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Message Publié : 21 Oct 2020 15:11 
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Polybe
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Après avoir analysé,

- les relations diplomatiques entre l'Angleterre et Allemagne de 1870 à1914
- puis l'antagonisme insurmontable entre la France et l'Allemagne

viewtopic.php?f=45&t=42148

viewtopic.php?f=45&t=42159

Je vais répondre à la question de savoir si l'engrenage fatale des alliances (Triple alliance vs Triple entente) a t'il conduit à la guerre ?

La reproduction dans les ouvrages historiques d’une Europe partagée entre 2 blocs. Retrouvons ci-dessous, une reproduction classique de l’Europe partagée en 2 blocs :

Triple alliance : Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie
Triple entente : France, Angleterre et Russie

Image

Cette situation classique a imposé l’idée de l’opposition de 2 blocs dont les liens auraient été si solides que la guerre devenait inévitable au moindre incident. Ainsi, les responsables de l’époque n’auraient pas eu les moyens d’échapper à un système qu’ils ne maitrisaient plus. Il convient de rappeler que l’enchainement des évènements vécus en Juillet 1914 doit davantage aux décisions et indécisions des gouvernements qu’aux conséquences supposées inévitable des accords conclus en amont.

1. La Triple alliance

Née en 1882, la triple alliance des puissances centrales repose sur une illusion et une double ambiguïté.

Pour l’Allemagne

il s’agit d’éviter un isolement complet au centre du continent. L’alliance avec Vienne est comprise comme une assurance à l’égard de la Russie et de la menace d’une guerre sur 2 fronts.

Pour l’Autriche-Hongrie

Cet accord avec Berlin doit conforter la place de grande puissance de l’empire et faciliter la réalisation des ambitions de la Double-Monarchie dans les Balkans.

Pour l’Italie,

Il s’agit d’un moyen de se positionner dans le concert des nations, en particulier après l’installation du protectorat français sur la Tunisie.
Il s’agit essentiellement d’une coalition par défaut dont l’Allemagne est l’acteur essentiel, 2 des 3 protagonistes n’ayant pas réglé au préalable leurs différends territoriaux. L’Italie espère toujours récupérer au détriment de « l’allié » austro-hongrois les « terres irrédentes » que sont le Trentin, l’Istrie et Trieste.

La Triplice doit donc gérer en son sein les difficiles rapports entre Rome et Vienne avant d’envisager une position commune. . Si le traité a pu être renouvelé régulièrement renouvelé entre 1887 et 1912, cela tient essentiellement aux concessions diplomatiques ou aux avantages économiques accordés par Berlin à l’Italie.

En définitive, cette alliance est profondément déséquilibrée. Seule l’Allemagne poussant à son renforcement.

2. Une triple entente bien imparfaite

La triple entente ne vaut guère mieux au premier semestre 1914 et n’est au mieux qu’une formule journalistique. Elle repose sur des accords bilatéraux de natures très différentes.

Entre la France et la Russie

Depuis la fin du XIXème siècle, la république française et l’empire autocratique des tsars se sont régulièrement rapprochés. La France participe au développement économique de la Russie, à son équipement industriel et ferroviaire puis à la refonte de son armée humiliée par les japonais en 1905. La France poursuit un seul objectif : maintenir Saint-Pétersbourg dans l’alliance française pour menacer l’Allemagne sur 2 fronts.

Entre la France et L’Angleterre

Parallèlement, les relations entre Paris et Londres ont été pacifiés depuis la crise de Fachoda et en 1904, le règlement des différends coloniaux (Troc Maroc-Egypte) a donné naissance à l’entente cordiale.
Mais ces conventions bilatérales n’abordent pas la question d’une éventuelle guerre européenne et le Royaume-Uni n’a aucune obligation d’intervenir sur le continent. Les britanniques sont davantage préoccupés par la question irlandaise ou les problèmes des Indes que par la question serbe, d’autant que l’assassinat de l’archiduc héritier et de son épouse suscite une unanime réprobation et une réelle hostilité envers la Serbie.
Entre l’Angleterre et la Russie

A partir de 1907, les oppositions entre l’empire Russe et Anglais en Asie centrale semblent s’apaiser mais il s’agit plus d’une relation apaisée que d’une alliance au sens classique du terme.

