pas l’importance, qu’elle lancera contre nous, dans la prochaine guerre, des attaques dont nous ne soupçonnons pas l’envergure, et, par le renouvellement perpétuel des effectifs, une guerre dont nous ne soupçonnons pas la durée.

Notre Etat-Major, lui, part d’un autre point de vue.

Depuis quelques années, il a beaucoup travaillé, il a fait un grand effort de prévision et de labeur, mais par une sorte de réaction contre la tactique défensive que la France avait été obligée d’adopter au lendemain des défaites de 1870-1871, il s’est jeté dans une idée d’offensive à outrance.

Il a été comme ébloui par la fulguration des succès de la tactique napoléonienne, il a négligé les enseignements antérieurs et postérieurs de l’histoire, il a dédaigné de rechercher l’origine révolutionnaire de l’armée napoléonienne elle-même, et comment celle-ci, s’éloignant de ce qui avait fait sa force, fut à son tour battue par des armées nationales.

Enfin, il se fie aux renseignements que laisse filer l’Allemagne, qu’elle laisse apercevoir à ses manœuvres et qu’interprète un service de renseignements, d’ailleurs très insuffisant.

Pour toutes ces raisons, l’Etat-Major croit à une guerre courte.

Il croit à une guerre menée par des effectifs actifs, augmentés seulement de quelques unes des premières classes de la réserve.

Il croit à une décision se produisant dés le début des hostilités et déterminée par quelques grandes batailles.

Dans ces conditions, le devoir qui s’impose est simple : compenser la différence des effectifs actifs en augmentant la durée du service.

La loi des trois ans !

Et dans le système de l’Etat-Major, c’est logique : mauvais Français, ou Français manquant de clairvoyance, celui qui s’y refuse.

Jaurès s’y refuse. Par sa documentation étendue, par l’étude qu’il a faite des différentes guerre, par la pénétration qu’il a des choses de l’Allemagne, de l’esprit de méthode de l’Allemagne, il est persuadé au contraire que ce ne sera pas le schéma de la prochaine guerre : la prochaine guerre sera une guerre des masses, et une guerre longue.

A cette guerre des masses, il veut que nous opposions une offensive des masses; il veut que nous répondions immédiatement par des masses égales, supérieures s’il est possible; que, par conséquent, la nation toute entière soit armée pour sa défense; que l’effort ne se porte pas sur l’armée active mais sur les réserves; il veut que ces réserves, on travaille dés maintenant à les équiper, à les armer, à leur fournir le matériel nécessaire, que, dés le temps de la paix, elles soient organisées dans des formations prévues d’avance, avec leurs cadres, leurs services, leur artillerie, de ma,nière que dés les premiers jours de la mobilisation, on puisse opposer à l’attaque de masse allemande la totalité des réserves françaises.

Donc, guerre des masses. C’est la première caractéristique de sa conception militaire.

Guerre industrielle, ensuite, parce que cette armée de masse suppose évidemment un matériel en rapport. Et Raymond Painlevé et Albert Thomas étaient bien placés pour avoir jugé les insuffisances de notre matériel[…]

Guerre industrielle aussi par l’éducation du personnel et des cadres. C‘est l‘esprit même, dont les leçons de la guerre ont, trop tard, pénétré nos grands chefs[…]

Guerre industrielle enfin, où chacun devait être mobilisé suivant sa compétence : ingénieurs, savants, juristes, spécialistes de toutes sortes.[…]

«Messieurs, disait Jaurès, de tous les témoignages, de tous les documents qui peuvent nous éclairer sur la pensée allemande, il résulte que l’Allemagne ne veut pas seulement procéder à ce qu’on appelle une attaque brusquée, mais qu’elle veut procéder à une attaque de masse. Oui, le mouvement offensif le plus rapide possible… Mais avec des effectifs dont on espère qu‘ils seront supérieurs numériquement aux nôtres. Je dis que cela éclate dans tous les écrits des théoriciens allemands et qu’autant ils répugnent à la grande conception de la nation armée, à la pleine et intégrale utilisation des réserves, autant ils étudient des combinaisons par lesquelles leurs classes de réserve les plus jeunes s’ajouteront dés la première heure à leurs effectifs de caserne pour une tentation d’invasion.

Songez, messieurs, qu’avec le chiffre des contingents annuels, il suffit à l’Allemagne d’ajouter deux de ses classes de réserve les plus jeunes à ses effectifs mobilisés pour qu’elle puisse mettre en ligne contre nous 1400000, 1500000 et 1600000 hommes »[…]

Puis Jaurès nous démontre, en analysant avec pénétration les dernières lois d’armement allemand, le résultat des observations faites à leurs manœuvres, comment l’Allemagne cache, sous ses lois militaires, faites en apparence pour augmenter ses effectifs de caserne, le moyen d’avoir, au jour de la mobilisation, 500000 hommes de réserves de plus.

