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Tout le monde c'est l'ensemble de la population.
L'ensemble de la population ? Allons donc, soyons sérieux !
Nous sommes au milieu des années 1890 et une grande partie de la population française est encore enclavée dans des campagnes isolées des centres urbains, ne disposant que d'une information tronquée et différée.
Par ailleurs, la majorité des Français ne comprend pas les subtilités d'une affaire judiciaire et s'en tient souvent à un verdict de tribunal, même s'il est injuste.
Quant à la presse d'opinion parisienne - recopiée par ses confrères provinciaux -, seule une élite en est la lectrice.
J'ai peur en vous lisant que vous oubliez de recontextualiser l'Affaire dans les carcans sociaux de son époque.
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A partir de l'été 1898, plus personne ne met en doute la culpabilité et la noirceur du personnage.
Hum... je pourrais vous citer des extraits de
l'Autorité ou de
l'Action française pour vous montrer que l'unanimité n'est pas si importante que vous le dites, il en va de même pour les députés de droite et d'extrême-droite - comme G. Syveton ou Cassagnac - de la Chambre et la grande majorité du Conseil municipal de Paris.
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La presse était majoritairement antidreyfusarde
Encore une fois, je pense que vous faîtes fausse route...
La presse d'opinion est majoritairement dreyfusarde à ce moment.
Le Figaro est le premier quotidien à soutenir le capitaine - alors que
l'Aurore n'existe pas encore...
-, avant sa mise en neutralité imposée par la fuite d'une grande partie de son lectorat conservateur.
Le Temps est plus ou moins neutre - proche du pouvoir et suivant la ligne de conduite fixée par Adrien Hébrard -, mais certainement pas antidreyfusard.
La Lanterne, où écrivent la majorité des socialistes - et qui est très populaire et lu à Paris - est nettement dreyfusarde, tout comme
le Socialiste .
Les soutiens au capitaine dépassent donc le clivage gauche/droite qu'on a trop souvent voulu calquer à l'Affaire.
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Chez moi, ce que vous décrivez s'appelle un complot. Certes restreint aux militaires
S'il ne s'agit que des militaires, vous ne pouvez affirmer ce que vous affirmiez au début du fil, où vous écriviez :
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Mais le complot militaro-politique
Or, par définition la notion de complot, sous-entend une entente préalable des conjurés pour aboutir à leurs fins. Nulle part dans cette affaire, il n'y a de preuve d'une entente initiale - c'est-à-dire dès 1894 ! - quelconque entre les acteurs antidreyfusards, qui souvent ne se connaissaient même pas et vous l'admettez vous-même :
Citer :
Certes restreint aux militaires
Citer :
Comment expliquer qu'une Cour civile et une autre militaire jugent contre le droit sur le même sujet à quelques mois d'intervalle ?
Pourquoi utilisez-vous l'expression "contre le droit" ? Qu'entendez-vous par là ?
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J'ai déjà cité L'Affaire, de Bredin, qui est une référence reconnue.
Il y a aussi L'affaire sans Dreyfus de Marcel Thomas, qui démontre bien la collusion, mais sans user du terme de crime judiciaire.
Enfin, Vincent Duclert dans sa biographie d'Alfred Dreyfus y va très fort avec un chapitre VII titré : Un crime d'Etat , de 65 pages, avec des sous titres comme : L'arme de la conspiration à propos du dossier secret constitué pendant l'instruction.
Merci pour vos sources et pour me rappeller de l'ouvrage de Bredin, nulle part il n'y fait allusion à un "complot" politico-judiciaire dès 1894...
En 1898 c'est autre chose - c'est aussi une des raisons qui explique la naissance du parti et du journal de
l'Action française : les oppositions se cristallisent et se politisent de plus en plus... -, mais auparavant, c'est improbable.
Bien à vous,
duc de Raguse.
Bien à vous