- Au début du mois d’Avril 1914, Nicolas II propose à l’ambassadeur du Royaume Uni Sir George Buchanan l’établissement d’un traité d’alliance entre la Grande-Bretagne et la Russie. Or le représentant de Londres fait au tsar la seule réponse que son gouvernement lui autorise : il refuse. L’Angleterre ne saurait se lier à une alliance continentale. Les rapports entre Londres et Saint-Pétersbourg ressemblent donc à une neutralité positive.
Paris tient entre ses 2 alliés (Angleterre et Russie) le même rôle que Berlin avec les siens (Italie et Autriche-Hongrie). La France ne peut pas (et ne veut pas) prendre le risque de se retrouver seule face à l’Allemagne et s’efforce de consolider les liens tenus qui existent entre ses 2 alliés.

Conclusion : Les alliances entre les 2 coalitions n’étaient pas aussi solides qu’on le pense. Elles étaient mêmes tenues. On ne peut donc affirmer qu’elles aient entrainé un engrenage rendant la première guerre mondiale inévitable.


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Message Publié : 21 Oct 2020 16:25 
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Je me suis souvent demandé si l'Angleterre serait intervenue sans l'invasion de la Belgique. Napoléon aurait dit qu'Anvers était un pistolet braqué sur le coeur de l'Angleterre.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 21 Oct 2020 16:32 
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isac654 a écrit :

Conclusion : Les alliances entre les 2 coalitions n’étaient pas aussi solides qu’on le pense. Elles étaient mêmes tenues. On ne peut donc affirmer qu’elles aient entrainé un engrenage rendant la première guerre mondiale inévitable.

Je ne suis pas convaincu.

Quand l'Allemagne donne des assurances à l'Autriche qu'elle l'appuiera, elle joue un rôle de pousse-au-crime, avec cet ultimatum impossible à la Serbie.

Le second responsable est Nicolas II, qui se lance dans la guerre avec une légèreté folle, sachant l'état politique de son pays, pas remis de la révolution de 1905. Autant se passer la corde au cou, d'ailleurs il en est mort.

Mais on ne sache pas que la France ait cherché à le modérer, ce qui plaiderait plutôt pour une solidarité aveugle.

Seule effectivement l'Angleterre ne se sentait liée par rien, ce qui a donné des vapeurs d'angoisse à l'ambassadeur français et à son attaché militaire. (Le colonel Huguet ? J'ai oublié.) Elle n'a pas bougé sur la déclaration de guerre à la France et à la Russie, c'est l'entrée des troupes allemandes en Belgique qui a fait basculer d'un coup les politiques londoniens : casus belli indiscutable, pour eux.

Dans un précédent débat sur la question - peut-être sur ce même fil - Cush avait résumé cet enchaînement en posant la question :"Peut-on dire que l'Allemagne a proposé la guerre et que la France l'a acceptée ?" Ce qui n'est pas si mal vu, une fois qu'on a essayé de tout démêler...

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Message Publié : 21 Oct 2020 16:37 
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Grégoire de Tours
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isac654 a écrit :
Je vais répondre à la question de savoir si l'engrenage fatale des alliances (Triple alliance vs Triple entente) a t'il conduit à la guerre ?

Si c'est en ces termes, la réponse est plutôt non, puisque la Triplice n'a pas tenu. L'Italie a fait la guerre aux côtés de l'Entente contre son ex-"alliée" de la Triple Alliance: l'Autriche. Chaque allié choisit toujours en dernier ressort pour qui il choisit de faire la guerre ou bien pour lesquels "on a piscine" (cf histoires des retournements d'alliances, Munich, ...).

Pierma a écrit :
Cush avait résumé cet enchaînement en posant la question :"Peut-on dire que l'Allemagne a proposé la guerre et que la France l'a acceptée ?" Ce qui n'est pas si mal vu, une fois qu'on a essayé de tout démêler...