«Messieurs, si je disais toute ma pensée, je dirais que probablement l’état-major allemand sourit avec une joie profonde de la naïveté par laquelle nous donnons à l’hypothèse d’une bataille brusquée avec un petit nombre d’hommes en place de premier rang, alors que nous paraissons méconnaître la préparation profonde des masses qu’elle mobiliserait dés la première heure.

Ces masses, quel en sera l’emploi ? Quelle sera la stratégie ? Les théoriciens allemands nous répondent avec plus de franchise que les lois du Reichstag : Le général von Bernhardi ne cesse de dire : la masse d’armée rend les opérations manœuvrières plus difficiles, plus pesantes, mais elle ne les interdit pas; elle les oblige seulement à prendre des formes nouvelles; et tandis qu’autrefois, avec des armées plus réduites, c’est la convergence des corps d’armée qu’avaient à organiser les cortèges, maintenant, avec des masses plus fortes, mais sur des espaces plus vastes, ce sera la convergence des grandes armées.»

Et il semble que c’est déjà le mouvement d’enveloppement de la Belgique, qui passe dans cette discussion pathétique de la Chambre.

C’est là le but réel, le danger véritable. L’importance apparente donnée à l’armée active et aux projets d’attaque brusquée par la seule armée active, ne sont là que pour la façade, pour parer à la publicité à laquelle oblige le vote des crédits au Reichstag. Avec une pénétration étonnante, Jaurès pressent que ce sera bien plutôt pour l’organisation des réserves et pour une attaque de masses que seront utilisés ces armements et ces crédits.

Et il conclut :

«Messieurs, s’il en est ainsi, quel est notre devoir ? C’est, contre l’invasion massive, de préparer la résistance massive. Et vous entendez bien qu’il ne suffira pas de jeter rapidement au devant des masses allemandes vos effectifs de caserne; il ne suffirait même pas d’y jeter «J’appelle les armées actives de première ligne».

Si vous ne voulez pas être débordés, si vous ne voulez pas être réduits à ne disposer que d’une armée contre l’Allemagne disposant de deux armées énormes et convergentes, si vous ne voulez pas de cela, ce n’est pas seulement vos effectifs de caserne, ce n’est pas seulement votre armée de première ligne et vos quatre classes les plus jeunes de réserve, c’est la totalité de la force virile de ce paÿs qu’il faut mettre en mouvement.

Voilà le problème, messieurs; et c’est pourquoi depuis des années, suivant avec une attention passionnée le mouvement de pensée et d’organisation qui se produit de l’autre côté de la frontière, voilà pourquoi je ne cesse de dire : c’est la totalité de vos forces combattantes et organisées que vous devez mettre en ligne dés la première heure. Et c’est pour cela que j’ai réagi à l’hypothèse d’une hâtive et imprudente concentration à notre extrême frontière ; c’est pour cela que j’ai dit : «couvrons nos frontières, couvrons-là par des forteresses, couvrons là par la mobilisation de tous les hommes des marches de l’Est, des marches du Nord (des forteresses et des troupes, et les deux!); […]

_ 150000 hommes de plus dans les casernes, dit l’Etat-Major.
_ 1000000 d’hommes de plus sur la ligne de feu au jour de la mobilisation répond Jaurès.
Voilà le débat.
_ Faisons les deux ?
_ Impossible! Ce qui m’inquiète disait Jaurès, dans votre loi, c’est qu’elle absorbe la faculté de servioce de la France au triple point de vue du temps, des hommes et de l’argent, elle détourne précisément de ce que doit être la véritable préoccupation, c’est à dire l’armement des réserves.
Jaurès a raison : il faut choisir.
Jaurès avait choisi.
Charleroi a tranché.
Jaurès avait dit : «Prenez garde! Vous serez attaqué par des masses beaucoup plus considérables que vous ne vous y attendez», et il les chiffrait : 14, 15, 1600000 hommes.
Au jour de Charleroi, ce ne furent pas les 900000 hommes qu’on nous faisait prévoir dans la discussion de la loi des 3 ans que nous eûmes en face de nous, ce ne furent pas les 22 corps d’armée, 25 tout au plus que prévoyait notre haut commandement; nous eûmes à faire face à 34corps d’armées, et à 1400000 hommes, le chiffre même fixé par Jaurès![…]
Jaur7s avait dit : «Prenez garde! Non seulement vopus subirez cette attaque massive, mais cette masse permettra des mouvements convergents, qui ne seront plus la convergence des corps d’armée, mais la convergence d’armées. Ils auront une amplitude que vous ne soupçonnez pas.»
Et ce ne fût pas seulement la bataille classique dans la trouée de Charme et en Woëvre, ce ne fût pas seulement un mouvement d’enveloppement tournant, écornant le Luxembourg belge, ni même celui qui aurait suivi la rive droite de la Meuse. Ce fût le grand mouvement enveloppant par la rive gauche de la Meuse, et l’invasion de la Belgique[…]

Jaurès avait dit : «Prenez garde! Sous la violence de l’attaque, sous l’irruption de ces masses, vous serez peut-être forcés de plier momentanément. Ne craignez pas de préparer le paÿs à cette éventualité[…] Prenez du champ, ne risquez pas la partie décisive, n’engagez pas la totalité des effectifs avant que l’heure en ait sonné. »

Et, sur mon interrogatoire, Messimy vousa dit cette dépêche du maréchal Joffre au soir de Charleroi; elle honore autant l’honnête homme que le militaire qui l’a signée. Elle indiquait les grandes lignes d’un mouvement de repli, tellement vaste, tellement profond qu’on ne peut s’empêcher de se rappeler que Jaurès, pour l’avoir pressenti, a vu se formuler contre lui une calomnie qui, plus qu’aucune autre, l’a mordu au cœur car elle l’accusait de livrer sans défense à l’ennemi un large morceau de territoire français. Ce mouvement, on le considère à juste titre comme une des plus belles pages de notre histoire militaire.

Et, comme conséquence, Jaurès avait prévu que cette guerre de masse et de durée pourrait déborder de la tactique napoléonienne de deux manières : d’abord par ces masses auprès desquelles les armées de Napoléon paraîtront aussi réduites que dans le temps de la Révolution et de l’empire les armées de Louis XIV ; ensuite parce que les paÿs engageant maintenant dans la guerre toute leur destinée, leur fortune et la fleur de leur jeunesse ne laisseront pas le sort de la guerre se régler en quelques batailles; que peut-être il faudra défendre pied à pied le territoire et qu’alors les coups de butoir de la stratégie napoléonienne n’y suffiront pas et qu’il conviendra d’aller chercher dans l’histoire des méthodes plus prudentes et plus tenaces.
Et lui, socialiste amoureux de l’histoire de France, pour l’édification de ces officiers auxquels il aurait aimé pouvoir s’adresser en pleine sympathie, il allait demander des enseignements à l’histoire des guerres du grand siècle, aux campagnes de Turenne et de Condé. Il relisait la campagne d’Alsace de Turenne, ce beau drame de pensée et de volonté, qui toujours, disait t-il, lui faisait battre le cœur. Il y voyait une stratégie qui, sans dédaigner le mouvement et les coups d’audace, savait cependant s’accrocher au terrain, utiliser les lignes de rivière, faire une guerre de position. Il allait demander à la grande âme de Vauban de quoi s’affermir contre cette espèce de folie de destrucytion qui nous faisait renoncer à nos forteresses, qui, dans les années qui précédèrent la guerre, nous firent dégarnir nos frontières du Nord, déclasser ou abandonner Maubeuge, Hirson, Condé etc, dédaigner cette ligne fortifiée de l’ancienne monarchie, où la France de 1793 avait trouvé son abri, où la France de 1914 n’a pu opposer que les poitrines des territoriaux et des réservistes du général Valabrègue.
Comme l’a dit Messimy : « Jaurès avait prévu avec une précision divinatrice, tout ce qui fait l’essentiel de la guerre moderne».

Duc de Raguse

Citer :
concernant la connaissance que les français avaient des préparatifs militaires allemands


Il n'en n'est nullement question dans cet extrait ! (nous faisions référence au plan Schlieffen sur l'autre sujet...)

Citer :
des extraits de la plaidoireie de Paul Boncour au moment du procès de l'assassin de Jaurès :


Je vous le répète : cela n'a rien à voir avec notre propos et vous auriez été bien plus avisé de le poster à la suite de l'autre sujet, que l'on y comprenne quelque chose !
Par ailleurs, l'angle d'approche est diamètralement différent : ici cette plaidoierie tente de réhabiliter Jaurès et de ne pas le faire passer pour un anti-patriote au moment du procès de son assassin.
C'est un témoignage judiciaire, de 1919, d'une personne qui n'est pas un expert militaire à ce que je sâche !

Or, notre discussion portait sur l'opportunité de la loi des 3 ans en 1913 et le fait qu'elle avait entrainé la guerre (c'est vous qui le souteniez... ) de 1914-1918
Ce à quoi je vous répondais que l'année précédente l'Allemagne, au Reichstag, avait augmenté les effectifs de son armée et que la loi des 3 ans était une réponse à la course aux armements que se livraient l'Autriche et l'Allemagne...
Jaurès n'avait rien à voir là-dedans...

Quant aux cas des armées françaises et allemandes, sâchez qu'elles sont toutes les deux des armées de conscription et qu'elles fonctionnent sur le même postulat : la Nation en armes appellée à défendre le territoire. Il n'y a aucune différence là-dessus. Ce sont les expériences de la Révolution et de l'Empire, théorisées par Clausewitz, qui ont conduit les Etats européens à baser leurs armées sur la conscription obligatoire des hommes. (encore que la France l'avait abandonné en avant 1870...)
Autre chose : la France possède en 1914 environ 40 millions d'habitants contre plus de 65 millions en Allemagne. Aucune loi militaire ne pourrait changer un tel avantage...
Dernier point : la mobilisation a été de 8,5 millions de combattants pendant le conflit pour la France contre 12 millions pour l'Allemagne, ce qui n'est pas mal pour un tel écart initial.
Mais, il est vrai que votre plaideur ne pouvait connaître ces chiffres, on excusera donc son ignorance et ses étranges affirmations !