+1

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Message Publié : 21 Oct 2020 16:41 
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Je crois qu'il convient, en la matière, de se poser avant toute chose la question suivante : pourquoi l'Allemagne prend-elle l'initiative de déclarer la guerre à la France le 3 août 1914 ?...

Si j'essaie d'y répondre, je tombe rapidement sur l'alliance franco-russe, qui obligera la France à déclarer la guerre à l'Allemagne si l'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie, parce que la Russie a ou va déclarer la guerre à l'Autriche-Hongrie, qui a déclaré la guerre à la Serbie...

Si ce n'est pas de l'engrenage, c'est assez bien imité.


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Message Publié : 21 Oct 2020 17:17 
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Grégoire de Tours
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Pour l'intervention de l’Angleterre, il ne faut pas oublier que la politique anglaise consiste a éviter la création d'une grande puissance continentale. Une Allemagne semblant victorieuse contre la France et la Russie leur aurait donné des sueurs froides (d'autant plus que l'Allemagne se lance dans la création d'une puissante flotte). Je ne pense pas qu'ils seraient resté l'arme au pied bien longtemps, ils auraient au moins fournis un aide financière je pense.

Pour ce qui est de l'engrenage, c'est Fejto (je crois, il faudrait que je retrouve le livre) qui a une théorie intéressante. Il mentionne qu'il y a une énorme différence de professionnalisme entre les militaires et les ambassadeurs. Les militaires sortent tous d'école militaires avec un bagage théorique et pratique. Ils ont tous en tête les tables de mobilisations avec quels troupes seraient disponible quand et à quel endroit et quel serait l'impact d'un retard de mobilisation. Ils visualisent aussi un peu plus l'impact d'une guerre moderne qui serait totale (je dis bien un peu plus). De l'autre coté, il n'y a aucun cursus pour devenir ambassadeur. Il n'y a pas de formations, ils n'ont pas de notion militaires non plus. Ce sont bien souvent des politiques (mineur) qui prennent ce travail sans qu'il n'y ait aucun prérequis nécessaire.

On a ainsi une dichotomie entre des militaires qui sont modernes et des ambassadeurs qui sont encore dans le siècle précédent, un peu à la Talleyrand qui faisait toujours traîner ses réponses; Ainsi les deux cotés ne se comprennent pas; les ambassadeurs ne comprennent pas pourquoi les militaires sont dans l'urgence et les militaires ne comprennent pas pourquoi les ambassadeurs ne s'activent pas. Cet aspect explique en partie la course à la guerre. la diplomatie "n'arrivant pas à s'adapter au rythme moderne", la décision militaire devient prépondérante.

Un autre impacte du manque de professionnalisme des ambassadeurs est l'incompétence de certains. Je n'ai plus les détails en tête, mais Fejto mentionne des décisions prisent sans concertations de tous les acteurs ou des formulations qui ne sont pas vraiment soupesées, ce qui renforce la confusion.


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Message Publié : 21 Oct 2020 17:29 
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De fait les militaires français et plus encore allemands pensent tous qu'en cas de conflit une action rapide emportera la décision.
Du coup aucun Etat-Major ne joue la modération, bien au contraire.

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Message Publié : 21 Oct 2020 18:14 
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Certes, certes.
Mais il n'en reste pas moins que l'Allemagne n'a pas proposé la guerre à la France, qui ne l'a pas acceptée, comme je l'ai vu écrit dans un post précédent.
J'en reste donc à mon interrogation initiale : pourquoi l'Allemagne a-t-elle délibérément déclaré la guerre à la France, alors qu'elle n'y avait encore aucune obligation ?...


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Message Publié : 21 Oct 2020 19:26 
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Les allemands considéraient que la mobilisation générale c'est la guerre, car les pays ne peuvent rester indéfiniment avec d'énormes forces armées sur les bras.
D'ailleurs Guillaume II avait demandé à Nicolas II de ne surtout pas mobiliser sans quoi il lui avait dit qu'il se sentirait obligé de déclarer la guerre mais les russes étaient sous la pression des français.
Dans ses mémoires Joffre pour répondre à cela affirme que l'exemple de la Suisse qui à l'époque à mobilisé, montrait que cela ne rendait pas obligatoire de participer à une guerre.