JEAN VALJEAN

Citer :
Il n'en n'est nullement question dans cet extrait ! (nous faisions référence au plan Schlieffen sur l'autre sujet...)


C'était vous qui faisiez référence au plan Schlieffen. Moi, je faisais référence à cette plaidoierie, qui évoque bien l'interprétation des lois militires du Reichstag par l'Etat-Major français.

C'est vous qui m'avez dit de lancer un autre fil sur la conception militaire de Jaurès.

Je n'ai jamais dit que la loi des 3 ans était une des causes de la guerre. Je parlais de la diplomatie française, ce qui est différent. J'ai, en revanche, dit que c'était une mauvaise préparation à la guerre, ce qui résulte, il me semble, de la plaidoierie de Paul Boncour.

Par contre, il me semble que cette plaidoierie remet en cause pas mal de choses que vous avez dites à propos de Jaurès sur l'autre fil. Contrairement à ce que vous avez dit, Jaurès ne s'est jamais illusionné sur l'Allemagne. Il avait bien conscience que des choix autres que l'alliance russe et la politique coloniale ne feraient que diminuer le risque de guerre et qu'il faudrait, de toute manière, réorganiser notre défense pour faire face aux risques d'attaque allemande.

Par contre, j'aimerais bien savoir les erreurs que fait, à votre avis, Paul Boncour

Duc de Raguse

Effectivement, je me suis trompé. Votre post disait ceci :

Citer :
Bornons nous à dire que le plan Schlieffen et la loi des 3 ans étaient également inadaptés aux réalités militaires d'une guerre qui a duré 4 ans et fait des millions de morts...


Ce que je repproche à l'utilisation de ce témoignage au procès de l'assassin de Jaurès et qu'il se déroule bien après les faits en question, c'est à dire en 1919. Il est facile de dire que les stratégies des Etats-majors européens ne répondaient pas aux exigences d'une guerre de nouveau type, que personne ne pouvait prévoir.
Ce que vous faites est de l'anachronisme, tout comme Boncour. Il ne peut prétendre que Jaurès avait dit que cette guerre serait la première guerre totale de l'histoire, tout simplement car il l'ignorait.

Citer :
Contrairement à ce que vous avez dit, Jaurès ne s'est jamais illusionné sur l'Allemagne.

C'est vrai, il a décidé de tout simplement lâcher l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne une bonne fois pour toute en 1903 en prononçant ces mots à la Chambre :
« La France ne doit pas s’hypnotiser dans l’attente d’une revanche dont personne ne veut, dont personne n’a jamais voulu ».

Citer :
Il avait bien conscience que des choix autres que l'alliance russe et la politique coloniale ne feraient que diminuer le risque de guerre et qu'il faudrait, de toute manière, réorganiser notre défense pour faire face aux risques d'attaque allemande.


Il se justifiait surtout en 1913 lorsqu'il publia son Armée nouvelle après les campagnes de presse dont il fut victime pour avoir soutenu la position de son ami Gustave Hervé d'aller "planter le drapeau français dans le fumier !".

Citer :
j'aimerais bien savoir les erreurs que fait, à votre avis, Paul Boncour


Il parle a posteriori ce qui est très facile et Jaurès n'est plus là pour expliquer ce qu'il souhaitait dire. Il déclare interpréter sa pensée, mais rien ne peut le confirmer. Cela ressemble aux prédictions de Nostradamus interprétées après le déroulement de certains faits...

Il semble aussi opposer le mode de recrutement de l'armée française et de l'armée allemande, alors qu'elles sont à peu de choses prêtes, les mêmes, à savoir la conscription.
Et puis quoi ? Jaurès s'est battu depuis 1904 pour que le service militaire passe de 3 ans à 2 ans car "nous n'avions rien à craindre de l'Allemagne". C'est lui, l'un des principaux soutiens du bloc des gauches qui abroge la loi et n'a de cesse de défendre cet "acquis", dont une éventuelle modification serait synonyme d'une déclaration de guerre à l'Allemagne...
En attendant, l'Allemagne arme massivement sa marine - depuis l'énorme projet de Tirplitz en 1898 - et son armée de terre.
Si la seule solution que les députés aient trouvé, en 1911, fut de porter à nouveau le service à 3 ans, c'est parcequ'il n'osèrent demander plus devant l'opposition des socialistes.

JEAN VALJEAN


Citer :
Ce que vous faites est de l'anachronisme, tout comme Boncour. Il ne peut prétendre que Jaurès avait dit que cette guerre serait la première guerre totale de l'histoire, tout simplement car il l'ignorait.


Voici la définition du concept de "guerre totale" que j'ai trouvé sur le site internet : http://www.hist-geo.com/Glossaire/Guerre-Totale.php

Une guerre totale est un conflit dont les conséquences et les implications ne se limitent pas aux champs de batailles mais touchent l'ensemble des sociétés des pays mobilisés.

Cette définition est un bon préalable pour savoir si la description que Jaurès fait de la guerre future correspond bien au concept de guerre totale. Voici donc, à ce sujet, un extrait de son article intitulé : L'odeur de ce charnier, publié dans La dépêche de Toulouse, le 25 Novembre 1912 :

Les événements des Balkans donnent une idée de ce que serait la guerre universelle. Dans une guerre qui a duré à peine un mois, un tiers de l'effectif des armées a été détruit. Cent cinquante mille hommes sur cinq cent mille ont été mis hors de combat. C'est une proportion sans précédent dans les guerres modernes. C'est la reproduction, en période civilisée, de ces grandes destructions des temps barbares où des armées entières, où des peuples entiers disparaissaient[...] Et la famine menace maintenant le peuple bulgare. Il s'est donné tout entier. Il a mis en mouvement tous ses hommes, jeunes et vieux[...] Et l'odeur de ce charnier commence à se répandre sur l'Europe, et l'Europe se dit : Si tels ont été les désastres de la guerre des Balkans avec un conflit limité, avec un chiffre de cinq cent mille combattants, avec des peuples essentiellement agricoles où la vie économique se détraque moins aisément, que sera-ce quand des millions et des millions d'hommes, à l'Ouest et à l'Est de l'Europe, s'entasseront, se heurteront, et quand le mécanisme prodigieux et délicats des civilisations industrielles capitalistes et banquières sera arrêté, brisé ou faussé par une commotion formidable ? Il y aura dans les choses une sauvagerie qui se communiquera aux hommes

Si on compare ce texte à la définition que je viens de citer, on peut dire que la guerre que décrit Jaurès a toutes les caractéristiques d'une guerre totale.

JEAN VALJEAN

Citer :
C'est vrai, il a décidé de tout simplement lâcher l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne une bonne fois pour toute en 1903 en prononçant ces mots à la Chambre :
« La France ne doit pas s’hypnotiser dans l’attente d’une revanche dont personne ne veut, dont personne n’a jamais voulu ».


Eh bien, vous vous trompez encore une fois car d'autres extraits de la plaidoierie de Paul Boncour prouvent que son pacifisme n'a jamais été un abandon de l'Alsace-Lorraine. De 1887 à 1914, il a parlé de l'Alsace-Lorraine. Il disait, et ce sont ces propres termes, qu'on ne pourrait pas détruire le militarisme en lui laissant son dernier trophée.

En socialiste, défenseur de la Commune, Jaurès a toujours refusé d'admettre la légitimité du traité de paix de 1871 et de la politique de Thiers.

Dans ses ouvrages historiques sur la Révolution et le dix-neuvième siècle, il est plus proche de Robespierre, de Michelet, d'Hugo ou de Louis Blanc que des signataires de la paix capitularde face à l'Allemagne.

En tant que socialiste, il était bien placé pour ne pas apprécier Bismarck, l'homme qui avait tenté d'écraser la social-démocratie allemande et il savait bien que l'Allemagne de Guillaume II était un Etat autoritaire. Au Congrès d'Amsterdam, en 1904, il reproche ouvertement aux socialistes allemands leur impuissance face au Kaïser.

En un mot, de l'Histoire socialiste de la Révolution Française à l'Armée nouvelle en passant par l'Histoire socialiste de la guerre franco-prussienne, il se situe dans la logique du patriotisme jacobin.

Simplement, le fait d'être hostile à la paix, en 1871, parce qu'on sait que cette paix crée une situation lourde de conflits à venir, n'implique pas du tout que, une fois la paix revenue, on soit favorable à une nouvelle guerre. On peut dénoncer une paix qui contient une capitulation du droit et, une fois cette paix signée, préconiser une restauration du droit par des moyens autres que la guerre.

Car là est la différence entre Jaurès et les nationalistes de son époque. Il n'abandonne jamais l'idée de l'Alsace-Lorraine. il pense que la question des nationalités pourra trouver une solution juste dans le cadre d'une démocratisation des régimes autoritaires (Allemagne, Autriche, Russie) par une voie révolutionnaire ou par une voie réformiste.

Il n'abandonne jamais l'Alsace-Lorraine mais il ne préconise pas la revanche et il préconise moins une alliance russe qui a fait dévier la France d'une diplomatie républicaine dont les principes avaient été définis par Victor Hugo lorsqu'il avait dit dans son discours d'opposition au traité de paix de 1871 : La France aura pour elle la clientèle des races opprimées

Contrairement à Gustave Hervé, Jaurès est pacifiste mais patriote. Jamais, il n'accepte que la France puisse être attaquée. Mieux, jamais il ne fait une croix sur l'Alsace-Lorraine. Mais il est vrai que les nationalistes ont pu d'autant mieux confondre les positions de Jaurès avec celle de Gustave Hervé que Jaurès avait des raisons précises de maintenir des relations avec Gustave Hervé.