La solution aurait de convoquer en urgence une conférence de paix, mais certains n'en ont pas voulu

Il y avait aussi le fait que les allemands sous-estimait grandement la France que beaucoup d'observateurs (y compris français) considérait comme en déclin avec les troubles politiques (affaire Dreyfus), l’alcoolisme, etc...
Donc les allemands n'ont pas eu trop peur de déclarer la guerre à la France.

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
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Message Publié : 21 Oct 2020 19:46 
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Les militaires allemands avaient une confiance absolue dans le plan Schlieffen et la possibilité d'écraser l'armée française en quelques semaines, disons deux mois au grand maximum. Ils étaient prêts à tout pour le mettre en oeuvre, y compris à violer la neutralité belge et ajouter l'Angleterre à la liste de leurs ennemis.

Le problème pour eux, et la tuerie bornée qu'est devenue la Grande Guerre vient de là, c'est que le plan Schlieffen a échoué ! de peu, mais sans recours pour eux.

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Message Publié : 21 Oct 2020 22:15 
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Jean Froissart
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.
Walsingham a écrit :
Les militaires sortent tous d'école militaires avec un bagage théorique et pratique. ... des ambassadeurs qui sont encore dans le siècle précédent, la décision militaire devient prépondérante.

Je trouve ceci étonnant.
L'Allemagne certaine que tout serait bouclé en automne -se voyant gagnante donc et, dans ce cas on impose une "diplomatie"- et bien la "diplomatie" était aux taquets et avait déjà les clauses de paix en tête : annexion de Briey, de Longwy, de Belfort, du versant ouest des Vosges et de la côte française jusqu'à Boulogne ; annexion du Luxembourg et vassalisation de la Belgique ; constitution en Europe occidentale et centrale d'une union douanière dominée par l'Allemagne et englobant la France, la Belgique, la Hollande, le Danemark et l'Autriche-Hongrie.
A l'Est, la sûreté serait assurée par un Etat "tampon", plus ou moins protégé, éloignant les Russes. Grâce aux colonies belges et françaises, l'Allemagne s'assurait une position dominante en Afrique.

A moins que vous n'évoquiez une diplomatie encore possible avant le conflit. Mais ce conflit se prépare "psychologiquement" depuis 1898 à peu de chose près en France et -j'ai oublié le fil, ce doit être l'Annexion de l'Alsace-Lorraine- en Allemagne, on compte avec une France revancharde.
On se prépare donc. Des deux côtés, le nationalisme est attisé à un point incroyable et dans cette mouvance de chaque écrit, chaque jour, les diplomates ne peuvent rien.

*-*

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Message Publié : 21 Oct 2020 22:32 
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je pense qu'il parlait de l'avant-guerre. Or il est exact que durant cette période les ambassadeurs n'ont pas eu l'activité qu'on peut être en droit d'attendre d'eux.

Parce que les politique ne prêtaient l'oreille qu'aux militaires ? Je ne sais pas...

Mais par exemple il est curieux que l'ambassadeur de France à Londres ne découvre qu'une fois la guerre déclarée à la France que les politiques anglais considèrent qu'ils n'ont aucune obligation de s'engager aux côtés de la France. Il aurait tout de même pu le savoir...

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Message Publié : 22 Oct 2020 11:00 
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Grégoire de Tours
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Je parle bien de l'avant guerre et de l'engrenage diplomatique post assassinat de l'archiduc. Il y a un certain amateurisme des diplomates (de tout bord) qui ne voient pas la gravité de la situation et/ou ne voient pas comment correctement réagir. Tandis que les militaires, eux, voient l'engrenage induis par les mobilisations. Le fait que chaque nation aie des plans en cas de victoire ne me semble pas contradictoire avec ce fait (au contraire même, certains de ces plans prouvent un manque de vision flagrant, rien que la paix de Brest-Litovks et les gains territoriaux afférent pour l’Allemagne semble peu tenable sur le long-terme).