Le socialisme français était divisé. On distingue habituellement la tendance jauréssienne de la tendance guesdiste mais il faut leur ajouter le syndicalisme révolutionnaire avec Gustave Hervé.

Jaurès ne pouvait pas ignorer ses divisions mais il voulait l'unité. Il la voulait afin que le parti socialiste puisse arriver au pouvoir.

D'où les deux exigences contradictoires de n'avoir aucun ennemi à gauche tout en ne cédant rien à l'extrême-gauche sur le fond.

Il y avait des opposiions entre Jaurès et les différents courants de gauche du parti sur la Révolution Française, la République, les droits de l'homme, la réforme, la question de la grêve générale et l'attitude à adopter par rapport à l'idée nationale. Jaurès a toujours défendu un socialisme républicain et patriotique irant sa source au moins autant dans la Révolution Française qaue dans le marxisme. Mais les adeptes du syndicalisme révolutionnaire, antipatriote, avaient une importante clientèle ouvrière et Jaurès ne voulait pas que la SFIO se coupe du prolétariat.

En fin de compte, s'il a fait le choix de l'unité avec les guesdistes en 1905 et, plus tard, celui d'un soutien nuancé à la CGT malgré son syndicalisme révolutionnaire, c'est parce qu'il a parfaitement compris que, au delà, des affrontements idéologiques au sommet, le socialisme français d'avant 1914 est profondément réformiste, patriote et républicain. Il le prouvera d'ailleurs en participant à l'Union Sacrée en 1914. Et au cas où vous me contestez, je vous renvoie à Madeleine Rébérioux, dont vous ne pourrez pas nier la qualité de grande historienne.

Duc de Raguse

Citer :
Eh bien, vous vous trompez encore une fois car d'autres extraits de la plaidoierie de Paul Boncour prouvent que son pacifisme n'a jamais été un abandon de l'Alsace-Lorraine.


Non, je ne me trompe pas ! Avez-vous lu ma citation de son discours à la chambre ? Est-ce moi qui l'invente ?

Citer :
Au Congrès d'Amsterdam, en 1904, il reproche ouvertement aux socialistes allemands leur impuissance face au Kaïser.


La SPD n'est pas impuissante, elle soutient la politique de Guillaume II, pendant que lui prêche la grève générale si une guerre éclate.
Et vous dites après qu'il voulait le retour de l'Alsace-Lorraine à la France ?
Qui plus est, il s'est fait "taper" sur les doigts au congrès d'Amsterdam par ses camarades socialistes du B.S.I.
Le représentant des Socialistes Révolutionnaires russes, Roubanovitch, déclare au sujet de Jaurès "qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même" au regard des relations internationales et du socialisme européen actuels.

Citer :
il pense que la question des nationalités pourra trouver une solution juste dans le cadre d'une démocratisation des régimes autoritaires (Allemagne, Autriche, Russie) par une voie révolutionnaire ou par une voie réformiste.


Il fait de l'utopie sa politique... Jamais, sans les conséquences de la guerre, ces régimes ne se seraient "démocratisés" et rien ne nous dit que les Allemands auraient rendu l'Alsace-Lorraine pour autant.

Citer :
il préconise moins une alliance russe qui a fait dévier la France d'une diplomatie républicaine

Il a surtout changé d'avis en permanence à ce sujet... En 1893, il y est favorable, réservé en 1895 et franchemement hostile en 1898.
La suite des événements lui a donné tort ! Sans la Russie, la France aurait été vaincue dans les premiers jours de septembre.

Citer :
Une guerre totale est un conflit dont les conséquences et les implications ne se limitent pas aux champs de batailles mais touchent l'ensemble des sociétés des pays mobilisés.


Une définition succinte du concept de "guerre totale", pris au sens strict.
On pourrait y ajouter : qui mobilise tous les secteurs de l'économie, la recherche scientifique, l'épargne individuelle, usitant d'un pouvoir politique fort.

Citer :
Si on compare ce texte à la définition que je viens de citer, on peut dire que la guerre que décrit Jaurès a toutes les caractéristiques d'une guerre totale.


Non et pour plusieurs raisons :
- L'aspect temporel limité du conflit des petits Etats balkaniques.
- L'impossible fusion de tous les acteurs de la société dans l'effort de guerre (et non, seulement, dans l'armée à proprement parler)
- La faiblesse technologique, scientifique et financière de ces Etats.

Il se pose, certes, des questions quant aux risques de ce type de guerre appliqué à des puissances comme la France ou l'Allemagne, mais il ne définit clairement nulle part ce qu'est la guerre totale.
Il parle plutôt de "sauvagerie" et de "barbarisme". Ce n'est pas cela la guerre totale...

Duc de Raguse

Citer :
Jaurès ne pouvait pas ignorer ses divisions mais il voulait l'unité.


Vous écrivez à nouveau n'importe quoi !!!
Jaurès n'a jamais voulu l'unité du socialisme en France ! C'est le congrès d'Amsterdam de 1904 qui a imposé l'unité à Jaurès et aux socialistes français. Jaurès ne le voulait pas, car il savait qu'idéologiquement les thèses de Guesde seraient majoritaires dans la nouvelle SFIO.


Citer :
Jaurès a toujours défendu un socialisme républicain et patriotique


Faux. Dans les colonnes de L'Humanité, il offre une tribune à Hervé et soutient activement ses thèses antimilitatistes et antiparlementaristes.
De même lorsqu'il appelle à une grève générale en cas de guerre, vous trouvez vraiment qu'il est patriote ? Vous devez avoir des problèmes de compréhension de ce terme...

JEAN VALJEAN

Citer :
Non, je ne me trompe pas ! Avez-vous lu ma citation de son discours à la chambre ? Est-ce moi qui l'invente ?


Cette citation confirme ce que je dis : il n'est pas favorable à la revanche, ce qui ne signifie pas qu'il entérine l'annexion de l'Alsace-Lorraine.

Citer :
La SPD n'est pas impuissante, elle soutient la politique de Guillaume II, pendant que lui prêche la grève générale si une guerre éclate.

Il ne préconise qu'une grêve générale simultanée de tous les prolétaires d'Europe. Dans le cas contraire, il préconise la collaboration du prolétariat à la défense nationale car il est patriote. Et l'ensemble de ses écrits montre qu'il avait bien conscience des énormes difficultés d'une grêve générale et qu'une révision des diplomaties était un moyen plus réaliste d'empêcher la guerre.

Citer :
Il fait de l'utopie sa politique... Jamais, sans les conséquences de la guerre, ces régimes ne se seraient "démocratisés" et rien ne nous dit que les Allemands auraient rendu l'Alsace-Lorraine pour autant.

La Russie a été très près de se démocratiser en 1905.


Citer :
Il a surtout changé d'avis en permanence à ce sujet... En 1893, il y est favorable, réservé en 1895 et franchemement hostile en 1898.
La suite des événements lui a donné tort ! Sans la Russie, la France aurait été vaincue dans les premiers jours de septembre.

Sans la Russie, la France n'aurait peut-être pas été amenée à faire la guerre

JEAN VALJEAN

Citer :
Vous écrivez à nouveau n'importe quoi !!!
Jaurès n'a jamais voulu l'unité du socialisme en France ! C'est le congrès d'Amsterdam de 1904 qui a imposé l'unité à Jaurès et aux socialistes français. Jaurès ne le voulait pas, car il savait qu'idéologiquement les thèses de Guesde seraient majoritaires dans la nouvelle SFIO.
Jaurès s'est battu pour l'unité dés 1898 et c'est ce qui ressort des tomes 6 et 7 des Oeuvres de Jean Jaurès, en cours de publication. L'idée de l'unité socialiste progresse d'un mouvement continu, écrit t-il dans La Petite République, le 3 Octobre 1898, par exemple. Ensuite, il y a juste eu des hauts et des bas dans son combat pour l'unité. Il n'avait pas peur de l'unité avec les guesdistes car il n'ignorait rien de la contradiction, chez eux, entre un discours révolutionnaire et une pratique réformiste. Et Jaurès avait donc compris que, au sein d'un parti socialiste unifié, le discours serait guesdiste mais la politique serait jauréssienne.

Citer :
Faux. Dans les colonnes de L'Humanité, il offre une tribune à Hervé et soutient activement ses thèses antimilitatistes et antiparlementaristes.
De même lorsqu'il appelle à une grève générale en cas de guerre, vous trouvez vraiment qu'il est patriote ? Vous devez avoir des problèmes de compréhension de ce terme...

Il me semble que j'ai déjà répondu à cette accusation.

Duc de Raguse

Citer :
Cette citation confirme ce que je dis : il n'est pas favorable à la revanche, ce qui ne signifie pas qu'il entérine l'annexion de l'Alsace-Lorraine.

Comment faire alors puisque la voie pacifique est impossible ?

Citer :
Il ne préconise qu'une grêve générale simultanée de tous les prolétaires d'Europe.

Biensûr que oui !
Dans l'Humanité du 22 novembre 1904, il écrit :
"La France ne doit pas se cacher du risque d'une guerre dans laquelle son alliée russe pourrait l'y conduire. [...] La guerre n'est pas acceptable avec qui que ce soit et le premier devoir des prolétaires français, serait d'y répondre par une mobilisation sans précédents pour contraindre le gouvernement français à se raviser. [...] Comme le déclarait Lucien Herr [...], le meilleur moyen serait la grève générale, révélatrice de l'hostilité du prolétariat français à tout type de conflit avec ses camarades..."
Vous pensez que ce sont les propos d'un patriote ?

Citer :
La Russie a été très près de se démocratiser en 1905.

C'est l'Allemagne qui possède l'Alsace-Lorraine pas la Russie !
Vous restez bien silencieux sur le fait qu'un régime démocratique en Allemagne ne signifierait pas forcément une restitution de ces provinces à la France...