Ensuite, dire que le conflit était inévitable me semble réducteur. Des pays qui perdent des territoires et finissent par s'en remettre il y en a eu (Danemark et la scanie, Allemagne et la prusse, ...)


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Message Publié : 22 Oct 2020 12:38 
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Jean Froissart
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Inscription : 13 Juin 2017 15:04
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Walsingham a écrit :
Il y a un certain amateurisme des diplomates (de tout bord) qui ne voient pas la gravité de la situation et/ou ne voient pas comment correctement réagir. Tandis que les militaires, eux, voient l'engrenage induis par les mobilisations.

Peut-être que le problème c'est peu à peu cristallisé, c'est du moins ce que je comprends avec mes deux petits bouquins.
Il y avait déjà eu des conflits dans les Balkans et jusque là on avait pu éteindre les braises.
Il y avait eu des passages d'alliances ce qui montrent déjà des choix politiques "avec" et "contre".
Si les clauses -en cas de victoire de l'Allemagne- étaient déjà préparées, c'est qu'en amont les militaires et les politiques ont déjà fourni un travail (Plan Schlieffen et plan XVII).
Maintenant j'ignore combien de temps demande ce genre de travail mais il existe tout de même une focalisation sur "un conflit", focalisation qui met les politiques et les militaires en état d'alerte voire anticiper un état d'alerte qui se dessine de plus en plus nettement.
Peut-être que tout simplement, discuter d'un apaisement n'était pas/plus (?) de mise, chacun voulant son conflit (pour des raisons différentes) sans songer à un embrasement mondial.
La Russie souhaitait régler quelques comptes avec l'Autriche ; la Bohême se sentait oubliée ; l'Italie oppressée ; l'Allemagne craignait une revanche de la France et la France souhaitait récupérer les provinces perdues (le discours officiel était celui-ci).

Alors avec le recul, on note une insouciance mais à ce moment et chacun voyant pour sa chapelle, peut-être s'attendait-on à un conflit ici ou là mais non à ce qui est arrivé. D'ailleurs un conflit eut été le bienvenu car avec les alliances passées, peut-être que l'on pourrait s'assurer -à ce moment avec un ballet de diplomates- d'échanges entre "personnes de bonne volonté".

Je n'y crois pas en voyant -en France- combien depuis 1898 les différents gouvernements soufflent opportunément avec le prétexte des provinces perdues, sur des braises. J'imagine que ceci est semblable en face, du moins c'est ce que l'on peut lire dans la conclusion du "Bismarck" de Bled et dans "La fin d'un moinde : 1914-1929" de Ph. Bernard ainsi que dans "La République radicale ? 1898-1914" de M. Reberioux.
Maintenant ces livres datent mais il ne me semble pas que des découvertes (archives) aient été faites au point d'aborder un angle différent depuis.

Citer :
Ensuite, dire que le conflit était inévitable me semble réducteur. Des pays qui perdent des territoires et finissent par s'en remettre il y en a eu (Danemark et la scanie, Allemagne et la prusse, ...)