Citer :
Sans la Russie, la France n'aurait peut-être pas été amenée à faire la guerre

Pouvez-vous nous rappeller qui déclare la guerre le 2 août 1914 à la France ? La Russie ou l'Allemagne ? 8O

Citer :
Jaurès s'est battu pour l'unité dés 1898 c'est ce qui ressort des tomes 6 et 7 des Oeuvres de Jean Jaurès


Pourriez-vous nous expliquer pourquoi c'est le congrès d'Amsterdam qui a forcé les socialistes à s'unir et pourquoi en 1902 Jaurès fonde le parti socialiste de France, énième chapelle dans la nébuleuse socialiste ?

Citer :
Il me semble que j'ai déjà répondu à cette accusation.


Non, car vous niez que Jaurès pensait comme Hervé, or il n'en est pas loin...

JEAN VALJEAN

Citer :
Comment faire alors puisque la voie pacifique est impossible ?


Pour Jaurès, la voie pacifique n'était pas impossible. Il espérait que les progrès du socialisme allemand permettraient une démocratisation de l'Allemagne par une voie réformiste ou par une voie révolutionnaire. Or, d'après Jaurès, les socialistes allemands s'étaient opposés à l'annexion de l'Alsace-Lorraine

Citer :
Biensûr que oui !
Dans l'Humanité du 22 novembre 1904, il écrit :
"La France ne doit pas se cacher du risque d'une guerre dans laquelle son alliée russe pourrait l'y conduire. [...] La guerre n'est pas acceptable avec qui que ce soit et le premier devoir des prolétaires français, serait d'y répondre par une mobilisation sans précédents pour contraindre le gouvernement français à se raviser. [...] Comme le déclarait Lucien Herr [...], le meilleur moyen serait la grève générale, révélatrice de l'hostilité du prolétariat français à tout type de conflit avec ses camarades..."
Vous pensez que ce sont les propos d'un patriote ?


Vous avez raison de me reprendre. Je rectifie donc ma pensée. Il préconise une grêve générale de tous les prolétaires d'Europe, ou, le cas échéant, une grêve générale des prolétaires des paÿs agresseurs. Merci pour cette citation que je ne connaissais pas et voici comment je l'interprète : il s'agit du cas où la diplomatie russe pousserait la France à entrer en guerre à ses côtés (et non pas à être attaquée). La France, dans ce cas, fait bien partie des paÿs agresseurs. Dans ce cas, et dans ce cas là seulement, la grêve générale pourrait ne pas être internationale.

Citer :
Pouvez-vous nous rappeller qui déclare la guerre le 2 août 1914 à la France ? La Russie ou l'Allemagne ?

Pouvez-vous me rappeler qui avait auparavant déclaré la guerre à l'Allemagne ? Même si l'Allemagne a tout fait pour pousser à bout la Russie, celle-ci gardait en fin de compte la possibilité de ne pas déclarer la guerre.

Citer :
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi c'est le congrès d'Amsterdam qui a forcé les socialistes à s'unir et pourquoi en 1902 Jaurès fonde le parti socialiste de France, énième chapelle dans la nébuleuse socialiste ?

Jaurès voulait l'unité mais il ne la voulait pas dans les conditions imposées par le Congrès d'Amsterdam.

Le Parti Socialiste de France n'était pas une énième chapelle puisque, à ce moment là, il n'y en avait plus que deux : celle de Guesde et celle de Jaurès. Le PS de F de Jaurès est une réponse à la création du PSF de Guesde, qui lui est antérieure A ce moment là, l'unité est impossible car le parti de Jaurès est l'un des principaux soutiens du gouvernement d'Emile Combes alors que les guesdistes s'y opposent (au moins au niveau du discours). Entre 1899 et 1905, tiraillé entre l'unité socialiste et ce qui lui semblait être la défense de la République, Jaurès a opté pour le second choix sans jamais pour autant abandonner tout à fait l'idée de l'unité socialiste. Péguy écrivait de lui aucun socialiste n'a comme lui la passion de l'unité et, au congrès de la salle Japy, en 1900, Lucien Herr avait poussé la logique unitaire jusqu'à proposer la censure de toute critique entre les différentes organisations socialistes.

Duc de Raguse

Citer :
Pouvez-vous me rappeler qui avait auparavant déclaré la guerre à l'Allemagne ?

Personne... :roll:
C'est l'Allemagne qui déclare la guerre à la Russie, comme à la France !


Citer :
il s'agit du cas où la diplomatie russe pousserait la France à entrer en guerre à ses côtés

Non, dommage que j'ai ôté une partie de la phrase... Il ne fait pas de distinction, dans cet article, entre le fait que la France soit agressée ou agresse.

Citer :
Pour Jaurès, la voie pacifique n'était pas impossible.


Certes, mais il était le seul en Europe à y croire.
La SPD n'a jamais déclarer vouloir rendre l'Alsace-Lorraine à la France si elle était au pouvoir.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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