C'est toujours réducteur : la phrase étant courte. ^^
Maintenant des pays ne "perdent" pas des territoires : ceci fait presque plus d'un siècle que l'on écrase l'un ou l'autre et entre temps, la reconstruction semble toujours sommaire/bancale/éphémère/pas aboutie.
Un morceau de territoire est enlevé manu militari par un voisin, on peut s'en remettre, on s'en remet d'autant plus que le fait de songer qu'à terme on va "récupérer" ce qui a été pris impulse une dynamique au sein du pays floué (nationalisme, économie etc.).
En face, on doit sentir ceci et le devoir est de préparer une réplique (les politiques comme les militaires).
Qu'il y ait eu de la négligence, sans doute. Le voyage en Russie du président français est plus un voyage s'assurant du partenariat économique que de raviver l'alliance au niveau militaire.
Mais là encore pouvait-on deviner ? Personne n'est prêt à de tels bouleversements et je pense vraiment que les réflexes des pays sont différents, les uns anticipent pendant que d'autres mettent ceci sous le tapis du "on verra bien le moment venu" ou encore d'une certitude d'avoir les bonnes cartes en main.
Qui aurait idée d'initier un conflit dont il sortirait perdant ? Ceci est d'autant plus ahurissant que l'on verra -en Allemagne- la répercussion de la capitulation. C'est impossible, on ne pouvait que gagner. Avec la capitulation, il est donc "normal" de payer le prix fort, et bien non ! C'est une sorte d'état de déni. On retrouve les mêmes réactions à chaque fois, voyez lorsque l'Alsace-Lorraine est "confisquée" : la France ne trouve pas ceci "fair play" et quand elle acte et se retourne vers les militaires, il y a un moment de prostration, des "Affaires" visant à se dédouaner puis en point/trait, une réactivation de la propagande anti ceci et pro cela.

Pierma a écrit :
... il est curieux que l'ambassadeur de France à Londres ne découvre qu'une fois la guerre déclarée à la France que les politiques anglais considèrent qu'ils n'ont aucune obligation de s'engager aux côtés de la France. Il aurait tout de même pu le savoir...

J'ignorais ceci. Je voyais cette position plus lors de la WW2 (engagement français pour la Tchécoslovaquie alors que l'Angleterre n'est pas "impactée").
Je n'ai qu'une vision de béotienne. Il faudrait savoir ce qui est réellement écrit dans les engagements pris entre les deux pays lors de la construction de l'alliance.
Maintenant il se peut -c'est assez récurrent- que le RU ait fait le choix d'une alliance l'engageant a minima.
Que la diplomatie française l'aient ignoré interpelle, c'est certain.
Cependant tout n'est pas dans les mains du diplomate nommé, le gouvernement ne donne-t-il pas une feuille de route régulièrement revue en fonction des événements considérés comme importants ?

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Message Publié : 22 Oct 2020 13:43 
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b sonneck a écrit :
Je crois qu'il convient, en la matière, de se poser avant toute chose la question suivante : pourquoi l'Allemagne prend-elle l'initiative de déclarer la guerre à la France le 3 août 1914 ?...
Si j'essaie d'y répondre, je tombe rapidement sur l'alliance franco-russe, qui obligera la France à déclarer la guerre à l'Allemagne si l'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie, parce que la Russie a ou va déclarer la guerre à l'Autriche-Hongrie, qui a déclaré la guerre à la Serbie...
Si ce n'est pas de l'engrenage, c'est assez bien imité.

En regardant de plus près la chronologie exacte des déclarations de guerre, j'ai tort :

- 28 juillet : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
- 1er août : l'Allemagne déclare la guerre à la Russie.
- 3 août : l'Allemagne déclare la guerre à la France !!! Même remarque.
- 4 août : le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne.
- 5 août : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie.

On sort allègrement du cadre des obligations contractuelles découlant des traités d'alliance ou des entrées en guerre motivées par un casus belli traditionnellement admis, cadre qui aurait dû logiquement conduire au scénario suivant :

- l'Autriche déclare la guerre à la Serbie : attentat de Sarajevo ;
- la Russie déclare la guerre à l'Autriche : solidarité slave ;
- l'Allemagne déclare la guerre à la Russie ; alliance avec l'Autriche ;
- la France déclare la guerre à l'Allemagne ; alliance avec la Russie ;
- le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne : invasion de la Belgique.

Au bout du compte, on se serait retrouvé grosso modo dans la même situation, avec les mêmes belligérants répartis entre deux camps identiquement constitués. Une différence non anecdotique toutefois : c'est la France, et non l'Allemagne, qui aurait endossé le rôle de l'agresseur...

Il me faut donc formuler autrement mon interrogation : pourquoi l'Allemagne a-t-elle pris la décision d'accélérer le processus en déclarant par anticipation la guerre à la Russie, puis à la France ?


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